Ségolène Royal (PS), qui caracole actuellement dans les sondages pour l’investiture du PS, poursuit sa campagne dans le registre «le moins à gauche» qu’elle s’est choisi.

Selon une longue interview qu’elle a donnée au quotidien Les Échos, son credo, peu original, est clair: «Il faut réconcilier les Français et l’entreprise.» Elle veut substituer à «l’antagonisme traditionnel entre le Capital et le Travail» «un nouvel équilibre dynamique alliant la performance économique et la justice sociale». Il faut «tenir compte de manière équilibrée des besoins des entreprises et de la dignité des salariés». Bref, Ségolène Royal veut marier la carpe et le lapin.

Côté Travail, à part ne pas rejeter une hausse du smic sans toutefois s’engager sur le montant, il n’y a pas grand-chose. En revanche, côté Capital, pour reprendre ses termes, elle est plus loquace. À la place de «flexibilité», terme quelque peu décrié, elle préfère parler «d’agilité et de réactivité». Quant aux 35heures, il n’est pas question apparemment pour elle de revenir sur les entorses mises en place par la droite depuis 2002, puisqu’elle indique que «des assouplissements ont déjà été apportés. Peut-être faut-il aller au-delà pour que ceux qui veulent travailler plus puissent le faire». Villepin, Sarkozy ou Parisot ne disent pas autre chose.

Elle revendique «un statut fiscal très incitatif pour les investissements dans la recherche et l’innovation», ce qui est bien extensible. Quant au «coût du travail», le problème pour Royal, ce sont... «les charges»... c’est-à-dire le montant des cotisations patronales qu’elle veut faire supporter par la «fiscalité», c’est-à-dire en grande partie par les salariés!

Ajoutons à cela qu’elle persiste et signe ce qu’elle a déclaré récemment, que «personne ne doit être payé à ne rien faire», que «L’État doit réduire son train de vie, ses gaspillages».

Les lieux communs de Ségolène Royal, ses propos ambigus peuvent se confondre avec ce que déclare le centriste Bayrou(UDF). D’ailleurs, ce n’est pas tout à fait par hasard si le maire socialiste de Lyon, Gérard Collomb, s’est empressé d’envisager une alliance avec l’UDF. Au terme de «royalisme» qu’on lui accole, elle préférerait, dit-elle modestement, le terme de «ségolisme». Mais qu’avec ces idées «ségoliennes», Ségolène Royal ne fasse pas vraiment à gauche n’est en rien un problème pour son camp. Pour être la candidate du PS demain aux présidentielles, l’essentiel est d’apparaître susceptible de l’emporter face à la droite en essayant de conquérir les électeurs modérés, et de ne pas perdre ceux qui peuvent encore croire que le PS serait toujours à gauche. Si c’est le cas, ceux qui nous disent aujourd’hui qu’au sein de la gauche l’important est de débattre, ne trouveront pas incongru qu’avec ces propos orientés de façon à ne pas effaroucher le patronat, elle devienne leur candidate. À l’intérieur de son parti comme dans le camp de ses partenaires de la gauche, il ne s’agirait plus à ce moment que de se rallier à qui peut «battre la droite». Tant pis si cela ne se fait pas derrière des idées, un programme qui se placent, ne serait-ce qu’en paroles, sur le terrain des intérêts des salariés.

D'autres articles sur Ségolène Royale et ses idées:

-révélations du Financial Times

-Réflexions sur le Blairisme

Toutes les réflexions sont les bienvenues, même si elles soutiennent Ségolène Royale