Qu'est-ce que le Kerala et Cuba ont en commun?

Pour commencer, le Kerala et Cuba sont de petits territoires - Kerala avec une population de seulement 33 millions d'individus et Cuba 11 millions. Les deux ont un taux d'alphabétisation des femmes très élevé, avec au Kerala un taux de 97,9% et à Cuba de 99%. Les deux Etats ont achevé leurs transitions démographiques avec une croissance proche de zéro. Enfin ces deux Etats ont des gouvernement défendant une idéologie socialiste-communiste.

La similitude la plus importante vient du service de santé publique, en particulier de la santé maternelle et infantile. Leurs résultats en matière de santé se comparent aux pays développés du monde. Le Kerala en matière de santé montre quelques indicateurs étonnants, avec un taux de mortalité infantile de 6 pour 1000, le même niveau que les Etats-Unis d'Amérique.

Le nombre de décès infantiles à Cuba pour 1 000 naissances vivantes est de quatre, soit moins que les États-Unis à six ans et à égalité avec le Royaume-Uni. L'espérance de vie à la naissance à Cuba est semblable à celui des Pays-Bas, du Royaume-Uni et des États-Unis. La couverture vaccinale atteint 99%. Les résultats de Cuba en matière de santé peuvent être attribués à trois raisons principales: la volonté politique, les innovations dans développement des services de premiers soins et la participation collective.

En termes de volonté politique, les soins de santé de Cuba sont définis comme un droit fondamental dans la constitution. Les dirigeant.e.s cubain.e.s se sont engagé.e.s à fournir des services de santé fort pendant la lutte révolutionnaire en 1958. L'idéologie communiste a conduit à la réorganisation du système de santé pour assurer des soins pour toutes et tous.

Leur système de santé fonctionne à travers six niveaux hiérarchiques avec des instituts nationaux de santé, des centres hospitaliers provinciaux, des centres hospitaliers municipaux, des polycliniques, des polycliniques sectorielles et des polycliniques satellites. Les polycliniques sectorielles fournissent des soins de santé primaires et desservent une population de 4 000 à 5 000 personnes, qui sont étroitement soutenues par des polycliniques satellites, chacune dotée d'un médecin, d'une infirmière et d'un travailleur social.

Le modèle cubain de soins de santé se concentre sur l'atténuation des problèmes de santé avant que la maladie se déclare, au lieu d'engager des dépenses énormes dans le traitement des maladies lorsqu'elles surviennent. Ceci est permis grâce au développement des soins de santé de première ligne. Chaque zone résidentielle dispose d'un médecin qui est responsable d'environ 120 familles. Avec l'infirmier.e, le médecin rend visite à domicile à chaque famille au moins une fois par an. Ils effectuent un bilan de santé pour tout le monde et se renseignent sur les conditions sociales.

À l'aide de cette information, les patients sont classés en fonction de diverses «catégories de risque» et leur état de santé est surveillé en fonction de cette cartographie. Les patients classés comme «à risque élevé» reçoivent des soins médicaux réguliers et leurs cas sont référés à des polycliniques. Les données de santé sont générées à partir de cette base et utilisées pour traiter les patients et fournir des intrants dans l'élaboration des politiques de santé. Pour remédier à la pénurie de médicaments essentiels, l'utilisation de remèdes traditionnels, basés sur les connaissances autochtones, est encouragée.

La participation collective est un élément clé du modèle cubain. La constitution cubaine souligne que la participation du peuple dans le développement et le maintien du système de santé est nécessaire. La communauté joue un rôle actif en soutenant les efforts du gouvernement local pour fournir un accès aux soins de santé. Les organisations de masse, telles que la Fédération des femmes cubaines, sont essentielles pour apporter un soutien au gouvernement local. Ils le font en élaborant un plan annuel de santé, en s'impliquant dans sa mise en œuvre, avec l'aide des bénévoles de la communauté, pour surveiller la santé des personnes, gérer les centres de santé, organiser des campagnes de vaccination.

Ces expériences issues de différentes régions, Kerala, Cuba, montrent qu'un bon service de santé peut être fournis grâce à l'innovation, notamment dans la médecine de prévention, la mobilisation de toutes et tous et naturellement la volonté politique.

Ashok Alexander is founder-director of Antara Foundation