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Espace post-soviétique (URSS)

Historien, maître de conférences à l’Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco), Bruno Drewski décrypte l’actualité en Biélorussie, loin des points de vue unilatéraux souvent répandus.

Entretien dans La Marseillaise


Bruno Drewski : "La privatisation de l’économie, enjeu du Bélarus" (La Marseillaise)
La Marseillaise : Tout d’abord quelle est votre analyse sur Alexandre Loukachenko, présenté en occident comme un dictateur ?

Bruno Drewski :
S’il fallait qualifier son régime, j’utiliserai les termes de paternaliste et autoritaire. Il est arrivé au pouvoir en 1994, après des élections que nul ne conteste, contre les deux groupes qui se disputaient alors le pouvoir : les pro-occidentaux, pro-libéraux et nationalistes d’un côté et la nomenclatura issu du système soviétique qui avait commencé à privatiser en 1991.

Il est arrivé pour stopper ce processus en s’appuyant sur un sentiment populaire très largement répandu : la haute hiérarchie du parti avait trahi et il fallait défendre la propriété publique, les acquis sociaux et se rapprocher des anciens États soviétiques.

Quid de la présidentielle gagnée avec 80 % des voix ?

B.D. : Les sociologues que je connais sur place disent que ces 80 % sont très certainement exagérés mais estiment que Loukachenko reste celui qui a la majorité, pas forcément par enthousiasme mais par souci de défendre les acquis sociaux et la propriété publique. À l’échelle du pays car, à Minsk, on serait davantage sur du 50/50 entre les deux camps.

À quoi correspondent les grandes manifestations ?

B.D. : Il y a un vrai ras-le-bol, c’est incontestable. Il est plus fort dans la capitale qui représente quand même 2 millions d’habitants, soit 20 % de la population du pays, ce qui n’est pas du tout négligeable. Ce ras-le-bol est aussi concentré dans certaines catégories de la population. L’opposition la plus militante se trouve chez les jeunes qui appartiennent au milieu high-tech, la Biélorussie ayant développé le secteur informatique. Mais il y a aussi des manifestations pro Loukachenko, surtout en province ou dans la périphérie de Minsk.

Avec une répression violente ?

B.D. : C’est tout à fait vrai pour la première manifestation qui a eu lieu au moment des élections. Aujourd’hui, c’est même admis par les autorités et le ministre de l’Intérieur s’est excusé pour la façon dont une partie des manifestants a été traitée. Mais le gouvernement ne donne pas vraiment d’explication et c’est un vrai point noir. S’expliquer supposerait une vraie commission d’enquête. Officiellement, il y en a une, mais on ne sait pas trop ce qu’elle fait, et elle avance de façon opaque. Des responsabilités incontestables sur lesquelles il faudra, un jour, une réponse.

Y a-t-il une ingérence étrangère ?

B.D. : On sait très bien que depuis une quinzaine d’années, des jeunes ont été formés par des structures étrangères. Il y a aussi une deuxième ingérence, dont on parle peu : celle d’oligarques russes qui financent l’opposition avec l’idée d’affaiblir la position de Loukachenko pour qu’il se jette dans les bras de Poutine et que ce dernier oblige à la privatisation les fleurons de l’industrie locale. Car l’enjeu est aussi là : mettre la main sur une économie qui a des usines de pointe, dans les domaines informatique, du cosmos, militaire, de la chimie... La Biélorussie assure par exemple plus de 10% de la production mondiale des engrais azotés.

C’est l’option de Poutine ?

B.D. : Toute la question est de savoir qui a le pouvoir en Russie. Les puissants oligarques sont soutenus par les ministères économiques aux mains de néolibéraux. Mais, à côté, il y a les ministères de l’Intérieur, l’Armée, les Affaires étrangères... qui, eux, défendent une politique patriotico-étatiste. Poutine donne parfois des gages aux uns, parfois aux autres. On sait que le régime de Minsk ne lui plaît pas trop, dans la mesure où le pays n’a jamais accepté ce que beaucoup de Russes trouveraient normal : l’intégration de la Biélorussie dans la Russie. Mais un certain réalisme le pousse à tenir compte du fait que la Biélorussie ne fonctionne pas du tout comme la Russie puisque c’est encore un état social avec une dominance de la propriété publique. Enfin, Minsk est à 500 km de Moscou et il n’est pas envisageable d’y voir des troupes de l’Otan.

Et les Occidentaux ?

B.D. : Il y a tout d’abord celle, très typique, qui veut que chaque fois qu’un régime, pour une raison ou une autre ne plaît pas aux élites occidentales, se trouve dans une situation difficile, on met en avant les droits de l’Homme. On le critique et on le dénonce sans poser la question de qui sont les manifestants, pourquoi se battent-ils et s’il y a d’autres questions que celles des droits de l’Homme, comme ici la privatisation ou le modèle social. C’est ce qui domine en Occident. Mais on sent bien qu’il y a aussi une crainte que ces manifestations poussent Loukachenko dans les bras de la Russie. Cette deuxième attitude est plutôt dans les chancelleries, surtout en Allemagne et un peu en France. Elle est moins visible mais elle existe.

Pays d’Europe oriental coincé entre la Lettonie au nord, la Russie à l’est, l’Ukraine au sud et la Pologne à l’ouest, la Biélorussie défraye la chronique depuis l’élection présidentielle d’août. Des manifestations régulières s’opposent à la victoire d’Alexandre Loukachenko, une victoire annoncée à 80 % que l’Union européenne a refusé de reconnaître.

La MARSEILLAISE

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[Fr] Perspective communiste, blog francophone ayant pour vocation le partage d’informations nationales et internationales. De proposer des analyses marxistes de l’actualité et du débat d’idée. Ainsi que de parler de l’actualité du Parti Communiste Français et du Mouvement des Jeunes Communistes de France.

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