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Nicolas Maury Militant PCF Istres






 



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La France n'est pas aux travailleurs, elle est à 500 familles qui la pillent

Conjoncture dégradée, gouvernement courroucé, syndicats remontés. Les négociations sur les programmes de suppressions de postes s'annoncent délicates pour les entreprises. Et la préparation des plans à venir plus encore


Plans sociaux : la rentrée de tous les dangers
Et maintenant, Carrefour. Le distributeur présentera mercredi le premier d'une série de plans de départs volontaires. Pas plus de 600, pour débuter. À peine suspendu durant la trêve estivale, le bal des restructurations reprend, avec toujours plus de participants. Certains n'ont jamais quitté la piste, comme PSA ou Air France, qui ont engagé en juillet une négociation sur des baisses d'effectifs massives. D'autres se pressent en coulisses, de SFR à Sanofi.

Août a certes été épargné par sa crise financière rituelle, mais les carnets de commandes des entreprises continuent à fondre. L'automobile, le bâtiment et l'agroalimentaire sont mal en point. «Dans certaines entreprises, les DRH aimeraient prendre plus de temps pour sensibiliser leurs troupes avant d'annoncer un plan social, mais les directions générales sont pressées», témoigne Bernard Vivier, directeur de l'Institut supérieur du travail.

PSA n'a ainsi pas craint d'essuyer les plâtres face au nouveau gouvernement au lendemain de la présidentielle. La réponse de François Hollande a été claire: «L'État ne laissera pas faire», a-t-il martelé le 14 juillet, en contre-pied du célèbre «l'État ne peut pas tout» énoncé par Lionel Jospin en 1999 lors des rationalisations chez Michelin.

Cette posture va-t-en-guerre du chef de l'État avait certes été celle de Nicolas Sarkozy à Gandrange. Mais le volontarisme version 2012 s'est accompagné d'une violente stigmatisation de PSA et de son PDG. Quand Air France, dont l'État détient 15 %, ne suscitait aucune réaction avec son plan de 5 122 départs, le constructeur a été accusé de «dissimulation» par Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, et de «mensonges» par le président.

Un climat délétère peu propice au dialogue s'est alors installé. Avec de tels soutiens, les syndicats locaux se sentent en position de force. À ­Aulnay (PSA), Florange (ArcelorMittal) ou sur les sites mis en vente par le géant minier Rio Tinto, des experts craignent l'explosion. Dans ce contexte, les directions préfèrent, si possible, fractionner leurs plans de départs, comme chez ­Carrefour ou dans certaines banques, pour éviter d'afficher des réductions trop massives. Une façon d'atténuer les réactions politiques, syndicales et médiatiques.
«La France désavantagée»

Les déclarations de la nouvelle équipe au pouvoir ont semé une telle inquiétude chez les dirigeants que certains n'ont pas craint d'y répondre. Alors qu'Arnaud Montebourg planche sur un dispositif juridique interdisant aux groupes de fermer des usines viables, Paul Polman, le PDG d'Unilever, confronté à un bras de fer autour de son ancienne usine Fralib, est sorti de la réserve à laquelle s'astreignent, en public, les grands patrons. «Pour qu'une société reste vivante et crée de l'emploi, elle doit pouvoir fermer des usines non compétitives», a-t-il prévenu dans une interview au Figaro . «Les entreprises étrangères pourraient désavantager la France dans leurs investissements futurs», craint Raymond Soubie, ex-conseiller de Nicolas Sarkozy.

«Ce qui a fait le plus mal aux chefs d'entreprise, c'est qu'ils n'ont pas trouvé auprès du ministre des Finances l'écoute qu'ils recevaient d'habitude dans les gouvernements de gauche auprès d'un Delors ou d'un Strauss-Kahn», analyse un DRH du CAC 40. Selon lui, Michel Sapin, ministre du Travail et ancien locataire de Bercy, a tenté de jouer l'apaisement en multipliant les contacts cet été avec les dirigeants d'entreprises.

La reprise des négociations pour créer des contrats de sauvegarde, permettant de sauver des emplois en contrepartie de chômage partiel et de baisses de salaires, est vue comme la seule voie efficace. D'autant que le plus dur est à venir: «Dans six mois, on ne parlera plus de plans de départs volontaires, mais de plans sociaux secs, quand la crise touchera des entreprises qui n'auront pas les moyens de payer deux ans d'indemnités à leurs salariés», prédit Jean-François Colin, consultant en ressources humaines.

• Air France: les hôtesses de l'air font de la résistance

Très lourd, le plan présenté fin juin a suscité peu de protestations gouvernementales. L'État actionnaire (15%) a seulement exigé l'absence de départs contraints: 1712 des postes supprimés le seront suite à des départs naturels non remplacés. Le plan de départs volontaires, réservé au personnel au sol (3022 suppressions), sera ouvert en novembre. Pour les pilotes (594 suppressions), des incitations ­financières, équivalant à cinq ou six mois de salaire, seront proposées à ceux qui accepteront d'aller voler trois ans chez Transavia, la filiale low-cost. Des mises à dispo­sition de pilotes auprès de ­compagnies chinoises sont aussi à l'étude. La direction d'Air France a réussi à obtenir l'aval d'une majorité de syndicats pour les personnels au sol et les pilotes. En revanche, hôtesses et stewards (1506 suppressions envisagées) font de la ­résistance. Ils disposent d'un sursis jusqu'en avril, échéance des accords en vigueur.

• PSA Peugeot Citroën: retours de congé d'été sous haute tension

Attendue depuis deux ans, retardée pour cause d'élection, l'annonce de la fermeture de l'usine d'Aulnay (3000 personnes) le 12 juillet a provoqué chez le président de la République et son ministre du Redressement productif une série de déclarations parfois jugées excessives. Le gouvernement a été surpris par l'ampleur du plan, avec 1400 suppressions de postes à l'usine de Rennes, où les reclassements seront délicats. Très encadré, le dialogue social est suspendu à la remise du rapport commandé par le CCE au cabinet Secafi Alpha, prévue le 15 octobre. D'ici là, le 11 septembre, l'expert mandaté par Bercy rendra son rapport sur la situation de PSA. Le plus dur sera de «gérer» les syndicats d'Aulnay, très combatifs. Le redémarrage de l'usine cette semaine, après la fermeture du mois d'août, risque ainsi de se faire sous haute tension.

• Technicolor: l'usine d'Angers lutte pour sa survie

Le 6 septembre, le tribunal de commerce de Nanterre examinera les projets de reprise du site Technicolor d'Angers (décodeurs numériques), en redressement judiciaire depuis le 1er juin. Technicolor s'estime victime de la suppression des droits de douane de 14 % par la Communauté européenne et assure que son dernier site de fabrication en Europe lui a coûté 100 millions d'euros depuis 2005 et perd 800.000 euros par mois. Fleur Pellerin, ministre déléguée à l'Économie numérique, s'est ­emparée du dossier. Plusieurs réunions avec Technicolor ont été organisées afin de tenter de trouver une solution qui permette de préserver les emplois français. Problème: l'usine n'aura plus de commandes à partir de mi-septembre. Le risque d'une liquidation judiciaire, qui se traduirait par la perte d'emplois des 351 salariés actuels, est loin d'être exclu.

• ArcelorMittal: Arnaud Montebourg en tournée européenne

L'avenir de Florange va vite revenir sur le devant de la scène politique et sociale.

Ses hauts-fourneaux (500 des 2700 salariés du site) ne seront pas remis en activité d'ici à fin 2012. Le seront-ils début 2013? La décision sera sans doute prise en novembre, alors que la demande d'acier en Europe reste atone. Après avoir rencontré ses homologues belge et luxembourgeois, Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, se rendra en septembre en Espagne et en Allemagne pour obtenir une position commune vis-à-vis d'ArcelorMittal. Le 27 juillet, il a reçu un rapport assurant que le site de Florange est viable pour peu que le groupe sidérurgique investisse 400 à 500 millions d'euros. L'intersyndicale de Florange s'est dite «satisfaite» de cette analyse. Reste au gouvernement à convaincre Lakshmi Mittal. Pour cela, il faut le rencontrer…

• SFR: Free entraîne les opérateurs télécoms dans une spirale infernale

L'arrivée de Free Mobile contraint les opérateurs télécoms à réduire leurs coûts pour s'adapter à la baisse des prix. Début juillet, Bouygues Telecom a annoncé un plan de départs volontaires portant sur 556 postes. SFR, de son côté, a annoncé une réorganisation avec un plan de départs volontaires, qui doit être présenté en novembre. Chez France Télécom, qui compte 60% de fonctionnaires en France, il n'y aura pas de plan. Mais le groupe va enregistrer 30.000 départs en retraite d'ici à 2020 et n'a pas indiqué à quelle hauteur ils seront remplacés. Par ailleurs, les opérateurs mettent la pression sur leurs fournisseurs, équipementiers, distributeurs, centres d'appels, consultants… Selon l'économiste Bruno Deffains, plus de 50.000 emplois pourraient être menacés dans la filière dans les années à venir. Arnaud Montebourg, qui a reçu les syndicats et les patrons des opérateurs mi-juillet, s'est saisi du dossier.

• Fralib: le retour de bâton des promesses de campagne

Le dossier réunit tous les ingrédients d'un cocktail explosif. D'abord Unilever, une multinationale rentable qui a fermé une usine de thé qui ne perdait pas d'argent à cause de surcapacités en Europe. Inflexible, elle refuse de céder la marque Eléphant, avec la loi de son côté. Ensuite, le président Hollande, qui, pendant la campagne électorale, a soutenu les salariés, évoquant une nouvelle loi qui leur permettrait de racheter Eléphant pour un euro afin de relancer une activité de thé en coopérative. Pour continuer, des syndicats bouillants, qui occupent depuis des mois l'usine, tout juste rachetée par la communauté urbaine, avec ses machines. Et enfin un entrepreneur qui propose de produire des chips sur le site avec le soutien de distributeurs, mais pas des syndicats. Vendredi, ces derniers seront reçus à l'Élysée. Pour une opération déminage?


• Sanofi: très rentable, le labo est une cible de choix pour Bercy

«Nous avons suffisamment d'entreprises en grave difficulté pour ne pas tolérer que des entreprises qui font des milliards de profits détruisent de l'emploi.» Arnaud Montebourg est vent debout contre le projet de réorganisation des activités de recherche, production de vaccins et des fonctions support de Sanofi. Il argue que le groupe pharmaceutique, engagé dans un plan de réduction de coûts de 2 milliards d'euros, a affiché 5,7 milliards de bénéfice net en 2011. Le 2 juillet, le ministre a demandé au DG de Sanofi de ne pas évoquer ce projet devant les syndicats. Oukase non respecté, même si le nombre de suppressions de postes, estimé entre 1200 et 2500 par les syndicats, n'a pas été dévoilé. Les salariés du site de Toulouse (640 personnes), visé par cette restructuration comme celui de Montpellier, animent des «jeudi de la colère». La direction, qui s'est engagée à Bercy sur l'absence de licenciements secs, attend septembre pour préciser ses intentions.

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Nicolas Maury
[Fr] Perspective communiste, blog francophone ayant pour vocation le partage d’informations nationales et internationales. De proposer des analyses marxistes de l’actualité et du débat d’idée. Ainsi que de parler de l’actualité du Parti Communiste Français et du Mouvement des Jeunes Communistes de France.

[Cat] Perspectiva comunista, bloc francòfon dedicat a compartir informació nacional i internacional. Oferir anàlisis marxistes d’actualitat i debat d’idees. A més de parlar de les notícies del Partit Comunista Francès i del Moviment de Joves Comunistes de França.

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