L’analyse du monde et de l’Europe
C’est principalement lors de la journée de Vendredi que les évènements les plus positifs ont eu lieu. Les deux premiers textes furent soumis à amendement ce jour-là. Pour le résumer très globalement, le premier texte actait la crise du modèle capitaliste, tant sur le plan économique que social ou écologique, recensait les mouvements de la « pensée dominante » (notamment le mythe méritocratique entretenu par la droite, ainsi que le « diviser pour régner » - on ne passait pas loin d’un nouveau délire contre « l’islamophobie »), puis évoquait les résistances « des jeunes » à travers le monde, principalement en Europe, en Amérique latine, puis au Proche-Orient. On était dans un discours assez « jeuniste » qui citait LES jeunes comme une classe opprimée et résistante, comme si la jeunesse formait une seule classe. Et surtout, pour ce qui était de l’Europe, ce texte se désolait de l’absence de convergence aboutie entre les contestations de la construction européenne « libérale » (mais pas de la construction européenne tout court), sans comprendre quelle en était la principale raison. Et cette raison, que j’ai fait valoir lors du congrès fédéral des Hauts-de-Seine, était que les idéologies dominantes dans les différents pays d’Europe ne sont pas les mêmes, tout comme les motivations des oppositions au Traité de Lisbonne. Par rapport à la France, l’Irlande est nettement à droite, et les arguments des nonistes irlandais de Juin 2008 (crainte pour la souveraineté fiscale de l’Eire, pour son commissaire européen, pour sa neutralité, pour sa législation sur l’avortement…) étaient assez peu comparables à ceux des français de 2005 (Europe « ultralibérale », crainte de la Turquie, du plombier polonais, de Bolkestein…). Dans la version initiale du texte, une référence positive était accordée à la Confédération Européenne des Syndicats (CES), comme organe de la convergence des luttes en Europe (1). Cette référence fut largement rejetée par les fédérations.
Lors des débats du congrès, je n’en intervins pas moins, au nom de ma fédération, pour amender le texte et distinguer clairement la –possible- convergence des luttes en Europe et sa récupération pro-eurofédéraliste qu’incarne la CES. L’amendement fut largement adopté par les congressistes.
Bouches de Loire contre Val-de-Marne
Dès le débat sur les amendements du premier texte, apparut une ligne de fracture entre des tendan… pardon des lignes idéologiques, qui se répartissent également géographiquement. Même si toutes les fédérations ne sont pas monolithiques (en tout cas pas celles des Hauts-de-Seine), et parce que je suis bien obligé de décrire les faits pour les lecteurs qui ne connaissent pas le MJCF, je dois citer les départements en questions. Du côté « marxiste orthodoxe », on trouve la fédération des Bouches-du-Rhône, de la Loire (d’où l’expression « Bouche de Loire »), du Rhône, partiellement celle du Nord, du Pas de Calais, un peu des Hauts-de-Seine. De l’autre côté, la fédération du Val-de-Marne, l’une des plus peuplée du MJCF, où l’on retrouve un mélange de sociaux-démocrates, de gauchistes considérant le marxisme comme une vieillerie, et préférant les questions sociétales, notamment sur les sujets du féminisme ou de la diversité ethnique. Bref, un mélange de PS, de NPA, de SOS-Racisme et de Chiennes de Garde. Une autre fédération, celle de Seine-Saint-Denis, exprime parfois des positions assez proches, mais est elle-même divisée entre marxistes et réformistes. Il existe d’ailleurs de petites rivalités entre fédérations du 93 et du 94. Rappelons cependant qu’au total 38 fédérations étaient représentées, dont beaucoup avec de très petites délégations (moins de dix voire cinq délégués), et inclassables sur les clivages que je viens d’évoquer. Rappelons aussi que l’actuel secrétaire national du mouvement, Pierrick Anoot, est issu de la petite fédération de la Somme.
Comme ce fut le cas à Cuba, bien que ne me considérant pas globalement comme un marxiste, je me sens plus proche des «marxistes orthodoxes ». Je sais que ces descriptions de chapelles pourraient lasser des lecteurs, mais elles permettent de mieux situer les préoccupations des uns et des autres au travers des amendements déposés, et ces débats qui traversent le PCF dans son ensemble.
Ainsi, dans l’étude du premier texte, les « orthodoxes » insistèrent pour que l’on replace les notions de prolétariat et de socialisme, tandis que le Val-de-Marne déposait des amendements, non dénués de pertinence pour beaucoup d’entre eux, contre la ghettoïsation, les discriminations, la dénonciation du néocolonialisme…Des lignes de rupture apparurent sur la question de l’environnement et du progrès technique : un amendement val-de-marnien condamnant les excès du progrès technique fut repoussé au vote, après une intervention bucco-rhodanienne rappelant que pour les matérialistes que nous sommes, le progrès technique fait partie des solutions, non du problème, tout comme je le pense. La Loire insiste sur la laïcité.
Ma propre fédération déposa trois amendements (ce qui est appréciable vu le nombre de fédérations et d’amendements déposés, pour trois heures de discussions). Nous attaquons l’anticommunisme, qui ne se réduit pas à des parallèles entre l’Allemagne nazie et l’URSS, mais à des répressions comme l’interdiction temporaire de la jeunesse du parti communiste de Bohême-Moravie (KSCM). Nous demandons la reconnaissance de Cuba comme l’une des sources d’inspiration du socialisme en Amérique latine. J’interviens sur la Confédération Européenne des Syndicats. Par trois fois, la commission qui gère le débat propose de rejeter les amendements (comme elle le fait dans la grande majorité des cas). Par trois fois, elle est battue au vote et nos amendements sont retenus.
Le deuxième texte : passer aux revendications concrètes
Le second texte présentait notre projet sur un plan apparemment classique pour le MJCF : d’abord vouloir le partage des richesses, le partage des savoirs, des pouvoirs, de nouveaux droits pour les jeunes…Bref, les principaux slogans du mouvement déclinés, dans la version initiale du texte, en une nécessité de « remettre l’argent au service des hommes » (curieuse conception qui consiste à parler de « l’argent » comme une réalité en soi, et non du système qui génère la production et donc une valeur à cet argent), à rendre les institutions participatives, à développer une école pour le savoir…et, dans la version initiale du texte, à réformer les institutions internationales (OMC et FMI compris !) et bien sûr à mettre l’Union Européenne au service du social et des citoyens… Les transformations textuelles qui avaient eu lieu suite aux conférences fédérales avaient déjà permis de casser l’idée que l’on pourrait réformer les institutions internationales, créées par les élites du capitalisme pour le capitalisme. Mais, mystérieusement, le texte parlait un peu plus loin de réformer l’Union Européenne !
Le texte était devenu plus concret sur certains points : l’instauration d’un SMIC européen était réclamée, tout comme la semaine de 32 heures, l’allocation étudiante pour ne plus avoir à travailler pendant ses études…des sujets sur lesquels mon approbation est variable. Je refuse la semaine de 32 heures en tant que proposition immédiate, tout en approuvant l’allocation étudiante (mais de préférence conditionnée aux revenus des parents). Intervenait aussi l’exigence d’une Union Européenne ouvrant totalement ses frontières au reste du monde…
Cette question de l’ouverture des frontières, ou de « l’Europe forteresse » m’a valu une mésaventure au cours du congrès fédéral des Hauts-de-Seine. J’avais, au cours d’un argumentaire contre les positions pro-européennes du texte initial du MJCF, fait une digression contre la notion d’Europe forteresse. En précisant notamment que depuis une décennie, un pays comme l’Espagne avait accueilli cinq millions d’immigrants, l’Italie et la France deux millions chacune (voire plus pour l’Italie). S’il existe effectivement une répression contre une partie des immigrés, les clandestins, et que ceux-ci servent d’armée de réserve à de nombreuses entreprises, même si des dizaines de milliers de personnes risquent leur vie et parfois la perdent en franchissant la Méditerranée sans avoir de visa, l’idée de l’Europe actuelle vue comme une « forteresse blanche » est un mythe. Ou alors c’est une forteresse dont certaines portes sont grandes ouvertes. Contrôlées et filtrantes, comme les murs de Ceuta et Melilla, mais ouvertes. Ces précisions m’ont valu de passer pour le rouge-brun officiel de la fédération, et une partie de mes amendements anti-européens furent rejetés parce que je ne citais pas l’Europe forteresse (sans qu’on me contredise sur l’inexistence de celle-ci, ni que l’on réponde à mes critiques de l’UE…d’autant que le meilleur moyen de s’opposer à l’Europe forteresse est encore de rejeter l’Europe fédérale !).
Marxisme contre « métissage »
Dans le débat national s’opposèrent encore les deux ensembles précités (94 et dans une moindre mesure le 93 face à la Loire et les Bouches du Rhône) autour de deux notions : le marxisme et le socialisme d’un côté, et le métissage de l’autre. Les « orthodoxes » du 42 et du 13, tout comme d’autres fédérations comme celle de Paris ou de Côte d’Or, voulaient intégrer dans le texte national une revendication claire du socialisme comme collectivisation des biens de production. Plusieurs amendements de diverses fédérations étaient parvenus au national. Dès que l’un d’entre eux (celui de Paris) fut soumis au débat, aussitôt une opposition se constitua dans les deux grandes fédérations de la petite couronne. Dans le 93, on disait qu’on n’avait pas envie d’aller à la rencontre des jeunes en leur soumettant des grands concepts tels que le socialisme ou le marxisme, en déconnection des préoccupations concrètes du public visé. On en rajouta sur le caractère usé, daté, vieilli, archaïque de la théorie marxiste. Et surtout, que le combat des jeunes communistes était vu comme un combat pour de nouveaux droits, sans forcément viser un renversement de système encore inenvisageable (en clair, « le chemin est tout, le but n’est rien… » de Bernstein, dont Lénine jugea qu’il avait là merveilleusement défini l’opportunisme). Un intervenant d’une autre fédération ajouta, non sans pertinence, qu’il ne voulait pas voir revenir le règne de la citation marxiste dans les échanges entre jeunes communistes (sur le mode Lénine/Marx a dit… donc cela clôt la discussion). Du côté du Val-de-Marne, on intervint pour relancer le débat sur les étapes du socialisme : doit-on, avant de parvenir au communisme, et donc d’abolir l’Etat dans le schéma marxiste-léniniste, avoir une étape de socialisme avec un état fort ? Le Congrès avait voté plus tôt, sur proposition du Val-de-Marne, et approuvé par la Loire et les Bouches du Rhône, un amendement faisant de l’abolition de l’Etat le but du mouvement communiste. Lorsque le débat sur la notion de socialisme fut enclenché, un intervenant du 94 refusa la notion de socialisme, donc l’étape étatique du communisme, en considérant que c’était le maintien de l’Etat par les bolcheviques qui avait débouché sur les régimes dictatoriaux du bloc soviétique.
A titre personnel, je ne crois pas en l’abolition de l’Etat, et je l’ai déjà exprimé sur ce blog. J’étais donc en désaccord avec les marxistes orthodoxes, mais aussi avec les anti-socialistes du 94 et 93 : ce qui doit être voulu, c’est justement un état socialiste, pour servir la prise du pouvoir des travailleurs, et en constituer le bras armé. Et l’analyse historique exposée par l’intervenant val-de-marnais me semble totalement fausse : c’est le contexte de guerre mondiale et civile qui a fait que la révolution bolchevique ne pouvait être démocratique, et nullement le maintien de l’Etat.
Logiquement, je devais donc voter pour la reconnaissance du socialisme.
Une intervention ligérienne recadra les choses, notamment que toute considération sur l’intérêt des jeunes pour le socialisme, ou l’archaïsme du marxisme, ne pouvaient qu’être subjectifs. Et surtout, que la lutte communiste ne pouvait être vue comme une série de petits pas vers l’amélioration des droits sociaux. Depuis l’époque où Bernstein prônait le révisionnisme, l’Histoire a montré que toutes les conquêtes du mouvement ouvrier sont réversibles, surtout s’il n’y a pas (ou plus) de pouvoir socialiste.
L’amendement fut adopté au vote. C’est l’une des victoires du Vendredi, et elle fait parler d’elle dans le Parti.
Peu de temps après, le Val-de-Marne lançait son cheval de bataille : le métissage. Le terme avait été expurgé des textes initiaux suite aux débats fédéraux. Le 94, soutenu à un moment par les Yvelines, retentera plusieurs fois de le réintégrer sur le texte sur le projet vu le Vendredi après-midi. On eu droit à des envolées lyrico-socio-philosophiques sans intérêt évident, et des confusions immédiates : pour la plupart des gens, dont moi-même, le métissage, c’est l’hybridation de l’identité. Un métis, c’est quelqu’un issu de deux types humains différents. Si c’est le métissage génétique que l’on prône dans le projet communiste, alors tous les non-métis sont donc exclus de ce projet (ce qui concerne la plupart des français, n’en déplaise à certains qui veulent absolument déformer l’histoire de France pour en faire celle d’un métissage permanent) ! Le discours sur le métissage n’est rien d’autre qu’un discours raciste qui inverse les arguments de la théorie de la race pure. Dès que cela fut évoqué en réponse, les « métisseurs » - du 94 principalement- y virent une déformation de leurs propos. Mais qu’est-ce qu’un métissage autre que génétique ? Un métissage culturel ? Une culture métisse est aussi un hybride. Le métissage ne peut surtout pas passer comme synonyme de l’ouverture aux autres cultures : on peut très bien être curieux de la culture d’autrui et s’en instruire, sans juger nécessaire de modifier profondément la sienne. Le métissage est ou ne sera pas, ce n’est pas au mouvement des jeunes communistes de l’interdire ni de le prôner. Tous les amendements qui voulurent intégrer cette notion furent déboutés au vote. Le Val-de-Marne retenta sa chance sur le texte traitant de l’organisation vu le Samedi après-midi, où cette notion aurait été pourtant encore moins pertinente, et fut également désavoué.
L’Union Européenne exécutée en moins de deux
Un autre grand moment de ce Vendredi fut le rejet de la ligne européïste du MJCF. Preuve que, même sur ce point, les lignes bougent.
Déjà, dans l’étude du premier texte, j’avais eu droit à une surprise : une fédération proposa un amendement rejetant le mythe de l’Europe sociale. De façon involontairement comique, un délégué parisien intervient pour dire qu’un tel amendement remettrait en cause la ligne du PCF et du Front de Gauche vis-à-vis de l’Europe. Et pour lui, ce simple fait aurait eu valeur d’argument ! A ma grande joie, l’amendement est adopté au vote. Le débat sur l’Union Européenne va prendre une tournure intéressante…
…Et c’est ce qui se passe l’après-midi. Constatant que le texte reconnaît l’impossibilité de réformer les institutions internationales, la délégation des Hauts-de-Seine dépose un amendement visant à suggérer que l’Union Européenne puisse elle-même être irréformable, et qu’il faille être prêt à prôner la rupture avec elle. La fédération de Paris suggéra encore plus tôt un amendement qui fut soumis au vote en premier par la commission des textes, et qui stipulait qu’il était illusoire de réformer l’Union Européenne. Aucun contre-argument ne vint, et l’amendement fut largement voté, rendant le notre caduc.
Le lendemain, un amendement de la fédération d’Ille-et-Vilaine tenta de dissocier l’opposition à l’OTAN et à l’Union Européenne et à réintroduire l’idée que nous voulions une Union Européenne. Il me suffit de prendre la parole pour exposer la contradiction que cela représentait avec le texte vu la veille pour que l’amendement soit rejeté à une quasi-unanimité.
Ces évènements, outre d’être grandement réjouissants par rapport à ma ligne anti-européïste, ont aussi révélé que l’adhésion au mythe de « l’Europe sociale » s’est considérablement effritée depuis quelques mois voire années. La crise mondiale et le traitement auquel est soumis la Grèce n’y sont peut-être pas pour rien. Au congrès national, l’eurofédéralisme a cédé d’un coup tel une planche pourrie.
L’organisation ne reconnaît pas le centralisme démocratique
La discussion du Samedi portait sur le troisième texte, relatif à l’organisation. J’étais déjà moins focalisé sur ce texte, car les fédérations de jeunes communistes ont toujours une relativement grande liberté d’action ; donc, sur le fond, je ne craignais pas grand-chose d’un texte sur l’organisation, sauf si elle apportait un fonctionnement encore moins démocratique que l’actuel. Ce ne fut pas le cas.
Mais la liberté d’action des fédérations, justement, peut être un problème, si celle-ci permet aux uns et aux autres, en fonctions de leurs parti-pris locaux, de faire défection aux campagnes nationales lancées par le MJCF. Par campagnes nationales, j’entends tant les actions menées aux côtés du PCF, comme les campagnes du Front de Gauche, que les initiatives propres au MJCF, comme la campagne pour l’emploi et la formation (sur laquelle je n’ai pas donné mon avis, pour des raisons que j’expliquerai plus tard dans le texte). Les fédérations « orthodoxes » ont voulu réintroduire dans les principes du MJCF ce que nous appellons le centralisme démocratique. Ques aco, ce concept historique du communisme ? Et bien une règle simple : lorsque la ligne du mouvement est débattue, chacun a le droit d’être en désaccord avec la majorité, mais pas de constituer une tendance ; et une fois que la ligne est votée, chacun doit l’appliquer, même s’il s’était prononcé contre lors du débat.
Si l’on applique cette idée au niveau de chaque militant, si chaque militant doit donc appliquer la ligne même sur des points qu’il contestait, alors je suis contre, parce que cela me semble illusoire et liberticide. Aucun adhérent du MJCF ne peut gager qu’il sera toujours en accord avec toutes les décisions du Conseil National (auquel cas j’aurais vite rendu ma carte, et celle du PCF avec). Lors de la campagne européenne du Front de Gauche, certains camarades, refusant la stratégie d’alliance avec les mélenchoniens, ne participèrent pas à la campagne. Je fus près d’être des leurs, et ne les condamne pas, même si au final j’ai participé aux campagnes européenne de 2009 et régionale de 2010. Chaque militant, pris isolément, peut considérer qu’une décision majoritaire –et même unanime- du CN est mauvaise, voire nuisible au Parti/Mouvement, et il est utopique de s’attendre à ce que 100% des militants s’engagent à mettre en pratique cette décision. Et si nous avions des moyens de les y forcer et les appliquions, alors nous serions une secte.
En revanche, j’approuve le centralisme démocratique pour ce qui est des fédérations. Un secrétaire de section ou de fédération est quelqu’un qui s’est engagé et a pris des responsabilités, non seulement auprès des membres de sa section/fédération, mais aussi auprès du mouvement national. Il est donc normal qu’il applique la décision nationale. Aucune armée ne peut vaincre sans discipline. Le MJCF n’est pas une secte, mais il peut au moins s’approcher du fonctionnement d’une armée en marche.
Un intervenant notait qu’il était vain d’écrire le principe du centralisme démocratique s’il n’y avait pas un réel suivi des fédérations. Ca n’en rendait pas moins le principe important, et je votais pour. Mais cette fois-ci, les « orthodoxes » furent minoritaires.
Les personnes bougent, mais pas dans le sens des idées
Le congrès s’est mal terminé le Dimanche 18 Avril au matin, lors de l’élection du Conseil National, soit les 90 camarades qui prennent les décisions qui orientent et représentent le mouvement.
D’abord un petit passage narcissique.
Je m’étais moi-même présenté pour intégrer le Conseil National, au nom de la fédération des Hauts-de-Seine. Lors du congrès fédéral, à la fin du mois de Mars, ma candidature fut validée par 17 voix pour et 4 contre, malgré mes déclarations au sujet de l’Europe Forteresse qui avaient fait de moi le nazebol (3) des Hauts-de-Seine. Je suis resté en situation d’autocensure jusqu’au congrès national. D’où le faible rythme de publication sur ce blog (pour une fois que j’ai une bonne excuse pour ne pas publier). Et bien ça n’a pas suffi. Ma candidature n’a pas été retenue au conseil national. La principale raison me semble indépendante de ma volonté, puisqu’il y eut un redressement du rapport Province/Ile-de-France, en faveur de la province, où des fédérations se reconstituent. Mais lorsque l’on évoquait auparavant la surreprésentation francilienne, on évoque surtout deux ou trois fédérations : le 94, le 93 et plus relativement Paris. Au total, huit sièges franciliens sur cinquante sont supprimés, tandis que les fédérations de province en gagnent… un. Les Hauts-de-Seine sont intégrés dans le mouvement de restriction de l’Ile de France : on ne perd pas de sièges (on n’en avait que trois ceci dit), mais on n’en gagne pas non plus, malgré la progression du nombre d’adhérents. Sur cinq candidatures faites par le 92, deux sont évacuées, dont la mienne. Il y a aussi des facteurs qui m’incombent : les membres du CN sortant ont-ils lu mon blog ? Savent-ils à quel point je dévie de la ligne du PCF/MJCF ?
Je paye aussi sans doute mes années d’inaction politique, c’est-à-dire 2006-2007, ma période niortaise où, hormis l’alimentation de ce blog, je militais dans la mesure du possible, c’est-à-dire peu, avec la section PCF, mais sans rejoindre les JC. Il faut dire que cela serait revenu à créer la fédération des Deux-Sèvres des Jeunesses Communistes, qui n’avait jamais existé ou pas depuis longtemps. J’aurais pu la créer au moment de la lutte anti-CPE, en allant à la rencontre des lycéens. Il aurait sans doute fallu un miracle pour qu’elle atteigne les dix adhérents. Et elle se serait sans doute évaporée à mon départ, ou directement dès que les examens du baccalauréat auraient envoyé la plupart des militants dans d’autres départements pour suivre leurs études (la JC de Vendée a connu ce sort en 2007, je n’en n’entends plus parler en 2010). Une telle activité aurait gonflé en tout cas mon CV militant, le mettant au niveau d’Olivier Besancenot (dont le seul fait d’armes avant de devenir une marionnet…pardon un porte-parole et candidat de la LCR était d’avoir créé une section syndicale dans un magasin).
Fin du –gros- passage narcissique.
Le plus inquiétant dans ce nouveau CN aura été le peu de places accordées aux fédérations de gros stal… pardon « orthodoxes » qui ont remporté de belles victoires idéologiques dans ce congrès : les Bouches du Rhône ont 4 sièges, la Loire 3, le Rhône (où la JC entretient des relations assez conflictuelles avec le PCF) un seul. La fédération du Nord a cinq sièges, mais n’est que partiellement « stal ». Le Val-de-Marne et la Seine-Saint-Denis ont 11 et 12 sièges. Une fédération a été vidée du conseil : il s’agit de la Côte d’Or, dont l’unique siège a été enlevé. Tout cela parce que le conseiller bourguignon aurait fait preuve de « fractionnisme » en envoyant à plusieurs fédérations un mail contenant des amendements reçus par la coordination nationale et qui remontaient des congrès fédéraux. Ayant indirectement reçu le mail, je ne vois pas en quoi il y avait là esprit de tendance. Au contraire, je trouverais absolument normal que chaque fédération puisse publier les amendements qu’elle va envoyer au congrès national avant ledit congrès. Ce qui permettrait aux congressistes de préparer des fusions d’amendements convergents avant même d’arriver sur le lieu du congrès, et de faire gagner du temps et de la qualité aux débats. Mais l’appareil préfère rester seul à savoir…
(1) Cette confédération, qui réunit 82 organisations de 36 pays, a certes mené de justes résistances à la dérégulation du travail en Europe, contre les arrêts Viking ou Ruffert, mais n’en promeut pas moins un « modèle social européen » de capitalisme régulé et encadré. Ce qui a difficilement sa place dans les préférences d’une organisation communiste.
(2) Voir aussi le document suivant : http://jeunes-communistes.org/IMG/pdf/dossier_d_animation_de_la_campagne_Emploi-Formation_du_MJCF-3.pdf
(3) Nazebol : national-bolchévique. Sorte de rouge-brun, alliant bolchevisme et nationalisme, pourquoi pas raciste. Espèce présente entre autres en Russie, avec un parti du même nom.