Aspropyrgos, Eleusis et Thriassio sont des communes industrielles situées à l’ouest d’Athènes. Le zoning de Thriassio se trouve juste derrière les aciéries. Les ouvriers de dizaines d’entreprises de Thriassio ont répondu massivement à l’appel de la délégation syndicale des aciéries et des 400 sidérurgistes. Ils ont arrêté le travail de 12 à 15h, ont quitté leurs entreprises et ont participé à un rassemblement de solidarité. Avec des élèves des environs, des étudiants, des femmes et des ouvriers, ils ont uni leurs voix et leurs mains. Ils comprennent que la lutte de cette usine est la leur, comme elle est celle de toute la classe ouvrière du pays. Hier, des milliers de travailleurs de Thriassio ont rejoint les grévistes aux portes de l'usine. Ils ont massivement et résolument mis à l’arrêt pendant trois heures les usines et les lieux de travail de Thriasio, coupé les interrupteurs des machines, arrêté les chaînes de production pour rejoindre leurs collègues en grève. Certains d'entre eux se mobilisent car ils subissent des attaques similaires de leurs patrons. Ont participé à l’arrêt de travail des ouvriers des cimenteries Halips, des usines Maltezos, de Vivechrom, de Nounou, de Halyvourgiki, de la filiale de Hellenic Petroleum, de Petrogaz, de Pyrkal, des zones des chantiers navals, des supermarchés Lidl et Dia, de Kanaki, etc. Sont arrivés aussi les ouvriers de la société Karipidis, qui sont en lutte depuis trois ans. Une importante délégation du Parti communiste de Grèce (KKE) était présente, emmenée par Giannis Protoulis, membre du Comité Central et député.
C’est dans la lutte que nous ouvrons la voie
S'exprimant lors d'une concentration Giorgos Sifonios, président de la délégation syndicale de l'usine, a lu la lettre que les sidérurgistes grévistes ont adressée aux travailleurs des deux autres usines du même patron à Volos. «Après 25 jours de grève, nous donnons aujourd’hui une réponse catégorique. Nous répondons aux acolytes et aux partisans de Manessis [le patron], que notre délégation maintient résolument sa position. Nous sommes déterminés parce que nous voulons les 8 heures et l’annulation des licenciements. Leur but est de briser la lutte et l'unité des travailleurs. Ils n’y parviendront pas », a-t-il déclaré. « Les travailleurs n'ont aucun autre issue que les « Aciéries », leur lieu de travail organisé. La délégation mène la lutte avec le mouvement syndical de classe et le PAME, qui a dès le début soutenu notre lutte. Nous avons avec nous tous les travailleurs, les étudiants, les simples gens, les chômeurs pour combattre les mesures anti-ouvrières. Chaque travailleur doit être organisé là où il est et répandre partout cette lutte. Et s’ils ne peuvent lutter, ils doivent dénoncer les syndicalistes de compromission. Tous sur les routes pour renverser cette politique des taxes, de la pauvreté et de la misère. »
Soutien de tous les coins du pays
La solidarité matérielle arrive chaque jour sans arrêt. Un camion avec 2,5 tonnes de pommes de terre est arrivé hier après-midi à l'usine. Il a été envoyé par les agriculteurs membres du PASY de Larissa à titre de petite contribution, comme ils ont déclaré, aux grévistes et leurs familles. La solidarité des agriculteurs de Larissa ne s'arrête pas là. Ils ont annoncé qu’ils viendraient samedi matin eux-mêmes à l’usine pour exprimer leur solidarité et livrer 3 tonnes de nourriture qu'ils ont récoltée. Les étudiants et les enseignants du lycée Mandras ont récolté 160 euros pour les grévistes. Le personnel des crèches d’Aspropyrgos qui travaille sans être payé depuis trois mois a apporté de la nourriture. Les travailleurs de la voirie de Thriassio ont apporté un soutien financier et un peu d’huile. Une agitation particulière s’est fait sentir à l’arrivée d’une délégation de l’île de Samos. La délégation est venue par avion pour transmettre la solidarité et une aide financière de 760 euros de la part du Mouvement des femmes progressistes, du Centre des ouvriers, du Secrétariat du PAME et de l’assemblée populaire. La sympathie envers les grévistes des « Aciéries » s’est exprimée par une résolution du Conseil des étudiants en droit de Komotini qui ont remis 1.000 de soutien. Un soutien financier de 570 euros, a été offert aux sidérurgistes par les Comités populaires de Kavala et Xanthi, l'Association des Femmes de Dramas et du Secrétariat du MAS (Front des étudiants) de Xanthi. Diverses organisations syndicales et associations ont également transmis leur solidarité.
Solidarité internationale
Des messages de solidarité et de soutien à la grève continuent d’arriver de syndicalistes de l'étranger. Sont arrivés des messages de solidarité suivants : Comité syndical des ouvriers de Stapelschikov à Leningrad, en Russie ; Fédération unitaire des travailleurs des mines, de la métallurgie, de l’énergie, de la chimie et des industries connexes de Colombie ; Comité syndical de la Fédération mondiale des syndicats ; Sidérurgistes de Arcelor Mittal, Liège, Belgique.
Volos : arrêt de travail de métallurgistes
Une concentration militante dynamique s’est tenue à l’extérieur des Aciéries de Volos hier. Les travailleurs de plusieurs entreprises métallurgiques ont participé à un arrêt de travail de trois heures. Y ont participé des syndicalistes regroupés dans le front syndical PAME ainsi que des étudiants membres du MAS. Etaient présents des métallurgistes de 3 entreprises différentes, ainsi que des travailleurs de Coca-Cola, du Centre des ouvriers de Larissa et d’autres syndicalistes. Les grévistes de l'usine d’Aspropyrgos ont une nouvelle fois appelé leurs collègues de Volos à le rejoindre dans la lutte afin de ne pas laisser passer les plans d’attaque du patronat. Les responsables syndicaux des Aciéries de Volos étaient absents. Ce sont eux qui avaient mis leur signature au bas du plan scandaleux de Manessis. Ils étaient partis dans une autre usine de la région, à titre de protestation. Pendant ce temps, le travail s’est poursuivi dans l’usine, car le patron a menacé les ouvriers et les a empêché de participer au rassemblement qui s’est tenu aux portes de l’usine.
« Nous restons ici avec eux ... »
Extraits du discours de Maria Deli, épouse d’un sidérurgiste en grève, au rassemblement d'hier à Eleusis. « Je suis fière d’être l’épouse d’un sidérurgiste. D’un métallurgiste en grève avec ses collègues, unis comme les doigts de la main, depuis 25 jours aujourd’hui, devant les portes de l’usine. Ces derniers jours, la nécessité de mettre sur pied un « Comité de lutte des femmes des sidérurgistes grévistes » est plus intense et notre effort se poursuit. Laissez-moi vous dire deux mots et je crois que je peux m’exprimer au nom de toutes les femmes des sidérurgistes grévistes. Nous sommes les femmes des travailleurs qui, chaque jour, risquent leur vie quand ils passent les portes de « Dachau » (c’est ainsi qu’ils appellent leur usine). Tous les jours, nous vivons avec la crainte des accidents. Les coups de chaleur et les brûlures sont fréquents. Nous, les femmes des métallurgistes, nous essayons de répondre aux besoins de nos familles avec 200 ou 250 euros par semaine. Les camarades savent que nous et nos enfants sommes à leur côté, nous soutenons leur lutte et nous nous sentons très fières de nos compagnons qui ne courbent pas la tête au chantage et à la terreur du patron. Nous sommes particulièrement fiers que nos propres camarades aient choisi la voie de l'honneur et la dignité. Ils ont choisi la lutte ouvrière héroïque pour défendre le pain et l'avenir de nos enfants. Le patron doit savoir qu’il a en face de lui, non seulement les 400 sidérurgistes, mais aussi les 400 femmes des sidérurgistes et les 800 enfants des sidérurgistes. Là où nous en sommes arrivés, il n’y a pas de recul possible pour les sidérurgistes et leurs familles. Nous ne vivrons pas avec 500 euros ! Nous sommes ici avec eux, pour les soutenir. Pour joindre notre force à leur force ! Pour soutenir leur détermination. Et leur courage dans leur lutte ! Nous sommes ici avec nos enfants sans psychologues. Comme vous le savez, le ministère des photocopies[1] a proposé que des psychologues viennent « expliquer » à nos enfants les effets de la pauvreté, de l'exploitation et du chômage. Nous parlons à nos enfants, nous leur disons la vérité. Et l’exemple à suivre de leurs pères. Nos enfants sont fiers de leurs pères. Ils prennent des leçons de vie de la lutte des sidérurgistes. Ils apprennent aujourd’hui que leurs pères ouvriers ne baissent pas la tête devant l’exploitation et le patronat, qu’ils ne mendient pas leurs droits mais les exigent, qu’ils mènent la lutte. Nous devons toutes les mères comme nous, toutes les mères qui élèvent ceux qui seront la classe ouvrière de demain, enseigner à nos enfants d’être fiers d’être des enfants de travailleurs! Leur apprendre que le droit est celui des travailleurs ! Nous devons leur enseigner que leurs vies et leur avenir dépend et dépendra de la lutte de classe, de l'unité et de la solidarité de la classe ouvrière, de leur classe. Rien n'a été facile dans nos vies, rien ne nous a été donné, ce que nous avons, nous l’avons obtenu par nos efforts et notre lutte. Nous savons que ce combat que nous menons, à l'avant-garde de nos camarades, est difficile. Nous voyons, cependant, que cette lutte a dépassé les portes de l’« Aciérie », qu’elle est devenue un enjeu pour tous les travailleurs dans tous les lieux de travail, dans chaque industrie, qu’elle est devenue un enjeu pour tous les habitants de chaque quartier, de chaque ville, de chaque village. Le PAME et les associations de classe étaient avec nous dès le début, ainsi que le KKE. Dès le début, cette lutte s’est basée sur les résolutions et décisions des syndicalistes, des associations, des fédérations de femmes et de jeunes, des comités populaires, des comités de chômeurs, des étudiants, etc. Dès le début, une rivière de solidarité s’est manifestée envers les sidérurgistes et leurs familles. Une rivière de solidarité qui devient petit à petit un torrent qui charrie une aide financière et de la nourriture pour nos familles. Nous saluons la grandeur de la solidarité de la classe ouvrière et de notre peuple. Nous saluons la solidarité internationale de tous les travailleurs. Nous sommes debout la tête haute, avec les sidérurgistes et nos enfants. Nous ne cédons pas à leurs menaces. Nous ne cédons pas à leurs licenciements. Nous ne cédons pas au chantage et au terrorisme. Nous nous renforçons par la solidarité de classe. Nous nous renforçons par la force et l'unité de la classe ouvrière et de notre peuple. Pour nous, il n’y a pas de marche arrière. Nous continuons avec tous les travailleurs. Plus forts, plus unis, plus collectivement, plus organisés, avec d’esprit de classe. La victoire des sidérurgistes sera la victoire de la classe ouvrière toute entière. La victoire des sidérurgistes sera la victoire de tout le peuple. Nous sommes confiants qu’elle viendra, parce que c’est la voie à suivre. »
« Le courage de ne pas céder »
« Nous sommes en grève depuis 25 jours, avec le courage de ne pas céder, de continuer la lutte et d’ouvrir la voie à la classe ouvrière toute entière. » C’est la promesse donnée par George Sifonios, délégué principal de l’« Aciérie grecque », lors de l’assemblée générale qui s’est tenue hier après-midi sur la place centrale d'Eleusis. Les sidérurgistes en grève, les travailleurs, les chômeurs, les femmes et les jeunes de Thriassio et des environs ont participé massivement au rassemblement organisé hier par la délégation syndicale. Ils ont transmis ainsi le message que « les sidérurgistes ne sont pas seuls » dans la lutte fière et héroïque qu’ils mènent. « Sans nous, la machine ne tourne pas, les travailleurs peuvent se passer du patronat ! » Tel était le slogan qui retentissait sur la place et dans les rues d’Eleusis. Car tel est le message de cette grande grève en cours.
[1] Maria fait référence au ministère de l’enseignement qui n’a pas pu fournir de manuels scolaires aux enfants, contrairement aux autres années, et qui a demandé aux familles de payer des photocopies.