Le 29 mai 2005, les Français ont été amené à se prononcer par voie référendaire sur le texte de projet de traité de constitution européenne (TCE). C’est après de longs mois d’intenses débats sur le terrain et malgré une propagande médiatique insensée des partisans du texte, que le « non » est sorti des urnes majoritaire à 55 % avec une participation record de plus de 70 %. Mais les dirigeants, tant de notre pays que ceux de l’Union Européenne, refusent d’entendre la voix des citoyens. En effet, non seulement la France n’a pas retiré sa signature du TCE mais le processus de ratification par référendums populaires (prévus dans plusieurs pays) a été stoppé par crainte d’une contagion du « non ». Par contre, les ratifications par voie parlementaire se poursuivent, parce que les parlements votent « mieux ». En Allemagne, de nombreux représentants interrogés après avoir ratifié le traité, étaient incapables d’en dire le contenu ! C’était avant le référendum en France. Depuis, au Royaume Uni, Tony Blair, premier ministre « socialiste » a enterré l’idée d’un référendum populaire dont l’issue paraissait incertaine pour les partisans du TCE.
Certains hommes et femmes politiques, journalistes et éditorialistes bien pensants ont fait le parallèle entre le « non » et l’accession de Le Pen au second tour de la présidentielle de 2002. Cette analyse est contestable puisqu’il est prouvé que le « non » était majoritairement de gauche. Si une comparaison peut être faite, c’est le déni de démocratie dont font preuve nos dirigeants alors que le ras-le-bol populaire que la caste dirigeante suscite, incite à se tourner vers des propositions qui ne sont pas toujours en phase avec les réels besoins. Au PCF, nous voulons rendre l’humanité plus juste, plus solidaire, plus fraternelle, basée la coopération et l’entraide des personnes plutôt que de prendre les uns pour taper sur les autres et d’entre tenir un sentiment primitif et guerrier comme le souhaite la droite et l’extrême-droite dans un but peu avouable d’exploitation des plus faibles. Bref, le vote « non » du 29 mai 2005 exprime un rejet d’une conception économico libérale de l’UE (du monde ?) qui oppose les peuples par les déréglementations notamment du travail, qui marquent un profond recul de société et un retour aux idées du XVIIIème siècle avec Smith et Ricardo et remises au goût du jour dans les années quatre-vingt par Friedman et autres Hayek.
DIRECTIVE BOLKESTEIN : LES LIBERAUX CONTRE-ATTAQUENT
La directive Bolkestein devrait être adoptée par le Parlement européen. Les amendements dont elle a fait l’objet n’en change pas ses principes de base : « concurrence libre et non faussée » et règle du pays d’origine. On se souvient pourtant qu’il y a presque un an, les dirigeants européens, le président de la République en tête, avaient clamé que la directive sur la libéralisation des services était mise à la corbeille. Le contexte de la poussée du « non » au référendum les avaient incité à faire ce mensonge éhonté auquel personne (du moins j’espère) n’avait cru. Une tentative d’endiguer la contagion du « non » dont l’échec est connu de tous. Et le discours des partisans du TCE qui était de dire que cette directive n’était pas le projet de constitution (ce qui est vrai, même si elle en est la fille aînée) était contradictoire avec le soi-disant retrait de ce texte.
Sur le fond, la directive Bolkestein (du nom de l’ex-commissaire européen par qui le fameux « plombier polonais » est arrivé en France) vise à « libéraliser » (certains disent même « libérer ») les services dans l’Union Européenne. En effet, les marchandises peuvent déjà depuis longtemps circuler librement dans l’Union (ce qui est, à mes yeux, plutôt une bon- ne chose puisque cela permet de partager des ressources, même s’il s’agit de commerce). Il s’agit maintenant de faire en sorte qu’une entreprise de services implantée dans un pays membre de l’UE (dit pays d’origine) pourra faire travailler ses salariés dans un autre pays membre en appliquant la réglementation du travail du pays d’origine. Par exemple, le plombier polonais de M. Fritz Bolkestein pourrait être envoyé en Allemagne, en France ou ailleurs dans l’UE et son patron ne serait engagé qu’à respecter les règles polonaises en matière de conditions de travail, de rémunérations. Une telle pratique pourrait avoir de graves répercutions sur l’emploi dans les pays les plus progressistes en matière sociale. En effet, de nombreuses grandes entreprises sous-traitent nombres de leurs activités d’entretien, de surveillance, etc. Ils pourraient alors recourir à des travailleurs venus d’un autre pays européen, moins bien rémunéré, avec moins de droits sociaux, etc. Bref, pratiquer ce que l’on appelle le dumping social à l’échelle du continent. Ceci serait un formidable moyen de faire baisser les salaires (au moins empêcher leur augmentation), donc les coûts pour les entreprises. Mais un problème se pose : si les populations qui bénéficient d’avancées sociales perdent ainsi leurs emplois, comment pourront-ils consommer et ainsi contribuer à la croissance, permettre d’assurer les pensions et indemnités (retraites, chômeurs, etc.) ? Je n’ai malheureusement pas la solution mais celle des libéraux est de diminuer les aides aux chômeurs, de supprimer le système des retraites basé sur la répartition et la solidarité intergénérationnelle (qui est à l’agenda de l’UE) au profit d’un système d’assurance volontaire basée sur l’actionnariat dont pourront se contenter seulement les plus aisés, les autres étant contraints d’avoir un petit boulot pour compléter leur maigre pension même après soixante-dix ans (comme c’est le cas aux Etats-Unis, pays libéral s’il en est).
Xavier