Les soldats français (comme ceux des autres nations) n’ont rien à faire en Afghanistan, rien à faire à Abu Dhabi. Ils n’ont pas à tuer et à se faire tuer pour ces intérêts-là ! N’est-ce pas le dernier message, au nom de ses frères d’armes, de Lazare Ponticelli, dernier poilu, dont M. Sarkozy vient d’assister aux funérailles nationales ?
Accélération d’une rupture stratégique dans la politique extérieure française.
L’envoi de renforts en Afghanistan rompt avec le refus de Chirac de participer à l’attaque de l’Irak. Cette ligne historique d’autonomie de la France, affirmée symboliquement par le retrait en 1966 du commandement intégré de l’OTAN, à la suite d’une décision du Général de Gaulle (approuvée par le PCF), n’a cessé d’être transgressée. Sarkozy passe un cap. Dans la foulée du sommet de Bucarest, a laissé entendre que notre pays rejoindrait à nouveau le commandement militaire intégré de l’OTAN d’ici le 31 décembre 2008.
Sarkozy franchit un pas dans le détournement, déjà bien amorcé par les gouvernements précédents, des missions de l’armée française de la défense nationale à la participation à des opérations de guerre, agressives partout dans le monde. A Cherbourg, à l’occasion du lancement du dernier sous-marin nucléaire, il a explicitement mentionné la possibilité « d’avertissement nucléaire », c'est-à-dire de frappe « préventive », rompant avec la logique de « dissuasion ».
Le budget militaire de la France atteint 40 milliards d’euros. Tant d’argent pour faire la guerre sur toute la planète, pour financer les guerres américaines, pour nourrir les profits de quelques marchands de canons ! Alors qu’il en manque tant pour l’école, les dépenses publiques et sociales, et même pour servir des pensions décentes aux militaires retraités dont le gouvernement remet en cause les acquis. Mobilisons-nous plus que jamais pour la baisse des crédits militaires ! Le gouvernement veut encore les augmenter, notamment dans le cadre de l’UE et du nouveau traité de Lisbonne.
L’allégeance aux USA s’inscrit directement dans l’intégration européenne, dans la Politique de sécurité et de défense commune (PSDC) de l’UE.
Sarkozy a été on ne peut plus explicite là-dessus à Bucarest: « laissons cheminer l’Europe de la défense et nous continuerons à cheminer vers l’OTAN ».
En février, Hervé Morin, ministre des affaires étrangères affirmait lors d’un sommet informel à Munich : « c’est le moment où les Européens décident d’assumer leur part du fardeau ». Il précisait les objectifs de la présidence française de l’UE au second semestre 2008 en la matière : « l’OTAN et l’UE sont pour nous les deux volets d’une même politique de sécurité et de défense. Nous pouvons – et je dirais même nous devons – agir de front vers le renforcement de l'Europe de la Défense et vers la mise en place d’une OTAN plus réactive et plus flexible. » Tout cela en se saisissant de « toutes les opportunités et les instruments qui nous sont offerts par le traité de Lisbonne », c'est-à-dire notamment de l’augmentation des crédits militaires de chaque pays et l’affirmation de la vocation de l’UE à « avoir recours à une capacité opérationnelle s’appuyant sur des moyens civils et militaires dans les missions en dehors de l’UE… ».
L’UE est conçue depuis son origine sinon comme un supplétif de l’impérialisme américain, comme le « second pilier » de la politique extérieure des USA. Imaginer qu’elle puisse être un contrepoids à leur domination dans ce domaine comme dans les autres n’est qu’un leurre. Un leurre dangereux car il légitime l’action des eurocrates et rentre dans une conception du monde en terme d’affrontement dont l’UE serait un acteur impérialiste à part entière.
Construire la mobilisation populaire contre la politique guerrière de l’OTAN
Dans tous les pays se développe l’opposition aux choix des USA et de l’OTAN. En Italie contre l’agrandissement de la base militaire américaine de Vicenze, en République tchèque et en Pologne contre l’implantation de bases US de lancement de missiles, le peuple manifeste par centaines de mille.
En France, l’opinion publique est massivement hostile à l’alignement sur l’OTAN. A l’Assemblée, les députés de gauche protestent parce que le Parlement n’est même pas consulté. Cette agitation du PS va dans le bon sens mais ne peut faire oublier que les mêmes parlementaires viennent de ratifier avec Sarkozy le Traité de Lisbonne ou que Jospin n’a pas davantage daigné à son époque les consulter. La véritable opposition est à construire ailleurs. Les communistes en seront !
En 2004, le peuple avait manifesté massivement contre toute participation française à la guerre en Irak. Toutes les organisations et citoyens épris de paix doivent se préparer à des manifestations rassembleuses devant des dangers toujours plus grands.
-Retrait des troupes françaises en Afghanistan
-Maintien de la France hors du commandement militaire intégré de l’OTAN
-Sortie unilatérale de la France de l’OTAN et de la Politique européenne extérieure et de sécurité commune PESC.
-Baisse des dépenses militaires et (re)nationalisation des industries d’armement.