I- Histoire brève de la situation politique (1947-1972)
Pendant quatorze ans, depuis l'éviction des ministres communistes du gouvernement Ramadier en mai 1947, le PCF est exclus de toute participation au pouvoir, car il est le relais des aspirations populaires et ouvrières, il est le grand ennemis de la bourgeoisie et un adversaire acharné de la guerre et de l'OTAN. Pendant tout ce temps le PCF est la seule force politique indépendante de la bourgeoisie et de l'OTAN en France.
En 1954, quand Mendès France est pressenti comme chef du gouvernement pour mettre fin à la guerre d'Indochine, il déclare que, même si les députés communistes votent pour son investiture, il n'en tiendra pas compte pour calculer sa majorité. En 1958, lorsqu'éclate la crise du 13 mai qui devait ramener de Gaulle au pouvoir, le président du Conseil Pflimlin eut la même attitude.
Ce n'est qu'au deuxième tour des élections législatives de novembre 1962, qui suivirent le référendum sur l'élection du président de la République au suffrage universel, que les choses commencèrent à changer. Les socialistes (SFIO et FGDS car il faut attendre 1971 pour parler du PS) ont obtenu de si mauvais résultats (12,6 % des voix) qu'ils acceptent de conclure des accords de désistement réciproque avec un Parti Communiste qui rassemble 21,7 % des suffrages. En 1969 le candidat de la SFIO Gaston Deferre est laminé (5%) et Jacques Duclos obtient plus de 21,5% des suffrages.
Le 27 juin 1972, la direction du Parti Communiste Français et celle du Parti Socialiste signent un Programme de gouvernement que le PCF appelait de ses vœux depuis des années. La CGT s'engagea à fond dans la défense du Programme commun.
PS (fraîchement crée au congrès d 'Epinay en 1971, qui regroupe la moribonde SFIO, la FDGS de Mitterrand et le PSU de Rocard) / PCF de Georges Marchais / MRG de Robert Fabre (sission avec les radicaus dit Valoisien) / CGT de Henri Krazuki soutinrent dès le premier tour la candidature de Mitterrand à l'élection présidentielle de 1974, où celui-ci, avec 32,9 % des voix au premier tour, 49,3 % au second, ne passa pas loin de la victoire.
II- Le programme commun craque (1972-1981)
Les rapports se tendent alors entre les deux partis, le PCF réclamant « l'actualisation » du Programme commun et le PS refusant d'élargir le programme commun aux nouvelles revendications de la classe ouvrière pour ne pas effaroucher le patronat et ses alliés sociaux-démocrates européens apeuré par l'alliance avec le PCF.
À la veille des élections législatives de 1978, l'Union de la gauche avait quasiment cessé d'exister. Pour la première fois depuis 1945, le Parti Socialiste, avec 22,8 % des voix (25 % avec ses alliés Radicaux de gauche) faisait mieux que le Parti Communiste, qui n'obtenait que 20,6 % des suffrages. Mitterrand, qui n'avait jamais caché son intention de réduire l'influence électorale du PCF, avait gagné son pari, en effet face aux inquiétudes des partis sociaux-démocrates, il avait, au congrès de Vienne de l'Internationale Socialiste annoncé que le programme commun n'avait comme but de prendre un million d'électeurs au PCF.
En 1981, François Mitterand est élu, Georges Marchais ne parvient pas a enrayer le déclin électoral du PCF (15,5%), cependant 4 ministres communistes entrent au gouvernement de Mauroy (Jacques Ralite pour l'emploi et la solidarité, Anicet Le Pors pour la fonction publique, Charles Fiterman aux transports, Marcel Rigoux à la formation ). En usant de l'influence du PCF Mitterand fait croire aux travailleurs qu'il représentait un espoir, en propageant parmi eux l'idée funeste que ce n'était pas par leurs propres luttes qu'ils pouvaient se défendre mais en permettant à la gauche d'arriver au pouvoir.
III- La trahison du programme commun (1981-2007)
Dans un premier temps, Le gouvernement de Pierre Mauroy pris des mesures de gauche comme la suppression de la peine de mort. Il procéda à des nationalisations, mais moyennant des indemnisations telles que les anciens propriétaires eurent toutes les raisons de s'en réjouir. Les congés payés (5° semaine), les 39 heures ... Mais les quelques mesures des premiers gouvernements socialistes en faveur des travailleurs furent vite abandonnées, dès 1982. Les politiques anti-ouvrière se poursuivent sans interruption depuis un quart de siècle.
Le grand succès qu'avait constitué aux yeux des dirigeants du PCF la signature du Programme commun n'a été qu'une victoire à la Pyrrhus, qui lui a fait perdre non seulement la plus grande partie de son électorat mais, ce qui est plus grave, a permis la création d'une force politique sur l'extrême droite: le FN, aujourd'hui en voie d'extinction.
Mais, vengeance de l'histoire, en réduisant l'influence électorale du PCF, au-delà sans doute de ce qu'il rêvait, Mitterrand a privé ses successeurs de cet allié de gauche qui lui avait été indispensable pour se rapprocher du pouvoir.
La période ouverte par la signature du Programme commun en 1972 s'est close ce printemps 2007.