Dans la Pologne ultra-catholique et conservatrice d'aujourd'hui peut se souviennent que les communistes, à travers le Parti ouvrier unifié polonais (PZPR), ont mené la bataille de l’émancipation des femmes. Dans la Pologne d'avant-guerre, l'avortement est illégal jusqu'en 1932. A cette date, l'avortement est autorisé qu'en cas de viol ou d'inceste, et lorsque la femme enceinte a moins de 15 ans.

Libérer la "Matka Polka" (mère polonaise)

« Dans la République populaire de Pologne, la femme a les mêmes droits que l’homme dans tous les domaines de la vie politique, économique, sociale et culturelle » clame l'article 66 de la Constitution de 1952 de la République populaire de Pologne (voir affiche ci dessus) et c'est dans cette direction qu'en 1956, une nouvelle loi qui autorise un médecin à pratiquer un avortement "en raison des conditions de vie difficiles de la femme enceinte" est promulgué.

Cette loi renforce le droit à l'avortement dans la Pologne communiste et renforce le droit des femmes sur leurs corps. Une provocation pour l'Eglise catholique et ses réseaux réactionnaires qui emporteront cet état dans les année 90.

Le triomphe de la démocratie, de la Liberté et le retour à la normale

Les plus progressistes des réactionnaires de Solidarność nieront toujours le rôle des communistes dans la libération de la femme.

Mais pourtant la réalité montre que les premières victimes de la restauration du capitalisme ont été les femmes. Les coupes budgétaires dans le secteur public ont en effet eu un impact plus grand sur l’emploi des femmes, majoritaires dans ce domaine d’activité, tandis que la liquidation de crèches et d’écoles maternelles a forcé de nombreuses femmes à choisir entre vie professionnelle et vie familiale.

Avec la démocratie retrouvée, c'est surtout l'Eglise catholique qui reprend sa place dominante. Très vite un "compromis" est trouvé avec cette dernière et la Pologne libre et démocratique avec la loi de 1993 qui restreint l'accès à l'avortement pour 3 cas :

- En cas de grossesse résultant d'un acte illégal (viol, inceste, etc.) jusqu'à la douzième semaine de grossesse et que si un juge valide cet acte illégal,
- En cas de malformation grave du fœtus,
- En cas de risque pour la vie ou la santé de la femme enceinte.

Les conséquences sont dramatiques

- Les femmes ont largement recours aux avortements clandestins,
- Les femmes se rendent dans les pays limitrophes appartenant à l'Union européenne comme l'Allemagne, la Slovaquie, la République Tchèque, l'Autriche ou les Pays-Bas.
- Se développe le marché noir des pilules abortives
- En toute illégalité de nombreuses cliniques privées propose des avortements

Aucun chiffre ne mentionne le nombre de femmes qui meurent suite à des grossesses qui se déroulent mal, aucun chiffre ne mentionne le nombre de femmes qui meurent suite à des avortements clandestins ... Les seuls chiffres que nous avons sont ceux qui annoncent fièrement qu'il n'y a que 700 avortements légaux annuels dans cette belle Pologne démocratique et libre.

Après ce compromis qualifié de "pourri", les sociaux-démocrates polonais vont tenter de libéraliser le droit à l'avortement et donc de revenir au statut de 1956. Ces actions seront vaines puisque le grand héros de la libération de la Pologne face aux salauds de communistes, qu'est Lech Wałęsa (alors Président de la république) opposera son veto. Par la suite, les sociaux démocrates n’engageront plus de débat sur cette question pour ne pas froisser l'Eglise catholique.

Le triomphe des réactionnaires et l'urgence de la mobilisation

Bref, le projet de loi anti-avortement interdisant tout recours à l’IVG, adopté en première lecture à la Diète, n'est que la conséquence logique d'une situation politique qui place les réactionnaires et l'Eglise catholique au cœur du pouvoir. Le droit à l'avortement est pour cette classe politique masculine, bourgeoise, catholique et réactionnaire, le symbole du communisme.

Bref vous l'aurez compris, ce qui se passe en Pologne arrive aussi dans d'autres pays d'Europe. Il est temps de se mobiliser et de combattre pied à pied tous les réactionnaires. En France comme en Pologne, solidarité avec les femmes du monde entier.

Aujourd'hui, l'exemple polonais montre que l'urgence est au retour du communisme. Il faut abattre le patriarcat, abattre le capitalisme et construire une société nouvelle débarrassées des oppressions de classe, de genre et de "race".

pc : vous noterez que l'histoire de la Pologne "moderne" ne s'écrit qu'au masculin.