La soudaine averse, suivie de rafales de vent, a déchiré l'affichage du Ganashakti posée sur une planche de bois au bord de la route à Raja Subodh Mullick Square dans le centre de Kolkata.
Ganashakti est l'organe central du Parti Communiste d'Inde (Marxiste). L'idée derrière son affichage sur les planches de bois à travers les rues du Bengale est d'attirer l'attention de celles et ceux qui ne peuvent pas se permettre de l'acheter quotidiennement. Cette pratique existe depuis des décennies.
Nommé d'après Subodh Chandra Basu Mallik - qui était un combattant de la liberté, un industriel et un philanthrope, le carrefour routier a été le témoin d'activités politiques majeures pendant le mouvement d'indépendance.
De retour dans la ruelle, le septuagénaire Sashi Mukherjee, un enseignant à la retraite, n'est pas satisfait de la soudaine averse. Il remonta sur son nez ridé une paire de lunettes épaisses et brumeuses et lutta pour reconstituer la partie déchirée du Ganashakti avec ses doigts vieillissants pour en savoir plus sur les plans à venir du CPI(M).
Les militants-militantes inconditionnels du CPI(M) comme «Sashi da» n'ont peut-être pas aimé la pluie qui a déchiré le panneau Ganashakti, mais beaucoup dans le parti estiment que c'est le signal d'un retour en force du Front de gauche au Bengale.
Bien que, selon de nombreux observateurs politiques, ce sera une tâche presque impossible pour eux de s'emparer du pouvoir dans les élections au Bengale de 2021, mais les partis de gauche, dirigés par le CPI(M), ont cependant réussi à effacer l'étiquette de "insignifiant" dans la politique de l'État.
Au cours des deux dernières années après la réouverture de tous les bureaux du parti, la résilience du Front de gauche s'est fait sentir au Bengale, les cadres étant activement impliqués dans divers programmes de protection sociale avec la participation des jeunes à l'organisation de cuisines communautaires, de distribution de rations gratuites et de marchés de légumes, d'ouverture de logements sûr, de distribution de kits aux étudiants-étudiantes pour les études et de vêtements aux pauvres et aux nécessiteux.
Parmi de nombreuses initiatives de protection sociale, la gauche a maintenant mis en place des cliniques de santé pour 50 roupies et des maisons sûres pour les pauvres qui ne peuvent pas se permettre des installations de soins médicaux coûteux au milieu de la pandémie de Covid-19 dans l'État.
S'adressant à News18.com, le député communiste à l'Assemblée législative, Sujan Chakraborty, a déclaré: "Notre idéologie est de travailler pour le bien-être du peuple. Notre pays traverse une énorme crise économique, pandémique et les pauvres sont les plus touchés. Il n'y a pas de gouvernance au Bengale et nous avons donc lancé près de 700 cantines Shramojibi (cuisines communautaires). La réponse est très bonne."
Sur les plans liés à l'avenir, il a déclare : "Maintenant, nous proposons des unités de santé à travers l'État où les gens peuvent profiter d'installations en payant une somme modique de Rs 50. Dr Faud Halim qui est également membre du Parti Communiste d'Inde (Marxiste) s'occupe de l'ensemble du projet. Il a déjà ouvert un centre de dialyse à Rs 50 pour les pauvres. Je suis sûr que cette unité de soins sera un grand soulagement pour la population, lorsque les hôpitaux publics seront surchargés de cas médicaux.
Le CPI(M) a converti près de 30 bureaux du parti en foyers sûrs pour les personnes pauvres qui n'ont pas d'espace supplémentaire dans leurs logements pour la mise en quarantaine en cas d'infection à Covid-19.
Mais Chakraborty s'est plaint de ne pas obtenir le soutien du gouvernement de l'État pour gérer ces maisons sûres. "Pour gérer de telles maisons, nous avons besoin de l'autorisation du gouvernement de l'État, mais malheureusement, nous n'obtenons aucun soutien de leur part", a-t-il ajouté.
Le Dr Faud Halim, qui supervise le projet de clinique de santé à Rs 50, avait contesté les élections de 2019 à Lok Sabha, mais avait perdu contre le neveu de la ministre en chef Mamata Banerjee, Abhishek Banerjee. Son père, Hasim Abdul Halim, était le plus ancien président de l'Assemblée du Bengale, il est décédé en 2015.
L'hôpital de cinq lits du Dr Halim, qui est rattaché à sa maison du Dr Md Ishaque Road à Kolkata, s'est déjà révélé être une aubaine pour beaucoup de personnes qui ont besoin de dialyse quotidiennement. Son hôpital dispose de neuf appareils de dialyse et il ne facture que 50 Rs par dialyse.
Seuls les pauvres avaient l'habitude de visiter son hôpital, mais depuis le début du confinement, même la classe moyenne lui rend visite, leur situation financière devenant précaire et beaucoup perdant leur emploi.
De nos jours, les Partis communistes se concentrent également davantage sur les campagnes sur les réseaux sociaux au lieu des graffitis muraux et des affiches manuscrites enflammées. Beaucoup pensent que l'empreinte du CPI(M) sur les plates-formes de médias sociaux est une tentative de conjurer sa disparition dans le spectre politique du pays.
"Permettez-nous de mieux vous connaître. Êtes-vous intéressé à travailler avec le CPI(M) sur une plateforme numérique? Si, en tant qu'individu, vous souhaitez devenir bénévole numérique, veuillez remplir ce formulaire (lien vers le site Web)", lit-on dans une circulaire publiée par le CPI(M).
"C'est très important de nos jours lorsque d'autres parties mettent en œuvre de manière agressive le plan numérique. Peu de temps après les précédents scrutins de l'assemblée, la présence de la gauche avait diminué mais maintenant lentement on peut voir qu'ils sont sur les routes. Peut-être que leur nombre est moindre, mais leur présence est là dans tout l'État", déclare l'expert politique Kapil Thakur.
"Lors des dernières élections à la Lok Sabha, les voix du Front de gauche sont tombés à 7%, mais je pense que dans les prochaines élections le pourcentage de voix du Front de gauche augmentera considérablement. C'est très important car la montée du Front de gauche est synonyme de problèmes pour le BJP."
Tout en expliquant plus, Thakur déclare que dans toutes les 294 circonscriptions de l'Assemblée, si la combinaison Front de gauche-Congrès parvient à saisir près de 30.000 voix chacune, alors ce sera un avantage pour le Trinamool congress au pouvoir. "Sinon, cela favorisera le Bharatiya Janata Party", a-t-il dit. "La raison en est que la plupart des votes de gauche sont allés au BJP car la part des voix du TMC était plus ou moins la même. Ainsi, tout gain significatif vers la gauche ira à l'encontre de la brigade safran."
Un examen attentif de Khanakul de Hooghly, Basantapur à Arambagh et Barasat et Duttapukur dans le nord de 24 Parganas révèle que non seulement les bureaux du CPI(M) ont été rouverts, mais que les "camarades'' travaillent intensivement pour les besoins du peuple grâce à des dons collectés de porte à porte.
À Cooch Behar, le CPI(M) a réussi à rouvrir ses bureaux du parti dans les régions de Nigamnagar, Bhetaguri et Pilkhana de Dinhata. Le BJP a obtenu des résultats crédibles au Bengale du Nord dans les sondages de Lok Sabha 2019 et la hausse du CPI(M) à Cooch Behar, Alipurduar et Siliguri pourrait être un problème pour le BJP en conservant son pourcentage de vote.
A Bardhaman, Howrah, Bankura, Purulia, Jhargram, Malda, Dinajpur, South 24 Parganas et Birbhum, le Front de gauche a également réussi à rentrer dans les bureaux du parti avec l'intention de regagner la confiance des gens.
Bien qu'il ait été au pouvoir pendant sept mandats consécutifs de 1977 à 2011, le Front de gauche - après l'arrivée au pouvoir de Mamata Banerjee - n'était guère une force digne d'attention au Bengale occidental.
Dirigés par des dirigeants puissants comme Muzaffar Ahmad, Jyoti Basu, Hashi Dutta, Kamal Sarkar, Samar Mukherjee, Abdullah Rasool, Nirod Chakraborty, Mahadeb Saha, Anil Biswas, Pramode Dasgupta et Buddhadeb Bhat, la gauche a du mal à trouver leurs électeurs du Front de gauche pour trouver l'espace dans l'état. L'ampleur de la crise était alarmante et les a forcés à conclure une alliance avec le Congrès pour rester à flot dans la politique de l'État.
Mais maintenant, on peut voir des drapeaux communistes dans la plupart des régions du Bengale.
"Les jeunes camarades jouent un rôle crucial pour remettre la gauche sur les rails. Il serait insensé de les ignorer dans le contexte de la situation politique actuelle au Bengale. Peut-être que leur présence semble minime devant le TMC et le BJP, mais elle sera significative compte tenu des prochains scrutins de l'assemblée, car la gauche va certainement augmenter sa part des voix", déclare Thakur.
Actuellement, le CPI(M) et le Congrès vont de l'avant avec une "composition hétérogène'' pour contester le Trinamool et le BJP dans lesélections de 2021 au Bengale.
Dans les sondages de 2014, le CPI(M) n'a réussi à remporter que deux sièges au Bengale, après avoir dirigé l'État pendant 34 ans.
Lors des élections de l'Assemblée de 2011, la part des voix du Front de gauche dans l'État était de 39,6% et celle du BJP d'environ 4%. En 2016, la part des voix du Front de gauche a chuté à près de 26% et celle du BJP à augmenté de près de 11%.
De même, dans les sondages de Lok Sabha, la part des voix du BJP est passée de 6% en 2009 à 17% en 2014. En revanche, la part des voix du Front de gauche est passée de 42% en 2009 à environ 30% en 2014. En 2019, a encore diminué à 7%.
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