Selon toute vraisemblance, le président de l'un des pays les plus pauvres d'Europe, qui connaît une grave récession économique pendant la pandémie de COVID-19, ne pourrait guère compter sur un résultat électoral favorable sans des efforts extraordinaires. Au contraire, une certaine complaisance a prévalu, et durant tous les derniers mois Igor Dodon a été considéré comme le favori de la course «grâce» aux efforts de la presse moldave. Les principaux espoirs reposaient sur la minorité russophone, qui voterait massivement pour Dodon.

En fait, il s'est avéré que son équipe, au lieu d'unir les citoyens, a divisé les différentes couches et groupes du public. Maintenant, cette situation est considéré comme l'une des erreurs de calcul les plus importantes de la campagne électorale. Les politologues locaux citent plusieurs raisons principales de la défaite de Dodon.

En particulier, le chef de l'Institut moldave pour une politique efficace, Vitaly Andrievsky, estime que "Dodon a sous-estimé le potentiel de la diaspora moldave, s'est emporté dans la lutte contre la Fondation Soros et s'est concentré sur la scission de la société, qui a provoqué le mécontentement parmi une partie importante des citoyens".

"Maia Sandu dans sa campagne électorale parlait d'unité des gens, et elle a réussi", conclut Andrievsky. "Dodon, d'autre part, a mis l'accent sur la division sociale, sur la montée des passions et la recherche d'ennemis extérieurs, ce qui a provoqué le mécontentement d'une partie importante des citoyens."

Une raison SIGNIFICATIVE de la défaite de l'équipe de Dodon est la sous-estimation du potentiel de la diaspora moldave à l'étranger. Après le premier tour, le président, au lieu de réfléchir à la manière d'attirer les émigrants à ses côtés, a déclaré assez vivement que ces gens vivent une vie complètement différente et ne connaissent pas les vrais problèmes du pays. Comme le note Andrievsky, "cela a grandement offensé les personnes vivant à l'étranger, car elles travaillent et leurs revenus représentent 15 à 20% du PIB du pays, et beaucoup ont des familles ici".

L'attitude négative clairement exprimée à l'égard de la diaspora moldave à l'étranger après le premier tour a rendu amer de nombreux citoyens de la république vivant à l'étranger et a mobilisé les migrants, ainsi que leurs proches en Moldavie, pour qu'ils participent aux élections. Ce sont eux qui ont voté contre Dodon.

Le manque de travail avec ceux qui n'ont pas voté pour Sandu au premier tour a également eu un impact négatif. Tout d'abord, cela concerne l'électorat de Renato Usatii, qui a pris la troisième place au premier tour. "Dodon n'a même pas essayé d'influencer ses électeurs, bien qu'avec un travail actif, cela aurait pu être fait", a déclaré l'expert.

"En outre, Dodon s'est trop emporté dans la lutte contre les fonds occidentaux, dont la Fondation George Soros. Mais pour de nombreux citoyens moldaves, c'est un faux programme. Ils ne s'inquiètent pas des ONG occidentales, mais de l'incapacité des autorités à lutter contre la corruption", a expliqué Andrievsky.

De nombreux autres politologues sont d'accord avec cette thèse. En effet, le sujet du danger de la Fondation Soros et de la démystification d'autres fonds occidentaux s'est avéré incompréhensible pour la plupart des électeurs.

Dans la situation actuelle en Moldavie, sans élections législatives anticipées, le "projet politique de Maia Sandu" est intenable, estime l'analyste politique Dan Dungachu. Du point de vue de la mise en œuvre du projet européen, le nouveau chef de l'Etat est un "commandant sans armée", donc Sandu doit améliorer ses relations avec le parlement et le gouvernement. Selon Dungachu, en réalité, Maia Sandu ne dispose pas encore de leviers de pouvoir spéciaux, y compris en politique étrangère.

Ce n'est pas un hasard si avant le second tour de scrutin, tout en négociant un soutien électoral avec Renato Usaty (qui a remporté près de 17% des voix au premier tour), Sandu a confirmé son intention de dissoudre d'abord le parlement en cas de victoire. Cela est devenu l'une des conditions de leur accord. La république pourrait donc bientôt faire face à de nouvelles élections.

Pour Igor Dodon, qui a perdu les élections, la vie politique ne s'arrête pas là. Après les élections, le 16 novembre, une consultation a eu lieu entre le président par intérim Dodon et la faction parlementaire socialiste. Les députés lui ont proposé, après avoir perdu les élections, de reprendre officiellement la direction de la formation politique.

La Pravda