Malgré la réforme du système électoral, les forces représentant les intérêts des grandes entreprises ont conservé le plein contrôle de la législature. Ils ne pourront pas empêcher le pays de sombrer dans une crise profonde.
L'une des affirmations des opposants au gouvernement soviétique était qu'il n'y avait pas d'élections libres et qu'il suffit d'établir un régime démocratique, car les plus méritants accèderont automatiquement au pouvoir par un vote qui permettra une compétition loyale d'idées.
Ces rêves attendaient le même sort peu enviable que les autres - sur la prospérité, l'abondance, etc. La domination du marchant et du financier ne pouvait que subjuguer la sphère des élections, et le facteur décisif n'était pas l'esprit, l'honneur et la conscience des candidats, mais l'attrait aux ressources financières.
L'exemple du Kirghizistan peut être qualifié de référence. L'élaboration des programmes électoraux est vue ici comme un rituel fastidieux et s'effectue selon le principe « juste pour s'en débarrasser ». Ils sont remplis d'un ensemble de phrases sans signification et sans rapport, le plus souvent copiées sans réfléchir à partir de documents d'organisations politiques étrangères. Une ou deux pages de slogans vides, sans fondement, c'est toute la base idéologique des candidats. On en vient souvent à des absurdités. Par exemple, les promesses de multiplier les pensions et les prestations vont de pair avec des déclarations sur la privatisation totale et la réduction de la pression fiscale sur les entreprises.
Tous les efforts ont été déployés non pour convaincre l'électeur, mais pour l'acheter ou le séduire. Les rues, les autoroutes, les bâtiments étaient couverts d'affiches publicitaires, parfois de la taille d'un immeuble à plusieurs étages. Les votes étaient achetés - parfois directement entre 1000 à 2000 soms (équivalent à 10 à 20€), parfois par l'intermédiaire de comités où de fonctionnaires.
Cette pratique ne pouvait pas être modifiée par la réécriture de la législation. Le nombre de députés du Jogorku Kenesh, le parlement du Kirghizistan, a été réduit de 120 à 90, et si auparavant ils étaient tous élus par des listes de parti, maintenant le scrutin est devenu mixte - 36 parlementaires sont élus dans des circonscriptions uninominales, le reste par listes. La barrière de passage a été abaissée de 7 à 5 % et le seuil de participation a été complètement éliminé. De plus, le vote est devenu préférentiel - vous pouvez désormais choisir non seulement un parti, mais également un candidat spécifique.
Toute cette correction cosmétique n'a eu aucun effet sur la qualité du scrutin. Selon les données préliminaires, 6 partis entrent au parlement : Ata-Zhurt Kirghizistan, Ishenim, Yntymak, Alliance, Butun Kirghizistan et Yiman Nuru . Presque tous les candidats gagnants, y compris ceux des circonscriptions uninominales, sont de grands hommes d'affaires ; nombre d'entre eux ont déjà occupé des sièges parlementaires ou des postes gouvernementaux. La plupart d'entre eux sont fidèles aux autorités. Les forces politiques autorisées à incarner l'opposition, comme les partis Ata Meken (Patrie) et les sociaux-démocrates ne franchissent pas le seuil électoral.
La montée de la rhétorique religieuse est devenue une tendance inquiétante. Par exemple, le parti Yiman Nuru appelle à construire une société sur les valeurs islamiques. "Si nous continuons à dire que nous sommes un pays laïc, la fin sera désastreuse", déclare son chef Nurzhigit Kadyrbekov. De plus, pour la première fois, pas un seul député russe ne sera élu au parlement kirghize. Dans ce contexte, les paroles du président Sadyr Japarov qui explique que "nos sages ont choisi leurs meilleurs fils et filles" ressemblent à une parodie.
Il est évident que la nouvelle composition du parlement n'est pas en mesure de changer le cours du développement du pays, et elle ne mènera pas une telle tâche. Pendant ce temps, la situation au Kirghizistan empire de jour en jour. Les États voisins ont cessé de fournir de l'électricité et les ressources de la république elle-même s'épuisent. Les autorités font allusion à des pannes d'électricité progressives. Dans le même temps, les prix du charbon et de l'essence ont considérablement augmenté, alors qu'un hiver rude menace.
La situation ne peut être renversée que par le ralliement des travailleurs-travailleuses, par leur prise de conscience des causes de leurs problèmes. Il existe de nombreux signes d'un mécontentement croissant. Le taux de participation à ces élections était à son plus bas niveau, seulement 34%. Près de 10% des voix exprimées étaient des votes nuls. Dans trois circonscriptions uninominales, y compris dans deux aires métropolitaines du pays, la majorité des électeurs-électrices ont voté contre tous les candidats, obligeant à un report du scrutin. Mais cette protestation passive restera vaine si elle n'est pas menée par la gauche progressiste. Malheureusement, il n'y a pas encore de telles personnes au Kirghizistan, mais la vie elle-même exige leur apparition.
La Pravda
Résultats des élections législatives kirghizes :
Participation : 34,67%
Ata-jourt Kyrgyzstan (droite) : 16,85%
Ishenim (droite) : 13,53%
Yntymak (centre-droit) : 10,87%
Alliance (centre-droit) : 8,26%
Kirghizistan uni (droite conservatrice) : 6,77%
Yyman Nuru (islamistes) : 6,02%
Les autres partis ne franchissent pas le seuil des 5%
Sur les 33 circonscriptions uninominales, 35 sont gagnées par des candidats indépendants et 1 par les Sociaux-Démocrates (3,21% au scrutin de liste). 2 circonscriptions restent vacantes, les électeurs-électrices ayant rejeté les candidatures.
Le Parti des communistes du Kirghizistan n'est plus représenté au parlement depuis 2010. Pour ces élections, avec 8 autres partis, les communistes ont été interdit de scrutin par la Commission électorale centrale.