D'abord il faut replacer les choses dans leur contexte. Il ne s'agit ni d'un concept théorique éloigné de la réalité pratique, ni d'un désaveu de la ligne politique du PCF, ni d'un retour de la dictature stalinienne. Le congrès est le moment où notre mouvement se dote d'une ligne théorique claire pour préparer le travail de terrain. Sans cette théorie, l'action militante efficace est impossible de même que la théorie sans l'action militante est inutile.
Ensuite ce congrès est celui du MJCF et pas celui du Parti Communiste. Certes ce dernier a rejeté la notion de socialisme comme étape vers le communisme pour lui préférer celle de "visée communiste" mais il ne nous appartient pas de juger cela en tant que Jeunes Communistes. Le Parti Communiste reste à nos yeux et pour tous les Jeunes Communistes qui en sont adhérents le Parti de la lutte des classes et de la révolution au service du peuple. Pour autant, ce changement fait écho à des débats qui agitent également notre jeune partenaire (le Mouvement des Jeunes Communistes étant de quelques mois plus ancien que le Parti Communiste Français) et il constitue un signal fort de la jeunesse envers l'ensemble du mouvement communiste, partis et organisations confondus.
Mais alors qu'est-ce que ça veut dire "Socialisme du XXIème siècle"? Ce n'est pas le socialisme du parti socialiste, évidemment, ni celui de la social-démocratie qui voudrait faire du social dans le cadre du capitalisme. Ce n'est pas non plus le socialisme réalisé de Staline et la dictature qui va avec. C'est tout simplement de dire que nous voulons une vraie rupture avec le système en cours. Nous ne voulons plus du capitalisme injuste, criminel, inefficace et dépassé. Nous voulons nous tourner vers un nouvel avenir, une société moderne, résolument solidaire et humaniste. Et ce changement devra intervenir dès que possible, nous travaillerons à le provoquer et à le préparer, par tous les moyens possibles, notre secrétaire national l'a redit en conclusion des débats.
Enfin cette nouvelle société que nous voulons construire, elle sera construite par les travailleurs eux-mêmes. D'abord parce que ce sont eux qui sont les premières victimes du capitalisme en étant placés dans leur travail au cœur des logiques d'exploitation mais surtout parce que ce sont eux qui produisent la richesse, ajoutent de la valeur à la matière et créent les produits nécessaire au développement économique. Cette société socialiste sera donc une société des travailleurs, où les prolétaires seront non plus prisonniers des processus d'exploitation mais à la tête des affaires économiques et politiques. Ce n'est pas une société sans état (bien que la disparition de l'état soit aussi un de nos objectifs à plus long terme) car c'est la société des travailleurs organisés dans un état totalement démocratique et économiquement efficace au service de tous.
Notons ensuite que d'autres avancées énormes ont été gagnées lors de ce congrès. Le congrès a jugé que les institutions européennes étaient "irréformables". Sans remettre nécessairement en cause la participation des JC aux campagnes électorales européennes du PCF cet acte permet néanmoins de faire le deuil de l'illusion d'une Europe sociale entretenue par la droite. L'Europe est une construction bourgeoise qui ne sert que les intérêts capitalistes de ceux qui l'ont construite sur le champ de ruine qu'étaient les pays d'Europe après que ces mêmes industriels de toute nationalité aient préféré opter pour "Hitler plutôt que les communistes".
La notion de mise en commun des moyens de production a également été introduite dans nos textes. Elle précise élégamment celle de socialisme du XXIème siècle tout en lui donnant un versant plus pratique. Elle ne doit pas être nécessairement vue comme la "nationalisation de toute l'économie" mais elle insiste plutôt sur la nécessité de placer toujours les travailleurs au pouvoir en faisant d'eux les propriétaires de leur outil de travail. C'est ainsi que de moyen d'aliénation le travail devient méthode d'émancipation pour le prolétaire qui détient enfin le pouvoir sur sa production.
Globalement lors de ce congrès les Jeunes Communistes ont tiré un trait sur plusieurs années d'autophobie qui nous ont coûté la plupart de notre base militante. Il ne faut pas pour autant se réjouir trop vite. Les bases sont posées pour un retour en force de notre mouvement mais la route est longue jusqu'à la révolution socialiste. Bien des fédérations sont naissantes et ont besoin de reconstituer leur base militante, d'autres se sont renforcées très rapidement mais vont traverser une difficile phase de stabilisation, d'autres enfin ne se sont toujours pas débarrassées des méthodes dépassées et anciennes qui étaient les notre du temps de la "mutation". Pas à pas, humblement, nous allons tous ensemble, Jeunes Communistes de toute la France reconstruire notre mouvement, réinventer les espoirs qui animaient d'autres jeunes communistes, avant que le beau mot de communiste ne soit sali par le sang des victimes innocentes de la terreur Stalinienne. Entre ces excès meurtriers et ceux, moins violents mais tout aussi dévastateurs pour notre mouvement du reniement et de l'auto-flagellation c'est à notre génération qu'il convient de construire une nouvelle voie vers le communisme.
Dans le respect de toutes les générations précédentes de communistes mais en prise avec les réalités du temps présent, la JC de la Loire se réjouit de cette ère nouvelle qui s'ouvre pour le MJCF mais surtout, pour les prolétaires de tous les pays, qu'elle appelle bien sûr à s'unir.