Socialisme et communisme en Amérique Latine
Vendredi 27 Août 2010
Le cinquantenaire des indépendances africaines célébré en communion avec la France ne résume pas l’histoire de la décolonisation en Afrique. Loin de là. Plutôt que d’être négociée, la souveraineté internationale a été souvent arrachée par des leaders et organisations africaines panafricaines radicales et nationaliste, qui ont eu à faire face avec les armes et ont subi les assassinats, les massacres, les répressions, etc. Et cette part de l’histoire du continent, rappelle Diagne Fodé Roland, Cuba y a grandement contribué.
C’est le jubilé partout, de Dakar à Addis Abeba, de Rabat à Pretoria, l’élite gouvernante invite les peuples à fêter les 50 ans des indépendances africaines. Sont aussi de la fête les capitales des ex-puissances colonisatrices. Pourtant, un regard rétrospectif montre que partout les anciens colons, les puissances impérialistes, se sont battus jusqu’au bout contre l’indépendance. Contre le FLN en Algérie, le PAIGC en Guinée Bissa et le PDG/RDA en Guinée, l’UPC au Cameroun, le MNC de Patrice E. Lumumba et P. Mulélé en RD Congo, le MPLA d’Agostinho Neto en Angola, le FRELIMO d’Eduardo Mondlane au Mozambique, la ZANU de Robert Mugabe au Zimbabwe, la SWAPO en Namibie, l’ANC/PCSA en Afrique du sud, etc.
Massacres, répressions violentes, assassinats, mais aussi corruptions ont été utilisés par les forces coloniales et leurs alliés internes, les féodaux et la bourgeoisie colonisés, pour éliminer les leaders et les organisations véritablement indépendantistes et saboter la libération dans l’unité des peuples africains. C’est ainsi que la première phase de décolonisation a débouché sur des indépendances dévoyées et volées qui ont pour nom la Françafric, l’Eurafric et l’Usafric.
Au moment où l’Asie et l’Amérique du sud prennent le chemin du développement en s’émancipant de la domination séculaire de l’Occident impérialiste Etatsunien et Européen et où des forces progressistes et démocratiques en Afrique cherchent les voies d’une seconde décolonisation, il est important de revisiter l’apport internationaliste de Cuba à la première phase de décolonisation, entre 1960 et 1990, pour en tirer des leçons.
Cuito Cuanavale ou le Stalingrad de l’Apartheid On est en janvier 1988. L’Afrique du Sud colonialiste et raciste occupe la Namibie où la SWAPO lutte pour l’indépendance. L’apartheid sud-africain a porté la guerre en terre angolaise pour aider l’UNITA, financée et armée par les Etats Unis et l’Europe, à renverser le MPLA au pouvoir depuis l’indépendance, en novembre 1975. L’UNITA a comme base arrière le Zaïre de Mobutu, dictateur sanguinaire à la solde des Etats Unis et de l’Europe. Et pendant que certains « pro-consuls » Africains de la Françafric, de l’Eurafric et de l’Usafric cherchaient à « dialoguer » avec l’exécrable régime de l’apartheid, Cuba s’engageait concrètement contre le colonialisme et le racisme fasciste. Mais laissons Fidel Castro lui-même raconter cet épisode épique : "C’est fin 1987, on le sait, que l’Afrique du Sud lança sa dernière grande invasion de l’Angola, dans des circonstances qui en mettaient en danger la stabilité même. A cette date, donc, l’Afrique du Sud et les Etats-Unis assenèrent leur dernier coup, le plus menaçant, contre un fort groupement de troupes angolaises qui progressaient à travers les sables en direction de Jamba, à la limite sud-est de la frontière angolaise, où était censé se trouver le poste de commandement de Savimbi. Une offensive à laquelle nous nous étions toujours opposés si on interdisait auparavant l’Afrique du Sud d’intervenir, au dernier moment, en faisant entrer en action son aviation, sa puissante artillerie et ses forces blindées ». Fidel Castro poursuit : « L’histoire classique se répéta une fois de plus. Extrêmement enhardi, l’ennemi avança en profondeur vers Cuito Cuanavale, une ancienne base aérienne de l’OTAN, et se prépara à porter un coup mortel à l’Angola. Le gouvernement angolais adressa alors des appels au secours désespérés au Groupement de troupes cubaines : le désastre était en effet imminent, sans doute le pire de tous dans le cadre d’une opération militaire dans laquelle, comme d’autres fois, nous n’avions aucune responsabilité. Un flot d’unités et de moyens de combat traversa en vitesse l’Atlantique et débarqua sur la côte sud de l’Angola pour attaquer par le sud-ouest en direction de la Namibie, tandis que, 800 kilomètres plus à l’est, des unités choisies avancèrent sur Cuito Cuanavale et là, en union avec des forces angolaises qui se repliaient, préparèrent un piège mortel aux puissantes forces sud-africaines qui avançaient vers cette grande base aérienne. Cette fois-ci, 55 000 soldats cubains étaient réunis en Angola ». Et Fidel Castro conclut : « Ainsi, tandis que les troupes sud-africaines étaient clouées devant Cuito Cuanavale, quarante mille soldats cubains et trente mille soldats angolais, soutenus par environ six cents chars, des centaines de pièces d’artillerie, mille pièces antiaériennes, et par des escadrilles audacieuses de Mig-23 qui s’assuraient de la maîtrise du ciel, avançaient par le sud-ouest en direction de la frontière namibienne, prêts à balayer littéralement les forces sud-africaines qui s’étaient retranchées dans cette direction principale. Les victoires retentissantes de Cuito Cuanavale et, surtout, l’avancée foudroyante du puissant groupement de forces cubaines dans le sud-est angolais, mirent un terme définitif à l’agression militaire étrangère. L’ennemi dut rabattre de sa morgue accoutumée et s’asseoir à la table de négociations ». La bataille de Cuito Cuanavale dura huit jours, du 12 au 20 janvier, Les forces armées angolaises et les cubains infligent donc une sévère défaite aux troupes sud-africaines qui sont stoppées, encerclées puis repoussées vers la frontière de la Namibie. Le 20 juillet 1988, l’Afrique du Sud est contrainte de signer un accord en 14 points avec l'Angola et Cuba qui stipule la mise en œuvre de la résolution 435 des Nations Unies prévoyant des élections en Namibie sous le contrôle des Nations unies, en contrepartie du repli du contingent cubain. C’est la voie ouverte à la fois à l’indépendance de la Namibie, à la fin de l’apartheid politique en Afrique du Sud et à la proclamation institutionnelle d’un humain = une voix qui portera Nelson Mandela et l’ANC au pouvoir. Au total environ 350 000 soldats et civils cubains, dont plus de 2011 morts, ont permis d’obtenir la fin de l’apartheid en Afrique du Sud, l’indépendance de la Namibie, du Mozambique et de l’Angola, voire du Zimbabwe et de la Guinée Bissau. Voilà pourquoi Nelson Mandela lui même a pu déclarer au peuple cubain : « Le peuple cubain occupe une place spéciale dans le cœur du peuple africain. Les internationalistes cubains ont apporté à l’indépendance, à la liberté et à la justice en Afrique une contribution hors pair par son caractère de principe et désintéressée. Nous en Afrique, nous sommes d’ordinaire victimes de pays qui souhaitent morceler notre territoire ou saper notre souveraineté. Il n’existe pas de précédent dans l’histoire de l’Afrique qu’un autre peuple se lève pour défendre l’un de nous. La défaite de l’armée de l’apartheid a été une inspiration pour le peuple sud-africain combattant ! Sans la défaite de Cuito Cuanavale, nos organisations seraient encore interdites ! La défaite de l’armée raciste à Cuito Cuanavale m’a permis d’être ici aujourd’hui ! Cuito Cuanavale a été un tournant dans l’histoire de la lutte pour la libération de l’Afrique australe ». En effet, de même que Playa Giron a été une victoire décisive pour la Révolution cubaine contre les contre-révolutionnaires et l’impérialisme Yankee, de même que Stalingrad a annoncé le début de la fin de la marche vers l’hégémonie mondiale du nazisme, Cuito Cuanavale a été le tournant décisif qui a conduit à l’abolition formelle de l’apartheid en Afrique du Sud. Cuba symbole de la solidarité entre les peuples C’est en 1959 que le peuple cubain réalisa sa révolution anti-impérialiste en chassant le pouvoir apatride, tyrannique et néo-colonial soumis à l’impérialisme américain. En 1961, le Parti Communiste Cubain proclama l’orientation socialiste de la révolution Cubaine en rejoignant le camp socialiste. A l’époque, les peuples colonisés d’Asie et d’Afrique luttent pour le droit à l’autodétermination contre les empires coloniaux. A Dien Bien Phu sous la direction du Parti Communiste Vietnamien et de Hô Chi Minh, le peuple vietnamien infligeait une défaite cuisante à l’armée coloniale française et subissait les sauvages attaques de l’armada américaine. Les peuples algériens et camerounais menaient alors leur lutte armée pour l’indépendance contre la barbarie coloniale Française. L’Asie et l’Afrique se rassemblèrent en 1955 à Bandung pour former l’unité des peuples en lutte pour l’indépendance, puis avec la Tricontinentale d’Amérique du sud devait rejoindre ce front anti-impérialiste et le Mouvement des Non Alignés regroupa l’ensemble des pays du Tiers Monde. Si les peuples, pays, Nations et Etats opprimés se réunissent pour affirmer solidairement, contre le colonialisme abject, les principes universels de l’égalité entre les peuples et du droit à l’indépendance des Nations, Cuba va traduire ces valeurs en acte. D’abord par la figure du Che Guevara qui va s’engager en pratique auprès des résistances révolutionnaires au Congo et dans certaines colonies portugaises avant de devenir le symbole de l’internationalisme après son assassinat en Bolivie par l’impérialisme américain. Mais le Che personnifie en réalité l’essence humaniste, internationaliste et éducateur pour le peuple Cubain lui-même de la politique solidaire et fraternelle du PCC qui impulse et dirige le processus révolutionnaire à Cuba. C’est ce que constate Piero Giglieses, Professeur à l'Université John Hopkins, aux Etats-Unis, et auteur du livre « Washington-Cuba, conflicting missions, Havana, Washington and Africa 1959-1976 » (The University of North Carolina Press 2002) : « Je commence avec ce que j'appelle le "premier amour" de Cuba en Afrique, l'aide que Cuba donne à la fin de 1961 aux rebelles du FLN algérien qui luttent contre la France. Il y a deux choses qui sont intéressantes : un, c'est la présence des deux aspects futurs de l'aide cubaine : un bateau cubain arrive à Casablanca, au Maroc, avec des armes pour les rebelles algériens et rentre de Casablanca à La Havane avec des blessés algériens qui vont se faire soigner à Cuba et des orphelins de guerre algériens. D'emblée, vous avez les deux dimensions de ce que va être la présence cubaine en Afrique : l'aide militaire et ce que moi j'appelle "l'aide humanitaire" ; que ce soit la médecine dans ce cas, l'enseignement, etc. «L'autre aspect qui est très intéressant et que vous avez immédiatement avec l'aide à l'Algérie, c'est l'aspect idéaliste de la politique cubaine, parce que, si vous vous en tenez à des considérations de choix de realpolitik, ce n'était pas dans l'intérêt des Cubains d'aider les rebelles algériens en 1961, parce qu'il y avait le danger que De Gaulle s'en aperçoive comme il s'en est aperçu et, à ce moment-là, De Gaulle, ne fut-ce que pour emmerder les Américains, était prêt à avoir de bonnes relations - pas très bonnes, mais, assez bonnes- avec Cuba… La motivation est carrément altruiste. Il y a des cas où l'on peut dire que l'intérêt de la realpolitik et l'intérêt altruiste vont dans la même direction mais, dans le cas de l'Algérie en 61 et dans le cas de l'Angola en 75, ils ne vont pas dans la même direction et c'est l'aspect altruiste qui prime ». Cette vision humaniste de principe est effectivement partie prenante de l’apport Cubain à la stratégie solidaire que tentent de mettre en place alors les peuples du Sud victimes du colonialisme. C’est ainsi que deux après Bandung en 1957, au Ghana, premier Etat indépendant d’Afrique, se réunit, à l’initiative de Kwame Nkrumah, cinq cents délégués venus de trente-cinq mouvements de libération, de partis et d’Etats dans le cadre de l’Organisation de solidarité des peuples d’Afrique et d’Asie (OSPAA). C’est de celle-ci que naît, à partir de 1961, l’option d’élargir le regroupement des mouvements, partis et Etats anti-impérialistes afro-asiatiques à Cuba, aux Caraïbes et à l’Amérique du sud. Il s’agissait de rassembler les forces anti-impérialistes des « trois continents » opprimés pour contrer les stratégies néo-coloniales de l’impérialisme occidental visant à remplacer les empires coloniaux qui s’effondraient. Si les leaders et organisations africaines panafricaines radicales de cette première phase de décolonisation ont été pour l’essentiel vaincus par les assassinats, les massacres, les répressions, les blocus et les corruptions, ce projet internationaliste profondément anti-impérialiste porté le plus haut possible par Cuba fut aussi combattu par les tenants d’une ligne qui confondait sciemment « non alignement » et « anti-soviétisme ». En effet, le Mouvement des Non Alignés proclamait à la fois une « neutralité » et une « troisième voie » entre les camps capitaliste/impérialiste et socialiste. En fait, il s’agissait de mouvements et d’Etats en majorité dirigés par les classes bourgeoises, petites-bourgeoises voire féodales donc inconséquemment opposées à la domination coloniale et néo-coloniale. Cuba fut la première à montrer que «la théorie des deux impérialismes, l'un dirigé par les Etats-Unis et l'autre soi-disant par l'Union Soviétique, encouragée par les théoriciens du capitalisme, a trouvé un écho particulier parmi des porte-parole et des dirigeants des pays non-alignés, parfois de façon délibérée et par ignorance de l'histoire et des réalités du monde actuel. [...] Comment peut-on qualifier l'Union Soviétique d'impérialiste ? Où sont ses entreprises monopolistiques ? Où est sa participation aux compagnies multinationales ? Quelles industries, quelles mines, quels gisements pétroliers possède-t-elle dans le monde sous-développé ? Quel ouvrier est exploité dans un pays d'Asie, d'Afrique ou d'Amérique latine par le capital soviétique ? [...] Que d'autres regrettent le fait que le premier Etat socialiste de l'histoire de l'humanité soit devenu une puissance militaire et économique, nous, pays sous-développés et exploités, nous ne pouvons pas nous en plaindre. Cuba s'en réjouit. Sans la révolution d'octobre et sans les exploits immortels du peuple soviétique [...] la lutte héroïque de tant de peuples pour leur libération n'aurait pas été possible. [...] Quel est l'Etat qui a été condamné, depuis les résolutions de Belgrade jusqu'à celles de Lusaka, pour son agression au Vietnam et contre toute l'Indochine ? Les Etats-Unis impérialistes ! » (Allocution de Fidel Castro lors de la conférence des pays non-alignés d'Alger en 1973). Pour les peuples, les pays, les Nations, les Etats du Tiers Monde, pour les travailleurs du Sud et du Nord, la pertinence de cette analyse saute aux yeux aujourd’hui devant la cruauté guerrière agressive sans retenue des impérialistes américains et européens en Irak en 1991, puis depuis 2003, en ex-Yougoslavie en 1999, en Afghanistan depuis 2001. L’arrogance criminelle impunie du fascisme israélien sioniste en Palestine, la re-colonisation des ex-colonies par la dette, les plans d’ajustement structurel, les privatisations des entreprises stratégiques, l’intégration servile à la re-mondialisation capitaliste pilotée par l’OMC, le FMI, la Banque Mondiale et l’offensive libérale broyant toutes les conquêtes sociales et démocratiques des générations précédentes résultent notamment de la défaite de l’URSS, du camp socialiste. L’actuelle crise systémique aggrave encore plus les désastres sociaux, écologiques et anti-démocratiques ravageurs du capitalisme. L’Afrique est reconnaissante à Cuba L'Afrique du Sud a décerné à Fidel Castro sa plus haute distinction pour « sa contribution à l'éradication du racisme, du colonialisme, de l'apartheid et des inégalités » (mars 2009). Et en juillet 1991, dix-sept mois après sa libération qui a mis fin à 27 ans d’incarcération, Nelson Mandela s’est rendu à la Havane à la rencontre de Cuba, du PCC et Fidel Castro. Comme s’il retrouvait un frère disparu depuis longtemps, Madiba (petit nom affectif de Mandela) lui a donné une chaude accolade et a fait la déclaration suivante : « Beaucoup de gens, beaucoup de pays, dont certains très puissants, nous ont demandé de condamner les violations des droits de l’homme à Cuba. Nous leur avons fait remarquer qu’ils avaient la mémoire courte. En effet quand nous nous battions contre l’apartheid, contre l’oppression raciale, ces mêmes pays soutenaient le régime de l’apartheid – un régime qui ne représentait que 14% de la population, alors que l’écrasante majorité des gens n’avaient pas le moindre droit. Et nous avons vaincu l’apartheid avec l’aide de Cuba et d’autres pays progressistes. Ils veulent maintenant être nos seuls amis et osent nous demander de tourner le dos à ceux qui ont rendu possible notre victoire. C’est la plus grande insulte à l’éthique, et aux principes qui régissent nos relations, non seulement avec les différentes populations de notre pays mais également avec le reste du monde. Je m’engage ici même à ne pas abandonner nos amis, et tout spécialement nos amis cubains, qui nous ont été fidèles durant la période la plus difficile de notre lutte. Dans toute l’histoire de l’Afrique, c’est le seul cas où des étrangers se sont battus pour défendre un de nos pays » (Juillet 1991). En effet un des critères importants pour mesurer le degré de souveraineté d’un Etat africain est son attitude de soumission totale, partielle ou non au blocus américain contre Cuba. Cuba, le Mouvement des Non-Alignés et l’Afrique aujourd’hui Dans le contexte actuel de sortie progressive du monde dominé par les Etats Unis et l’Union Européenne, avec les pays « émergents » du BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine) et les expériences alternatives progressistes anti-libérales et patriotiques en Amérique du sud – expérience qui sont issues de la matrice de la résistance héroïque de Cuba socialiste – la mémoire des luttes indépendantistes et les expériences révolutionnaires solidaires de la première phase de décolonisation en Afrique doivent être une source d’inspiration pour aborder la seconde phase en cours. L’évolution des rapports internationaux fait apparaître une multiplication des pôles alternatifs de coopérations à l’hégémonie de l’occident impérialiste américain/européen. Parmi ces pôles coopératifs, on doit signaler l’exemplarité de l’Alba (Alliance bolivarienne) qui constitue une vraie alternative régionale à la soumission servile à l’OMC, au FMI, à la Banque Mondiale et au diktat libéral américain et européen. En 2006, ce sont 118 pays représentés à la Havane au 14éme sommet des chefs d’Etats et de gouvernements des Non-alignés qui rappelaient encore, à l’instar de la précédente « Déclaration de la Havane » de 1979, leur engagement à agir pour « l'indépendance nationale, la souveraineté, l'intégrité territoriale et la sécurité des pays non alignés dans leur lutte contre l'impérialisme, le colonialisme, le néocolonialisme, la ségrégation, le racisme, le sionisme, et toute forme d'agression étrangère, d'occupation, de domination, d'interférence ou d'hégémonie de la part de grandes puissances ou de blocs politiques ». En juillet 2009, on peut lire dans la déclaration finale du 8ème Forum des peuples de Bandiagara au Mali : « Nous, mouvements sociaux, organisations et participant-e-s au Forum des peuples, nous opposons au diktat des dirigeants du G8 et à leurs alliés. Nous exigeons des gouvernements du Nord et du Sud la mise en place d'alternatives, en rupture avec le système capitaliste, qui garantissent les droits humains fondamentaux des peuples ». En 2009, le sommet de Durban II en Afrique du Sud a été l’occasion d’une dénonciation du caractère colonialiste et raciste du sionisme et une défaite morale de l’Occident impérialiste son protecteur. Si en 1955, Bandung puis la Tricontinentale ont eu une résonance d’impulsion de la solidarité entre les continents colonisés qu’ont été l’Asie, l’Amérique du Sud et l’Afrique, aujourd’hui on a un réveil de l’Asie et de l’Amérique du sud pendant qu’en Afrique, en apparence, il n’y a que des velléités balbutiantes à prendre part à ce mouvement historique des peuples vers l’émancipation totale. Le changement progressif du rapport des forces dans le monde et les expériences patriotiques et anti-libérales en cours dans plusieurs pays sud-américains, en plus de constituer des notes d’espoir contre la symphonie prédatrice impérialiste, confirment que les armées défaites sont à bonne école. Cuba a prouvé qu’il est possible de résister aux monstres impérialistes des Etats Unis et de l’Union européenne. Cuba a réalisé des performances extraordinaires sociales, éducatives, économiques, scientifiques, notamment dans le domaine de la médecine tout en préservant sa dignité et son indépendance dans un monde écrasé par la dictature criminelle et terroriste des Etats Unis et de l’Union Européenne. C’est aussi cela l’exemplarité cubaine. A l’Afrique combattante et progressiste de se frayer le chemin pour que l’Afrique, comme naguère, rejoigne l’actuel mouvement enclenché en Asie et Amérique du sud vers la liberté, vers la souveraineté, vers le progrès, vers le développement et donc vers l’égalité entre les peuples. * Diagne Fodé Roland est membres de Ferñent/ Mouvement des Travailleurs Panafricains-Sénégal |
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