Nicolás Maduro est réélu Président du Venezuela. Le Président du Venezuela sortant remporte un troisième mandat sous la bannière de la coalition du Grand Pôle patriotique Simón Bolívar, menée par sa formation, le Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV).
Mais cette victoire, saluée par la gauche latino-américaine (sauf Gabriel Boric, Président du Chili), n'est pas si triomphante que cela. Il est important de rappeler que ce scrutin s'est déroulé sans aucune violation, dans la paix, et que l'opposition a reconnu les résultats (excepté par María Corina Machado, le pantin des États-Unis, qui parle de 70% des voix pour le candidat de la MUD). Le processus électoral peut être critiqué, mais les résultats du scrutin ne souffrent d'aucune anomalie.
Nicolás Maduro, à partir des résultats transmis par la Commission électorale nationale (CNE) portant sur 80% des bulletins de vote, est réélu dès le premier tour de scrutin. Il remporte 51,20% des voix (5.150.092 votes). Un score en net recul par rapport à 2018 (-16,64) alors que la participation a progressé de +12,9 points. Le GPPSB perd plus d'un million de voix.
Son principal opposant, Edmundo González (MUD, Plateforme Démocratique Unitaire) remporte 44,2% des voix et 4.445.978 votes. En 2018, la MUD avait boycotté le scrutin. Les accords de La Barbades, entre le Venezuela et l'opposition, ont permis à cette dernière de se présenter. Même si María Corina Machado a été disqualifié, suite à ses actions anti-vénézuéliennes (appel à une invasion militaire), l'opposition qui va du centre droit à l'extrême droite, réussi un retour électoral.
Les autres candidats, dont Enrique Márquez (soutenu par le Parti Communiste du Venezuela), remportent 4,6% des voix. Il y a donc seulement 700.000 voix d'écart entre les chavistes et l'opposition (toute tendance confondue). La participation est passée de 46,07% à 59%.
Sans surpris, les États-Unis et ses pantins, n'ont pas reconnu les résultats du scrutin.
Victoire à la Pyrrhus pour Nicolás Maduro
Il faut analyser ce recul qui s'explique (en autre) par l'égarement des politiques gouvernementales pour faire face aux sanctions internationales. Le blocus, initié par les États-Unis et suivi par l'Union européenne, a lourdement frappé l'économie du Venezuela et mis à genoux le modèle socialiste qui reposait essentiellement, voir quasi exclusivement, sur la rente pétrolière.
Le socialisme du XXIᵉ, initié par Hugo Chávez, reposait sur la distribution des revenus pétroliers vers des programmes sociaux ambitieux (logement, santé, éducation...). En privant le Venezuela de sa rente pétrolière, toute l'économie s'est effondrée et des pénuries sont apparues, même dans la distribution du carburant. Ainsi, les États-Unis, et l'Union européenne, vont tout faire pour renverser le gouvernement : coup d'État, tentative d'assassinat, invasion militaire. Mais l'union civico-militaire, empêchera les impérialistes d'arriver à leurs fins.
Pour faire face à cette situation, le gouvernement va tenter de corriger les erreurs du modèle chaviste en faisant d'autres erreurs. Pour corriger le socialisme de redistribution, le gouvernement va développer un modèle de socialisme communal, municipaliste, adossé sur la théorie du bon gouvernement (pour mettre la pression sur les dirigeants politiques afin de corriger la gouvernance). L'idée est bonne et les objectifs auraient pu donner à la révolution bolivarienne un second souffle, malheureusement, rien ne va se passer comme prévu.
Le gouvernement ne va pas s'attaquer au capitalisme au Venezuela, bien au contraire, il va donner des gages au patronat pour renforcer la flexibilisation du travail et déconstruire les grandes conquêtes sociales du chavisme. Pire, alors que le blocus s'allège doucement, il donne à la multinationale étasunienne Chevron, les pleins pouvoir dans la région pétrolifère de l'Orénoque.
Cette période s'accompagne d'une explosion de la colère sociale, de grèves, et des manifestations pour défendre le droit du travail. La réponse du gouvernement sera violente : Répression, arrestations de dirigeants syndicaux et même assassinat de leaders politiques locaux, notamment des communistes. Des partis politiques, alliés au PSUV, vont se détacher du gouvernement. Le Parti Communiste du Venezuela va payer très chèrement son soutien aux luttes ouvrières. Le PCV se voit priver de son statut, de son logo (coq rouge), une direction had-hoc, issue du PSUV, va être nommée par la justice, et ses élus sont persécutés et accusés d'être à la solde de Washington. Le PCV n'est pas le seul dans cette situation. Le PPT (Patrie pour tous) et le Mouvement Tupamaro du Venezuela subissent le même sort.
En réalité, la seule opposition qui subit les foudres du gouvernement n'est pas la droite, mais la gauche chaviste. Les sanctions internationales auront surtout réussi à désunir les chavistes.
Quel avenir pour le Venezuela et sa révolution ?
La révolution bolivarienne est en panne, cette situation est connue de tous, même du gouvernement.
Le plan que propose Nicolás Maduro repose sur les Sept Transformations (7T), visant à préserver la paix et à construire un nouveau modèle économique et productif garantissant le bien-être social. Très clairement, l'inspiration de ce nouveau développement s'inspire (en partie) de la Chine de Xi Jinping et de Deng Xiaoping.
Ce plan repose sur le développement de la science, de la technologie, de l'éducation afin de créer les conditions d'un développement industriel qui ne dépend pas des technologies occidentales. À côté de cela, des efforts seront faits en priorité pour récupérer toutes les infrastructures vénézuéliennes endommagées par les sanctions et les mesures coercitives et unilatérales. Le troisième aspect du plan repose sur la sécurité et la défense nationale pour empêcher toute déstabilisation internationale et pour satisfaire les nouvelles lubies nationalistes du PSUV : la récupération du territoire de la Guayana Esequiba, territoire de la République Coopérative du Guyana, liée à un vieux conflit colonial.
La consolidation du caractère populaire et social du pays doit passer ces efforts afin de relancer les projets sociaux qui contribuaient à la qualité de vie de la population.
À côté de cela, le Venezuela veut prendre sa part dans la lutte contre le changement climatique, basé sur la protection de la nature, la promotion de sources d'énergie alternatives et l'institution d'un plan de création alimentaire pour gagner l'autosuffisance.
Parallèlement, le dernier élément du plan gouvernemental met l'accent sur le renforcement des relations internationales, qui vise à faire entrer le Venezuela au groupe des BRICS+, à consolider la Communauté des États d'Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) et à relancer l'Alliance bolivarienne pour les peuples de Notre Amérique. Traité commercial populaire (ALBA-TCP).
La révolution bolivarienne peut-elle être relancée avec ce troisième mandat ?
Une victoire de l'opposition aurait signé l'acte de décès de la révolution bolivarienne au Venezuela et mis en danger tous les processus révolutionnaires en Amérique latine. On peut se satisfaire de la réélection de Nicolás Maduro.
Alors en quoi ces résultats sont-ils positifs ?
La victoire de Nicolás Maduro est une victoire d'abord internationale. Une victoire contre l'impérialisme étasunien et européen, et une victoire pour un monde multipolaire sud/sud. C'est une victoire pour Cuba, pour le Nicaragua, pour le Honduras, pour le Brésil, pour la Colombie, pour la paix dans cette région d'Amérique trop frappée par les déstabilisations des États-Unis et de ses alliés d'extrême droite.
Les Sept Transformations (7T) seront-elles un outil suffisant pour résoudre les contradictions du socialisme bolivarien ? L'interrogation est là et les communistes au Venezuela ne sont pas confiants.
Il est important de souligner, même en étant solidaire du PCV, que la réélection de Nicolás Maduro a largement été saluée à gauche et dans la gauche communiste (à quelques exceptions). L'enthousiasme révolutionnaire est toujours vivant, et cela, malgré les contradictions. Les communistes dans le monde soutiennent toujours le processus révolutionnaire bolivarien. Comment expliquer cela ? Par deux éléments : La résistance du Venezuela à l'impérialisme et la dynamique des BRICS.
L'avenir du Venezuela n'est pas figé.