Trebujena est une ville de la province de Cadix peuplée de 7 000 habitant.e.s située près de l'embouchure du Guadalquivir, où les vignes cèdent la place aux marais. Les maisons sont blanchies à la chaux et leurs habitant.e.s votent pour le Parti communiste depuis 36 ans. 70% des personnes affiliées à Izquierda Unida ici appartiennent également au PCE. Trebujena est un îlot rouge entouré de villes et de villages gouvernés par le PSOE ou le PP.

À Trebujena, les communistes ont remporté toutes les élections avec une moyenne de 50,7% des suffrages, à l'exception d'une interruption de trois ans (1987-1991) avec un maire socialiste, Antonio Cabral .

Le non à l'OTAN est arrivé en tête, des manifestations ont eu lieu dans les rues contre le traité de Maastricht, qui constitue le fondement politique de l'UE, et 70% ont voté contre la Constitution européenne.

Ici, en 1987, le syndicat CCOO se mit en grève contre Steven Spielberg lorsqu'il voulait faire un tirage au sort pour des figurants, en sautant la liste des chômeurs. Il y a un fort esprits communiste qui prend racine dans le franquisme tardif grâce au mouvement des travailleurs journaliers.

À Trebujena, on parle de politique, d'activisme en mouvement et d'une certaine fierté de "résistance". Les habitant.e.s ont lu de nombreuses chroniques écrites par des étrangers sur leur ville, "le dernier bastion rouge".

Sur certaines fenêtres de la ville, des drapeaux républicains, soviétiques, andalous et de l'Union andalouse des travailleurs (SAT) sont suspendus . Dans une rue voisine, il y a un drapeau rouge avec la faucille et le marteau, de ceux de la liste d'union Podemos-IU (Adelante Andalucía). Il y a des graffitis sur les murs des maisons et des affiches électorales "d'Adelante Andalucía" collées sur les murs, ainsi que d'autres affiches où le logo de la PCA apparaît.

Il y a trois décennies, deux électeurs sur trois votaient pour le Parti communiste. À l'heure actuelle, cet électorat a régressé, mais il est toujours debout: Lors des élections autonomiques de 2015, IU a obtenu le résultat le plus bas de son histoire : 43% des voix.

Trebujena est une ville dotée d’un tissu associatif très puissant et d’un conseil municipal qui s’associe généralement aux manifestations de ses habitant.e.s lorsqu’ils réclament des choses à la Junta de Andalucía.

Dans la commune, il existe un centre de santé, deux écoles et un institut public, ainsi qu'un autre institut de formation professionnelle mis en place par le conseil municipal lui-même (une rareté administrative), qui propose un enseignement secondaire; une formation de programmation Web; une formation en cuisine; une autre de Rayo Technician pour le diagnostic médical et deux formations d'infirmière auxiliaire. Entre 35 et 40% de la population active (environ 3 000 personnes) travaillent pour la santé publique: il existe des bus qui vont et viennent tous les jours à Séville et répartissent les employés entre les différents hôpitaux de la capitale.

Dans toute la démocratie, il n'y a qu'en 1987 que le Conseil municipal fut à majorité socialiste à Trebujena. Manuel Chaves , alors président du gouvernement andalou , s’est rendu dans la ville et a prononcé une phrase restée célèbre dans la ville : "La démocratie est enfin arrivée à Trebujena".

En 1991, IU récupére le conseil municipal avec le meilleur résultat de son histoire municipale : neuf conseillers sur les 13. Lors des élections municipales de 2011, lors d'un rassemblement à Trebujena, le président de la Diputación de Cádiz et secrétaire provincial du PSOE, Francisco González Cabaña déclarait: "Si le mur de Berlin s'est effondré, le mur communiste de Trebujena peut également s'effondrer". Le mur n'est pas tombé, il est devenu plus fort. Le maire communiste de la ville, Manuel Cárdenas, lui répondant : "Ce n'est pas un mur de pierres, mais d'ouvriers".