Ces filles sont incroyables", soufflait, admiratif, Herbert Mandl, le patron du ski féminin
autrichien en regardant Carole Montillet et Lindsay Kildow à l'arrivée de la descente. Toutes deux victimes de chutes spectaculaires lors du second entraînement, lundi 13 février, elles ont tenu à prendre le départ, mercredi, en dépit de leurs bleus et bosses.


Alors que l'Américaine, âgée de 21 ans, 8e ex-aequo, claudiquait appuyée sur ses bâtons comme sur des béquilles, Carole Montillet, 28e à 4 secondes 54 de la vainqueur autrichienne Michaela Dorfmeister, offrait dignement aux regards son visage violacé et incrusté de la marque de son masque.

Pour maintenir ouvert, durant la course, son oeil gauche tuméfié, on avait fixé tout autour un carré de sparadrap transparent. Sous la combinaison, le buste de la jeune femme âgée de 32 ans était enveloppé d'un large strapping doublé dans le dos d'un cataplasme chauffant. Pourtant, vingt-quatre heures avant la course, alors que le pronostic sur sa participation était très réservé, elle avait déjà pris la décision de s'aligner. "Ce n'est pas du courage, c'est ma vie, a-t-elle expliqué. J'avais mal, mais je me savais capable de serrer les dents. Je préparais ça depuis trop longtemps pour baisser les bras si près du but et je pensais être capable de faire quelque chose."

Mais l'impact psychologique d'une telle chute est énorme ; et la séance de vidéo par laquelle Carole Montillet a tenté, très professionnellement, de remplacer le troisième entraînement, n'a pas suffi à lui donner une approche adéquate du tracé. Pourtant, pendant la demi-heure précédant son départ avec le dossard 34, elle est parvenue à faire abstraction de tout. "Je ne pensais qu'à une chose : aller vite. Mon objectif de cet hiver, c'étaient les Jeux. Et bizarrement, depuis mon arrivée, les doutes et les appréhensions que j'ai pu avoir par rapport à mon ski étaient partis." Ses meilleurs résultats de la saison sont deux 6es places, une en descente et une en Super G.


Elle est résolue à effacer ce coup du sort lors du super-G olympique, sur la même piste, raccourcie, dimanche 19 février. "D'ici là, je serai compétitive, affirme-t-elle, et je prendrai le départ pour une médaille."