La première information vient de l'abstention. Plus de 11 millions de personnes ne se sont pas rendues aux urnes ce dimanche (25,14%). Ce chiffre permettra de relativiser certaines attaques malhonnêtes contre des "petits" candidats. L'abstention est en progression, cette dernière était de 10.578.455 en 2017 (22,23%). Il y a eu 538.495 votes blancs et 237.070 votes nuls.

Sans surprise Emmanuel MACRON arrive en tête du premier tour des élections avec 27,60% des voix (9,5 millions de voix). Marine LE PEN réalise de nouveau un score élevé et rassemble 23,41% (8,1 millions de voix) et se qualifie pour le second tour. Malgré la concurrence d'Eric Zemmour, elle fait le plein des voix à droite.

Jean-Luc MÉLENCHON avec 7.605.225 suffrages (21,95%) parvient à se hisser à la troisième place et surtout réussi la mobilisation de son électorat, la mobilisation des quartiers populaires (malgré des niveaux d'abstention élevés comme en Seine-Saint-Denis avec 30,21%, Vaulx-en-Velin avec 40,45%, des taux d'abstention supérieur à 40% dans les quartiers populaires de Marseille ...) et surtout la mobilisation des pays d'outre-mer où il réalise des percées électorales (56,16% en Guadeloupe, 53,10% en Martinique, 50,59% en Guyane, 40,26% à La Réunion, 40,91% à St Pierre et Miquelon, 28,13% à Saint-Martin/Saint-Barthélemy).

Enfin, parmi les candidat.e.s qui franchissent le seuil des 5%, on retrouve l'infâme Éric ZEMMOUR avec 7,05% des suffrages. Un score qui montre la limite des sondages. ce dernier était encore annoncé à 10-11% des intentions de vote (avec des records en septembre à 17%).

La droite "historique" qu'incarnait Valérie PÉCRESSE (LR) ne remporte que 4,79% des suffrages. Le score le plus bas de la droite en France. Sa candidature, qui ne se distinguait guère de celle d'Emmanuel Macron, n'a pas réussi à rassembler et les électeurs-électrices de droite sont partis vers Macron et Le Pen.

Le va-t-en-guerre Yannick JADOT ne rassemble que 4,58% des voix. Si l'écologie pouvait représenter une urgence au vu des rapports du GIEC, Yannick Jadot n'a pas réussi à incarner cette urgence. Au contraire il s'est enfermé dans une posture illisible, et une candidature minée par ses propres forces. La majorité des électeurs-électrices de EELV auront choisi de soutenir soit Macron, soit Mélenchon.

Jean LASSALLE réalise un beau score, pour un candidat sans moyen, sans soutien. Il remporte 3,16% des voix et tisse nationalement une représentation assez égale.

Le vote communiste de 2022 n'est pas celui de 2019

Fabien ROUSSEL (PCF) recueille - à partir de 97% des résultats - 799.351 suffrages (2,31%). Absent depuis plus de 15 ans, le PCF reconstruit un électorat nouveau. Bien que les résultats puissent être décevant, il faut analyser le vote communiste de 2022.

1- Le PCF disparaît des bastions historiques. La première lecture montre que le PCF, à quelques exceptions, ne connaît pas de dynamique dans ses bastions et cela profite à Jean-Luc Mélenchon (exemple : Grigny avec 4,46%, Gennevilliers 3,56%, Ivry-sur-Seine 4,42%, Villejuif 4,22%, Bonneuil-sur-Marne 6,33%, Bobigny 2,27%, Montreuil 3,05% etc.).

2- Le PCF ne parvient, au vu des dynamiques générales électorales, qu'à arriver en tête dans une dizaine de communes contre 52 aux élections européennes. La première liste recensée donne :

Bilia (Corse du Sud) : 40,43% des voix.
Olcani (Corse du Nord) : 25,93% des voix.
Isolaccio-di-Fiumorbo (Corse du Nord) : 45,79% des voix.
Sainte-Anne-Saint-Priest (Haute-Vienne) : 24,55% des voix.
Grandsaigne (Corrèze) : 36,36% des voix.
Valcebollère (Catalogne Nord) : 23,40% des voix.
Valmanya (Catalogne Nord) : 20,41% des voix.
La Grand-Combe (Gard) : 27,18% des voix.

3- L'électorat communiste de 2022 n'est pas celui de 2019 (européennes). Fabien Roussel a reçu les voix d'un nouvel électorat plutôt réparti sur l'ensemble des départements métropolitains et de Corse. On constate que l'électorat qui avait l'habitude de voter communiste (celui des bastions, des quartiers populaires, des ceintures rouges, etc.) est parti chez Jean-Luc Mélenchon et le PCF mobilise un électorat qui n'aurait pas voté pour LFI. C'est pour cela que l'on ne peut pas additionner les scores de Fabien Roussel et de Jean-Luc Mélenchon.

Ce vote crée une nouvelle situation au sein du PCF et donc doit interroger pour repenser le fonctionnement du PCF.

Enfin parmi les derniers candidats, Nicolas DUPONT-AIGNAN remporte 2,07% des voix, Anne HIDALGO réalise le plus mauvais score du Parti socialiste avec 1,74% des voix, Philippe POUTOU rassemble 0,77% des voix et Nathalie ARTHAUD ferme le ban avec 0,57% des suffrages.

Tous les résultats sont disponibles sur le site du ministère de l'intérieur