Le Left Democratic Front n'avait rien à se reprocher mais a été emporté par une situation politique globalement défavorable aux communistes et progressistes en Inde : Le clivage des castes et des religions polarisés par le BJP de Narenda Modi.

Le président du parti du Congrès a dû concéder jeudi une humiliante défaite personnelle dans la circonscription familiale d'Amethi, l'un des bastions traditionnels des Nehru-Gandhi. Et son parti a été largement battu dans le nord de l'Inde. Mais lot de consolation et par stratégie politique, c'est le Kerala qui lui sauve son honneur perdu.

Le Kerala, lot de consolation de l'Indian Congress

Au final l'Indian Congress remporte 37,3% des voix dans l'Etat du Kerala (avec une pointe à 64,7% pour Rahul Gandhi dans la circonscription de Wayanad) et 15 sièges. Ses alliés de l'IUML (Muslim league) remportent 2 sièges et 5,45% des voix. Le Congrès du Kerala (M) conserve son siège et rassemble 2,07% des voix et le Parti socialiste révolutionnaire (RSP - communiste) lui aussi conserve son siège et rassemble 2,45% des voix. La coalition dirigée par l'Indian Congress remporte 47,27% des voix, une progression du seul fait de la présence de Rahul Gandhi.

Pour le bloc d'opposition au gouvernement communiste du Left Democratic Front, cette élection est permise par une multitude de facteurs :

- La présence opportuniste de Rahul Gandhi qui a fuit le nord de l'Inde (où il était sur d'être battu par le BJP) pour venir dans un Etat engagé et pour relancer son parti.

- L'incarnation de l'opposition à Narenda Modi et donc l'incarnation du "vote utile" en faveur de la constitution d'un gouvernement central "laïc". Ce vote utile étant naturellement incarné par le parachutage de Rahul Gandhi au Kerala.

- La cristallisation des conflits religieux et de castes. L'Indian Congress, absent des combats menés par les communistes contre les nationalistes hindous avec les violences religieuses liées au temple de Sabarimala, récupère une partie de l'électorat radicalisé du BJP. Ce parti échouant une fois de plus à durablement s’implanter au Kerala (12,9% des voix).

Le CPI(M) sauve de justesse la circonscription d'Alappuzha

AM Ariff (CPIM) sera le seul député communiste du Kerala. Le député communiste sortant a obtenu 445.970 voix (40,96%) et une légère avance sur la candidate de l'Indian Congress (435.496 voix soit 40% des suffrages). Mais le Left Democratic Front a été emporté dans tous ses bastions (Kannur, Palakkad, Kasaragod ...).

Au niveau du scrutin, le CPI(M) conserve son leadership sur la gauche et rassemble 25,83% des voix (5.266.510 suffrages), un score en nette progression par rapport à 2014 (3,8 millions de voix / 21,59%). Le Parti Communiste d'Inde paie lui le prix fort de la présence de Rahul Gandhi à Wayanad et recueille 6,1% des voix et 1.233.886 suffrages (en recul par rapport à 2014 : 7,59% et 1,3 millions de voix). Mais le CPI(M) perd 4 sièges et le CPI son siège.

Mais les faits sont là, le Left Democratic Front ne parvient à rassembler que 31,93% des voix contre 47,27% pour ses principaux rivaux. Le Kerala a voulu sortir Narenda Modi du jeu politique national, et les électeurs-électrices ont choisi une forme de vote utile, renforcé par le parachutage de Rahul Gandhi, en faveur de l'Indian Congress.

Pinarayi Vijayan et son gouvernement se retrouve dans une situation difficile, les dirigeant.e.s de l'Indian Congress appelant à sa démission.