Histoire du mouvement social et communiste
Lundi 22 Février 2016
Du 5 au 8 septembre 1915, dans un village suisse au-dessus de Berne, se retrouvent une poignée de militants socialistes et syndicalistes de pays neutres ou en guerre les uns contre les autres. Leur hostilité à la guerre impérialiste les a amenés jusqu’ici, malgré leurs désaccords
Été 1915 : la guerre tue près d’un millier de Français chaque jour. Une moyenne : août 1915 est « calme » avec environ 350 morts quotidiens, septembre est six fois plus meurtrier avec les offensives d’Artois et de Champagne.
Les socialistes, révulsés par l’agression allemande, ont massivement choisi la défense nationale. Le pays envahi, ils participent au gouvernement avec Jules Guesde, Marcel Sembat et Albert Thomas, le ministre de l’Armement. L’Humanité défend la guerre du droit qui doit abattre l’impérialisme fauteur de guerres et amener la paix générale. Est-ce la seule voie à suivre ? Le malaise existe, au sein du parti, chez les sympathisants et dans les syndicats. Ce n’est pas nécessairement une opposition tranchée, mais au moins un doute, des critiques, de la tristesse, voire une colère, qui s’expriment dès que les réunions peuvent reprendre, notamment dans certaines régions (Paris et banlieue, Limousin). Comment en est-on arrivé là ? Peut-on faire quelque chose, ou faut-il subir la guerre jusqu’à la victoire espérée ? Des syndicalistes s’activent autour des deux animateurs de la revue de la CGT, la Vie ouvrière : Pierre Monatte et Alfred Rosmer, rarissimes exemples de militants dès le début rétifs à « l’Union sacrée ». Chez les politiques, on est plus modéré. Mais tout de même, la fédération de la Haute-Vienne, un bastion guesdiste, publie un manifeste critique le 1er mai 1915. De plus en plus émerge l’idée, même si le pays devait se défendre, qu’on ne peut en rester là sur les responsabilités de cet immense gâchis. Surtout, il devient vital de dégager d’autres perspectives que la guerre « jusqu’au bout ». Des militants parlent de réunions internationales, de reprendre au moins contact, chez les Jeunes et chez les Femmes socialistes, mais aussi dans les divers partis. Les socialistes des pays neutres se réunissent en janvier à Copenhague. Même la réunion des socialistes des pays alliés en février 1915 à Londres soulève des remous : il y est question des buts de guerre, de la critique du chauvinisme et du militarisme, bien sûr dans le cadre de la défense nationale, mais celle-ci n’est plus un absolu généralisé interdisant toute réflexion. Et du 5 au 8 septembre 1915, un immense tabou est transgressé : des socialistes de pays en guerre les uns contre les autres, Français, Allemands, Italiens et Russes notamment, ainsi que des neutres, se rencontrent publiquement en terrain neutre, à Zimmerwald, un village suisse. Ils sont 38 de 10 pays différents réunis à l’initiative du Bernois Robert Grimm. Les socialistes de la minorité française n’ont pas voulu venir, mais deux syndicalistes sont présents : Alphonse Merrheim, secrétaire de la fédération de la métallurgie, et Albert Bourderon, qui dirige la fédération du tonneau et milite aussi au Parti socialiste. Ces délégués sont tous des « minoritaires » dans leur pays, hostiles à l’Union sacrée. Ils sont « pacifistes » puisqu’ils veulent lutter contre la guerre, mais, comme on peut s’y attendre, leurs analyses, leurs objectifs et moyens d’action sont divers. Les discussions sont donc passionnées et parfois vives. Les plus « radicaux » sont certainement les délégués de la fraction bolchevique des sociaux-démocrates russes, Lénine et Zinoviev, qui préconisent la transformation de la guerre en révolution. Pour Merrheim au contraire, l’essentiel est de « préparer un effort et une action internationale pour la paix », donc de rassembler largement. Français et Allemands adoptent un texte spécifique favorable à une paix sans annexions. La conférence vote en outre un manifeste commun, préparé notamment par Grimm et Trotski. Trotski vit alors en France, il est partisan d’une entente entre socialistes russes, favorisée par le fait que tous les partis socialistes russes (bolcheviks, mencheviks, socialistes révolutionnaires et Bund…) sont hostiles à l’Union sacrée et participent à la conférence. Le manifeste dénonce la guerre qui transforme l’Europe en « un gigantesque abattoir d’hommes ». Il désigne les responsables : « tout ce chaos est le produit de l’impérialisme », le résultat des rivalités entre classes capitalistes qui, outre le massacre, provoquent la destruction des libertés et la perte de l’indépendance des nations. Il appelle à combattre les unions sacrées sur la base de la lutte des classes et de la solidarité internationale des peuples. Zimmerwald est une étape importante, décisive. Certes, les délégués ne représentent que des minorités, et, pour la France, une minorité au sein de la minorité socialiste. Mais c’est beaucoup que s’ébauchent et s’affirment une dénonciation et une riposte internationale contre la guerre. Le vieux mot d’ordre : « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! » reprend des couleurs. http://www.humanite.fr/zimmerwald-le-premier-accroc-dans-lunion-sacree-584203 |
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