Les élections pour l’Assemblée législative du Tripura se sont déroulées dans un contexte de violences anticommunistes le 16 février. Les résultats ont été annoncés le 2 mars. Les 60 sièges de l’Assemblée sont attribués au scrutin majoritaire un tour.

Ce scrutin a été marqué par l’affrontement de 3 blocs.

Celui du pouvoir sortant, dirigé par les nationalistes du BJP, celui de la gauche unie rassemblée autour du Parti Communiste d’Inde (Marxiste) et un bloc émergeant, celui des indépendantistes de l’Alliance régionale progressiste indigène Tipraha (TIPRA Morcha Party).

L’alliance des nationalistes du BJP et de IPFT sort victorieuse de ces élections législatives avec 33 sièges sur 60. Le BJP parvient à sauver sa majorité à l’Assemblée législative. Il reporte 32 sièges (-4) et son allié de l’IPFT remporte 1 siège (-7). Le BJP remporte 38,97 % des voix (-4,62) et l’IPFT 1,26 % des voix (-6,12).

Si le BJP parvient à gagner ces élections, c’est grâce à la campagne de terreur qu’il a fait régner au Tripura et grâce aux renforts et moyens mis à sa disposition par l’état central, dirigé par le BJP.

Lors de ce scrutin, est apparu un nouveau parti, le TIPRA Morcha. Fondé en 2019, ce parti régionaliste/indépendantiste est issue de l’IPFT et est composé de membres ayant rompu avec le BJP au pouvoir.

TIPRA Morcha milite pour l’indépendance du Tipraland, une région où vie le peuple autochtone Tripuri. Cette région couvre 68% de la zone géographique totale du Tripura et abrite plus d'un tiers de la population totale du Tripura. C’est dans cette base que le TIPRA Morcha va émerger.

Il remporte 19,7 % des voix et gagne 13 sièges à l’Assemblée législative.

La gauche sort de l'anéantissement et parvient à remonter la pente malgré les violences. Depuis la défaite du Left Front de 2018 et sa disparition lors des élections au conseil des districts autonomes des zones tribales de Tripura d’avril 2021, et les violences qui ont frappé les membres des partis et des organisations de masse constituant le Left Front, les communistes parviennent à conserver leur leadership d’opposition au BJP.

Le Left Front, allié à l’Indian Congress, formait l’alliance des Forces démocratiques laïques (SDF). Pour la première fois, et face au danger des nationalistes, le Parti Communiste d’Inde (Marxiste), le Parti Communiste d’Inde, le Parti Révolutionnaire Socialiste (RSP), le All India Forward Bloc (AIFB) ouvraient leur alliance à l’Indian Congress, l’opposant historique aux communistes. Le leader des communistes, Manik Sarkar, passait la main à une nouvelle génération de militants.

Le CPI(M) se présentait ainsi que dans 43 circonscriptions pour laisser à l’Indian Congress 13 circonscriptions. Les autres formations du Left Front occupaient les 4 autres circonscriptions.

Le SDF a remporté 36,06 % des voix (-10,08 par rapport aux résultats de 2018, mais en net progrès par rapport aux élections de 2021). L’alliance remporte 14 sièges (-2). Le Parti Communiste d’Inde (Marxiste) conserve la seconde place dans ces élections avec 24,62 % des voix (-17,6) et 11 sièges (-5). L’Indian Congress profite de l’alliance pour regagner des sièges à l’Assemblée législative. L’INC avec 8,56 % des voix (+6,77) gagne 3 sièges.

Les autres formations du Left Front ne reportent pas de sièges. Le AIFB remporte 1,03 % des voix (+0,47), le RSP remporte 0,67 % des voix (-0,08), le CPI recueille 0,48 % des voix (-0,34) et le candidat indépendant affilié au LF remporte 0;65 % des suffrages.

Dans 23 circonscriptions, les candidats du Left Front terminent à la seconde place et la même situation dans 7 circonscriptions pour l’INC. Ces résultats démontrent que les communistes ont reconstruit leur capacité militante dans l’état.

À l’issue de ce scrutin, une nouvelle vague de violences anticommunistes a éclaté. Plus de 1000 habitations appartenant à des membres du Left Front et locaux du Parti communiste, ont été incendiés, pillé, volé, par des activistes du BJP. Trois membres du CPI(M) ont été tués dans ces affrontements.