L’épidémie de Covid-19 finit, en effet, de révéler une véritable crise de civilisation. L’urgence sanitaire, qui se trouve posée à de très nombreuses nations, s’imbrique étroitement aux enjeux climatiques et écologiques qui interrogent l’humanité sur son devenir. La planète aborde, dans ce cadre, un moment où se redéfinissent l’ensemble des paradigmes de l’ordre géopolitique du monde.
La crise de la globalisation capitaliste se développe ainsi dans un contexte de chaos politique généralisé, de bouleversement des hiérarchies de dépendance sur lesquelles reposaient hier les mécanismes de domination des grandes puissances et du capital, de grand désordre idéologique. À l’aube d’un siècle encore nouveau, se repose au genre humain la vieille alternative : rupture avec un système d’exploitation et d’oppression, ou barbarie. Certes, la situation engendre, parmi les peuples, des prises de conscience salutaires des impasses auxquelles conduit un capitalisme en pleines convulsions, et ces potentialités seront décisives pour ouvrir au monde un chemin de justice, de démocratie et de paix. Mais le mouvement ouvrier et les forces progressistes connaissent simultanément une panne particulièrement dangereuse de perspectives.
L’état de la France est à l’unisson. Crises sanitaire, économique, sociale, démocratique, perte de légitimité accrue d’un pouvoir dont la politique est rejetée, fracturations multiples de la France appellent des solutions à la hauteur, réalistes et révolutionnaires, révolutionnaires parce que profondément réalistes. Faute de quoi, comment inverser le mouvement d’éloignement des classes travailleuses et populaires avec la politique, ce mouvement qu’alimentent la désespérance comme les tendances au repli, et dont les dernières élections municipales auront montré l’ampleur ?
La peur et les divisions risquent alors de s’emparer de notre société, les dangers d’explosions de colère privées de débouchés politiques crédibles de s’aggraver, les dérives identitaires, racistes et intégristes de se voir ouvrir un boulevard (comme viennent de le laisser apparaître le terrorisme islamiste et ce qu’il a engendré dans le pays). C’est la Macronie, la droite et l’extrême droite qui peuvent en tirer profit, en se lançant dans des surenchères aux solutions autoritaires.
Un parti comme le nôtre a, par conséquent, un rôle irremplaçable à jouer. Parce que, plus que jamais, le communisme représente un horizon d’avenir. Parce qu’il s’agit de reconstruire un rapport de force et d’arracher des victoires, à partir d’objectifs de haut niveau et de formes d’organisation démocratiques, ainsi que nous nous sommes efforcés de le faire encore dernièrement avec notre campagne sur l’emploi. Parce que la seule réponse à l’« archipellisation » du pays se trouve dans la formation d’un bloc des classes et couches sociales ayant intérêt à tourner la page d’un capitalisme en convulsions. Parce qu’il importe, à cette fin, de défendre dans le débat public les propositions programmatiques à même de répondre aux attentes populaires et remettre radicalement en cause la domination du capital. Et parce que la situation très préoccupante à gauche appelle une réponse ambitieuse : cette union populaire, fondée sur un contenu transformateur et construite à partir de l’intervention populaire, dont parlait le 38e Congrès.
C’est dans ce contexte que doivent être abordées les élections présidentielle et législatives de 2022. Est ici posée aux communistes la question de la manière dont ils peuvent, dans le débat de la gauche, mais aussi avec notre peuple, mettre à disposition une proposition globale : un contenu qui réponde aux défis du moment ; une offre de reconstruction de la gauche et de rassemblement populaire, sur des objectifs qui puissent redonner confiance et espoir au plus grand nombre ; une candidature communiste qui porte ces objectifs, pèse effectivement sur la vie publique, crée par sa dynamique les conditions d’une majorité politique, non seulement à la présidentielle mais aussi aux législatives, permettant notamment de faire élire le plus de députés communistes possibles, avec à l’arrivée un groupe renforcé à l’Assemblée nationale.
Sur ces trois champs de travail, et sur les conclusions qu’il conviendra d’en retirer en matière de construction et de renforcement du Parti, adhérentes et adhérents du PCF sont dès à présent appelés à débattre. Avec pour premier souci de mener au fond toutes les discussions qui se présentent, et avec l’objectif d’aboutir au plus large rassemblement autour de la « base commune » que le Conseil national soumettra ensuite à leur vote.
Dit autrement, il s’impose de réunir les conditions du débat le plus démocratique, prenant en compte la diversité des opinions et des expériences, recherchant l’implication maximale des communistes.
Ce qui constitue, dans les circonstances présentes, un enjeu supplémentaire. Entre les confinements à répétition, l’impossibilité de ce fait de faire fonctionner normalement nos instances, et le chamboulement prévisible des agendas politiques de l’an prochain (les élections départementales et régionales semblent devoir être reportées en juin, voire en septembre), adopter définitivement un calendrier et des modalités de travail précises se sera révélé impossible ce 7 novembre.
Le Conseil national s’est donc donné un mois, jusqu’à une nouvelle réunion le 12 décembre, pour instruire les hypothèses envisageables, au plus près des fédérations.
C’est, maintenant, à chacune et chacun de s’emparer des questionnements soulevés pour apporter sa contribution, organiser des échanges approfondis entre militants, permettre aux leçons de l’activité militante d’enrichir l’élaboration collective. Un site Internet dédié sera, à cette fin, prochainement ouvert.
Un congrès communiste n’est jamais une formalité. Celui-ci moins qu’aucun autre…
Christian Picquet, membre du CEN.
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