Histoire du mouvement social et communiste
Mardi 29 Décembre 2015
Le jeudi 30 décembre 1920, salle du manège à Tours, le XVIIIème congrès national du Parti Socialiste - Section Française de l'Internationale Ouvrière (SFIO), après cinq jours de débats, décide d'adhérer à la IIIème Internationale
Le congrès de Tours, le tournant décisif
En 1920, quelques mois avec le congrès de la SFIO, les Jeunesses Socialistes faisaient le choix de rejoindre l'Internationale Communistes des Jeunes. Pendant plus de deux mois, les adhérents de la SFIO vont discuter sur un problème crucial : faut-il ou non rejoindre l'Internationale Communiste crée en 1919 ? Faut-il accepter les 21 conditions d'admissions ?
Trois motions vont s'affronter
- La première défend l'adhésion sans condition à la IIIè internationale, elle est menée par le Secrétaire Général de la SFIO Ludovic-Oscar Frossard et le nouveau directeur de l'Humanité Marcel Cachin - La second, menée par le député de la Seine Léon Blum, « comité de résistance socialiste » refuse de rejoindre la IIIè internationale, au nom de « l'unité internationale » - La troisième, les « reconstructeurs », est favorable à l'adhésion mais sous conditions. Elle est conduite par le petit-fils de Karl Marx, l'avocat Jean Longuet La vieille SFIO de Jaurès devient le Parti Communiste La motion qui recueille l'adhésion des sections, des fédérations et des congressistes est celle conduite par Frossard-Cachin. Avec 3247 mandats contre 1328, l'adhésion à la IIIè internationale est votée. Les « résistants » et les « reconstructeurs » quittent spectaculairement la salle, il est 2h15 du matin, la scission entre les socialistes français a eu lieu. Pour le président de séance « le congrès communiste continue », il se poursuivra jusqu'au lendemain et se conclura par un appel rédigé par Paul Vaillant-Couturier. Des ruines de la social-démocratie française est né un nouveau parti, la Section Française de l'Internationale Communiste (SFIC). En 1921, il prendra le nom de Parti Communiste - Section Française de l'Internationale Communiste.
Minoritaires, les sociaux-démocrates menés par Blum quittent le congrès de la SFIO
Les minoritaires de la SFIO, on décidé de « continuer » la SFIO, elle rejoindra bientôt tous ceux qui en Europe on refusé l'exemple de 1917. La SFIO « maintenue » rejoindra l'Internationale Ouvrière Socialiste, constituée en 1923 (dite Union de Vienne ou Internationale Deux et demi) . Léon Blum déclarera « Quel sera le nouveau parti que vous voulez créer ? Au lieu de la volonté populaire se formant à la base et remontant de degré en degré, votre régime de centralisation comporte la subordination de chaque organisme à l'organisme qui lui est supérieur ; c'est au sommet un comité directeur de qui tout doit dépendre, c'est une sorte de commandement militaire formulé d'en haut et se transmettant de grade en grade, jusqu'aux simples militants, jusqu'aux simples sections (…). Nous sommes convaincus jusqu'au fond de nous-mêmes que, pendant que vous irez courir l'aventure, il faut que quelqu'un reste garder la vieille maison (…) Les uns et les autres, même séparés, resteront des socialistes ; malgré tout, restons des frères qu'aura séparés une querelle cruelle, mais une querelle de famille, et qu'un foyer commun pourra encore réunir. »
Déclaration finale du Congrès de Tours – 29 décembre 1920 – rédigée au nom du Parti, par Paul Vaillant-Couturier
Le Congrès de Tours marquera une date historique dans la vie longue déjà et glorieuse du socialisme en France. S’il restaure parmi nous les conceptions traditionnelles de Marx et d’Engels, les doctrines jadis consacrées et trop souvent désertées dans la pratique, il adapte en même temps aux nécessités des temps nouveaux, aux obligations impérieuses que nous assigne la crise révolutionnaire mondiale, les méthodes de préparation et d’action qui doivent désormais prévaloir. Face du régime capitaliste qui croule politiquement, économiquement, socialement, notre discipline devait se resserrer, la rupture s’affirmer avec tout ce qui représente les classes déclinantes, la lutte des classes être proclamée dans toute son ampleur. Tel est le sens de l’adhésion du socialisme français à cette Internationale communiste qui a relevé le véritable drapeau de l’Internationale des travailleurs, et la majorité des trois quarts des suffrages exprimés qui s’est manifestée à Tours donne à cette adhésion sa valeur de souveraine puissance. Héritiers des hommes qui fondèrent et notre parti en France et l’organisation ouvrière révolutionnaire dans le monde, nous poursuivons leur tâche. Du Congrès inaugural de la Première internationale, il y a 56 ans, au Congrès d’Amsterdam, en 1904, et de notre congrès d’unité en 1905 au Congrès de Tours, la chaîne est continue. A la droite de notre parti, un petit nombre d’hommes, des élus plus que des militants, dont certains comptaient des états de service mais qui s’étaient laissé conquérir par la conception révisionniste et purement parlementaire, nous ont quittés délibérément. Leur position était prise d’avance ; ils avaient préparé leur schisme. Au Congrès de la Fédération de la Seine, le secrétaire du Parti avait démasqué leurs desseins. Ils n’ont pas voulu comprendre la loi d’airain des temps nouveaux. Nous passons. Au centre, d’autre en plus grand nombre ont rompu avec nous. Ils ont hésité jusqu’à la dernière minute. Irrésolus, incapables de faire leur choix entre le réformisme parlementaire er le communisme marxiste, ils se sont rapprochés des hommes mêmes qu’ils avaient jadis combattus. Partisans, suivant leu motion, d’une adhésion à la IIIème Internationale, ils se sont refusés à suivre aucun des chemins qui pouvaient y conduire. Ils sont les véritables auteurs de la crise, si restreinte soit-elle, où pénètre notre parti. Ils ont montré, par leur geste, aux masses laborieuses de ce pays, qu’ils en assumaient la responsabilité. Ce n’est pas sur un vote de principe qu’ils sont morts, mais sur la lecture d’un document d’allure polémique, un message de l’Internationale communiste dont ils ont voulu méconnaître la signification réelle. C’est en vain que nous leur avons offert tous les apaisements légitimes. C’est en vain que nous avons pris l’engagement catégorique de consacrer, dans un statut, le droit des minorités. C’est en vains que nous nous sommes prononcés contre les exclusions pour des actes du passé. Des considérations d’amour-propre où se révèle l’esprit petit-bourgeois, des raisons que le prolétariat ne peut comprendre, lui qui met la cause de la révolution au-dessus des personnes, les ont conduits à la rupture. Qu’ils en gardent devant l’histoire la lourde charge ! Dans cette séparation d’avec les éléments anciens, nous regardons avec joie la puissance saine et majestueuse de notre grand Parti. Toutes les grandes fédérations des régions industrielles sont avec nous ; les fédérations paysannes sont venues, par leur renfort, nous attester le fécond travail qui s’accomplit dans les masses rurales. Ainsi se marquent la solidarité grandissante entre les travailleurs des villes et ceux des champs, les progrès de l’esprit de classe, cette condition même de l’élaboration de la société future. C’est la clarté tranchante de la politique menée en commun par tous les partisans sincères de la IIIème Internationale qui a frappé le plus vivement la conscience du prolétariat. Ainsi s’est réalisée en France l’union intime et désormais indissoluble de tous les socialistes communistes. C’est la France salariée, la France en révolte contre le régime capitaliste, régime de guerre et de faillite, régime de rapine, d’exploitation et de servitude, c’est toute cette France militante qui est avec nous ; c’est elle qui défendra demain, de concert avec toutes les sections de l’Internationale communiste, la paix, le droit des peuples et la révolution menacés par les impérialistes, masquant leurs intérêts de classe derrière la défense nationale. L’œuvre qui s’impose à notre parti est énorme ; elle ne nous effraie pas. Le vieux monde s’effondre devant l’esprit des temps nouveaux. La révolution qui s’annonce, qui est née en Russie et qui gagnera de proche en proche tous les États et tous les continents trouvera des millions et des millions d’artisans sévères. L’âpre lutte continuera, patiente quand il le faudra, rapide et décisive à l’heure venue pour la libération des nouveaux esclaves. Le régime bourgeois chancelle sur ses bases au lendemain de la plus cruelle des guerres ; nous lui porterons seulement le dernier coup. PROLÉTAIRES, PAYSANS ET OUVRIERS ! Vos devoirs s’accroissent dans la mesure où les temps avancent. Vous ne vous laisserez séduire ni par ceux qui veulent trouver dans le parlementarisme exclusif, dans l’abandon des principes socialistes, dans la collusion avec l’adversaire capitaliste, des avantages illusoires, des transactions mortelles pour la révolution, ni par ceux qui cherchent leur voie à tâtons sans jamais se résoudre et qui, inconsciemment, paralysent l’œuvre d’affranchissement. Vous tous, vieux militants de notre parti, qui l’avez servi par votre dévouement opiniâtre, jeunes hommes soulevés par le cyclone de la guerre et qui affluez dans nos rangs, vous viendrez à nous pour consommer l’œuvre commencée. Que notre Parti soit grand ! Que notre parti soit fort et discipliné, maître à la fois de ses militants et de ses élus ! Que dans l’Internationale, relevée l’ombre de la première des grandes révolutions sociales, il soit digne de son passé, digne de Babeuf, digne des hommes de Juin 1848, digne de la Commune, digne de Jaurès, digne de l’avenir glorieux qui s’offre à nous ! Le combat continue plus ardent et plus ample. Il ne s’agit point d’émeutes et d’aventures. En travailleurs, toujours équipés avant l’heure de l’offensive, nous creuserons nos parallèles de départ, toujours à l’affût d’un ennemi que nous savons implacable et préparé. Que la décision de Tours soit l’ordre suprême pour tous les prolétaires français ! Que l’adhésion à la IIIème Internationale retentisse à travers le monde comme l’annonce des grands changements prochains ! VIVE LE SOCIALISME RÉVOLUTIONNAIRE FRANçAIS ! VIVE L’INTERNATIONALE COMMUNISTE ! |
Perspective COMMUNISTE
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