Sans en retrouver les niveaux historiques, le vote Front de Gauche a réactivé les zones d'influence communiste dans la cité phocéenne lors de la présidentielle de 2012. Au rang des arrondissements les plus rouges, on retrouve sans surprise le 16e arrondissement (22,17%), le 15e (18,04%), le 3e (17,55%) et le 14e (16,17%), des arrondissements populaires dans lesquels Georges Marchais réalisait en son temps ses meilleurs scores. Mais pas seulement, Jean-Luc Mélenchon réalise en effet une pointe dans le 1er avec 21,9% et 3.043 voix, seul arrondissement où il fait mieux que l'ancien Secrétaire général du PCF (14,76% et 2.537 voix). Dans le 6e, les deux candidats se rejoignent à un niveau d'influence de 14,6%. Le 8e, plus rupin, résiste au vote communiste en 1981 comme au vote Front de Gauche en 2012.

Renouer avec l'enthousiasme du Prado

A l'échelle de la ville, Jean-Luc Mélenchon réalise 13,83%, nettement moins que les 25,84% de Georges Marchais mais le score constitue un rebond considérable rapporté aux 2,6% de Marie-George Buffet en 2007. Les forces du Front de Gauche devant ce potentiel devraient décider de l'éprouver à l'occasion des municipales. Une élection que n'a jamais rencontré l'alliance née aux européennes de 2009. Objectif : renouer avec l'enthousiasme du Prado en 2012 pour faire se lever une nouvelle dynamique et élargir le rassemblement en réussissant à convaincre abstentionnistes et électeurs de gauche déçus face aux renoncements gouvernementaux.

Les responsables du Front de Gauche qui clament leur ouverture aux écologistes et au mouvement citoyen entendent incarner une alternative crédible dans les urnes phocéennes.
Un poids déterminant

Avec quatre secteurs socialistes et apparentés et quatre secteurs de droite, la majorité municipale marseillaise actuelle ne tient qu'à un siège et le FN annonce qu'il veut jouer le rôle d'arbitre de a prochaine mandature. Dans ce contexte, le vote rouge pourrait peser très lourd dans les rapports de forces.

Mais tandis que leur stratégie, qui n'est pas encore arrêtée, se dessine par touches successives, les responsables du Front de Gauche se refusent encore à lister leurs ambitions.
« L'heure est au projet », expliquaient-ils lors de leur conférence de presse de présentation des Assises pour Marseille. C'est déjà une manière de détoner dans le paysage.

La Marseillaise, le 28 septembre 2013

Marseille, une ville, un projet

La gauche marseillaise s'est construite au fil des décennies selon une longue tradition de lutte. De tous temps, elle a su se rebeller, se révolter, innover, proposer et assumer des responsabilités, y compris à la tête de la ville.

Si le mouvement progressiste a su gagner des positions grâce à des hommes et de femmes de caractère, c'est surtout par la dynamique collective que des pas de géants ont été faits. Des luttes des dockers aux Marches pour l'égalité en passant par les mouvements contre la désindustrialisation ou la casse de services publics, à chaque fois ces manifestations se sont développées au nom de la justice sociale.

Aujourd'hui encore, Marseille est plus à la recherche d'un projet de ville alternatif que d'un homme ou d'une femme providentiel(le). Le Front de Gauche a décidé de faire contribuer les Marseillaises et les Marseillais à cet effort collectif avec l'objectif d'aboutir au rassemblement le plus large sur de véritables bases de transformation sociale. Objectif : donner une issue à des colères et des désirs du quotidien.

Si la démarche est clairement innovante, elle doit encore faire ses preuves, tant les anciennes façons de faire de la politique sont encore prégnantes -à Marseille comme ailleurs- et influent toujours sur le comportement du corps électoral. Mais l'effort en vaut la peine tant l'urgence de ranimer Marseille est grande.

Il reste moins de six mois avant que les Marseillais ne soient appelés aux urnes pour se choisir une majorité. Cette fois, il en sera de la responsabilité de l'ensemble des forces de gauche de se montrer rassembleuses dans les paroles et dans les actes.
Peut-être le plus grand des défis à relever.

Sébastien Madau (La Marseillaise, le 28 septembre 2013)

A savoir

25,84% à l'élection présidentielle de 1981, Georges Marchais, candidat du Parti Communiste Français, était arrivé en tête à Marseille avec un score de 25,84% et 97.093 voix. Lors de la présidentielle de 2012, candidat du Front de Gauche Jean-Luc Mélenchon a quant à lui obtenu 13,83%, représentant 51.700 voix.

Les Assises en pratique

Les Assises citoyennes pour Marseille se tiennent aujourd'hui dès 13h30 à la salle des Lices, (12, rue des Lices, 7e). Elles se tiendront sous la forme de restitution des ateliers thématiques préparatoires, avec les premières propositions pour la campagne des municipales à Marseille.

Jean-Marc Coppola, (PCF, Front de Gauche) « Nous voulons rassembler tous ceux qui refusent les politiques d'austérité et sortir cette ville des griffes du libéralisme. »