Le cours du pétrole Brent a franchi mardi à Londres le seuil de 72 dollars le baril, un nouveau record, notamment en raison d'inquiétudes sur une éventuelle escalade militaire entre les Etats-Unis et l'Iran.
Nous revoilà parti pour une hausse du prix a la pompe du carburant dans nos stations essence
Le marché pétrolier est "bien approvisionné" malgré le niveau record des cours, a répété mardi l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), qui fournit environ 40% de la production mondiale.
Voilà encore une chose que nous ne contrôlons pas, et sous prétexte que l’Iran est menaçante et que la Chine consomme trop, et pour cela nous devons payer plus.
La hausse vertigineuse des cours du pétrole n’a pas contrarié la croissance des profits des compagnies pétrolières en 2005, au contraire.
Les 250 premières compagnies mondiales ont engrangé 243 milliards de bénéfices soit une hausse de 35% sur 2004. Parmi elles, Total, numéro 4 planétaire, affiche plus de 12 milliards d’euros et 31% de plus. Le PDG, et la presse à sa botte (voir les éditoriaux du Figaro sur le thème “ Vive les super-profits ”), tentent de justifier ce racket. C’est bon pour la France, disent-ils. Mais de qui on parle ?
Tous les choix de gestion opérés par Total visent à satisfaire exclusivement les appétits financiers voraces de ses actionnaires privés. Afin d’accroître leurs dividendes tout en allégeant leur fiscalité, le groupe n’a pas hésité à consacrer 3,5 milliards d’euros en 2005 – soit 17 milliards sur quatre ans – pris sur sa trésorerie, au rachat d’actions. Le PDG ne s’est pas oublié. Lui qui s’octroie des hausses de salaires de 10% l’an émarge à 2 787 000 euros annuels. Les allègements d’impôts sur la fortune et les stock-options décidés par le gouvernement lui feront gagner en outre plus de 340 000 euros.
Alors, c’est bon pour la France ? Ou c’est bon pour sa pomme ? En fait, le tout pour les actionnaires est payé par le pays. Au premier rang, on trouve les salariés, priés de se serrer la ceinture. Le salaire moyen dans le groupe a diminué de 8% en 2005 quand les dividendes payés ont augmenté, eux, de près du double. La facture pétrolière est épongée par la concentration dans les activités à très haute valeur ajoutée et le prix de l’essence et du fioul domestique ou agricole acquitté par les consommateurs. Le racket à la pompe est estimé à près de cinq milliards d’euros. Hormis quelques larmes de crocodile sur le rôle “ citoyen ” de l’entreprise, versées à l’automne par le ministre des Finances, l’État n’y trouve rien à redire. Il tire profit de cette fiscalité inégalitaire et injuste tout en allégeant dans le même temps les impôts des privilégiés de la fortune de ce pays.
Ajoutés à l’attitude de Total dans l’affaire du naufrage du pétrolier Erika, les records du groupe ne passent plus. L’exigence grandit dans l’opinion d’une autre utilisation de ces résultats insolents. Estimant à sept milliards les superprofits réalisés au-delà d’une marge déjà honorable de 15% de rentabilité, l’UFC-Que choisir réclame que cinq milliards soient prélevés pour aller au développement des transports en commun.
-Le gouvernement néglige le fait que les compagnies pétrolières empochent des bénéfices considérables grâce à la hausse du pétrole et ce sur le dos des salariés. Selon les dirigeants de Total : « Une hausse de 1dollar par baril se traduit par un résultat net en augmentation de 540 millions d’euros en année pleine.» Or, le prix du pétrole a presque doublé en un an; cela se traduirait par des bénéfices supplémentaires de plusieurs milliards en année pleine. En effet, le résultat net, part groupe, de Total a progressé de 18% au premier semestre 2004 pour atteindre 5,08 milliards d’euros ;
-Enfin, les mesures gouvernementales ignorent le rôle de la spéculation dans la hausse du prix du pétrole. On estime que la spéculation aurait majoré le prix du pétrole de 8 à 10 dollars par baril.
Dans l’immédiat, rien n’est décidé en faveur des salariés et des consommateurs qui perdent en pouvoir d’achat. Ils sont en fait triplement pénalisés : ils paient plus cher les produits pétroliers ; ils prennent en charge, à travers le budget de l’État, le coût des aides et des allégements consentis ; ils doivent aussi supporter les conséquences négatives de la baisse des recettes des caisses de la Sécurité sociale à cause des allégements sociaux accordés aux employeurs.
Le Parti communiste réclame une taxe sur ces profits exceptionnels et une modulation de la fiscalité pétrolière pour à la fois servir à des investissements utiles et ne pas pénaliser les consommateurs. Dénonçant un “ trésor de guerre économique équivalent à 24 fois le montant des crédits alloués aux ZEP ”, le président du groupe communiste à l’Assemblée réclame en outre une commission d’enquête parlementaire.
Avec la privatisation d’EDF-GDF, l’absence de mesures contraignantes sur l’utilisation des profits d’un groupe comme Total empêche une réponse démocratique et moderne au défi de l’avenir énergétique du pays. Le débat sur une maîtrise publique de ces choix devient vital pour la France.
Cette crise montre qu’il faut commencer, dès maintenant a envisager l’après pétrole, la question des biocarburant doit être envisagée rapidement :
Actuellement, 800.000 hectares sur 13 millions d'hectares cultivés en France sont dédiés à des productions non-alimentaires, telles que les plantes à fibres, les fleurs à parfum ou encore les plantes destinées aux biocarburants (colza, betterave).
Dans un contexte de pétrole cher (mais également d'agriculture française sinistrée), les biocarburants, dérivés du blé et de la betterave pour l'éthanol (mélangé à l'essence), ou du colza et du tournesol pour le bio diesel (diester), sont la solution pour le bien de tous!
Des solutions immédiates:
1°) Il est indispensable de stabiliser le prix de vente des produits pétroliers en modifiant la fiscalité de ces produits en fonction des variations du prix du pétrole brut par rapport à un « prix de référence » qui pourrait être, par exemple, le prix moyen des trois dernières années.
2°) Il faut mettre à contribution les compagnies pétrolières et les opérateurs financiers qui profitent largement de la hausse des prix du pétrole.
3°) Il faut encourager les économies d’énergie, la diversification des sources d’énergie, l’amélioration des capacités de production…
De tels objectifs nécessitent des dépenses supplémentaires et des incitations fiscales, notamment pour renforcer la recherche-développement. Le gouvernement français doit aussi prendre des initiatives au niveau européen et international pour instaurer des mécanismes de sanction des opérations spéculatives qui jouent un rôle non négligeable dans la hausse du prix du pétrole.