Monsieur le Président de la République,
Nous souhaitons attirer votre attention, sur les déclarations de haine qui prolifèrent dans les médias et sur les sites internet, depuis la sortie de notre jeune compatriote Salah Hamouri.
Certains médias israéliens affirment que dès sa sortie, il aurait déclaré lors d’une interview à l’agence Reuters que « le rabbin Yossef Ovadia mérite la mort ». Propos aussitôt démentis par Salah Hamouri lui-même, par voie de communiqué de presse, ainsi que par les journalistes de l’agence Reuters, preuve à l’appui, puisque l’entretien été enregistré.
La polémique ne cesse malgré tout de prendre de l’ampleur depuis deux jours en Israël, comme ici en France.
Le site « Jssnews.com » a publié un article au titre évocateur « : « Salah Hamouri mérite t-il de mourir ? » où sa mère est directement cité « Denise Hamouri peut être fière d’avoir mis au monde un assassin ». Monsieur Pasquier, président du CRIF a pour sa part signé un éditorial, qui reprend cette information erronée, intitulé « Salah Hamouri et Gilad Shalit », où les erreurs et les contre vérités concernant le cas de Salah Hamouri sont flagrantes.
Il n’est pas le seul, bien au contraire, puisque même les journalistes qui sont censés vérifier leurs informations et croiser leurs sources, ont montré encore une fois leur méconnaissance du cas de Salah Hamouri. Pour David Pujadas, il est devenu « le soldat Hamouri » comme Monsieur Longuet, ministre de la Défense, il y a quelques semaines. Mme Perrier Amélie, de France Culture, affirme que Salah a été enfermé pour « le meurtre d’un rabbin », que vous avez-vous-même consulté en vue de la sortie de notre compatriote... Cela pourrait en devenir comique si le fond de l’affaire n’était pas si grave !
Mais le pire est atteint à la conclusion de l’éditorial de Monsieur Prasquier : « L’un, parmi les premiers mots qu’il a prononcés à sa libération a parlé de paix entre les Israéliens et les Palestiniens (Gilad Shalit), l’autre a parlé de meurtre (Salah Hamouri). Nous serons durablement scandalisés par ceux qui rendront les honneurs à Salah Hamouri quand il viendra en France. ». Comment ne pas comprendre cette déclaration, comme une incitation à la haine qui fait craindre aujourd’hui le pire pour la sécurité et l’intégrité physique de Salah Hamouri, mais aussi de sa famille et de ses proches, directement visés par ses attaques calomnieuses.
Nous pensons que Salah Hamouri a la droit à la tranquillité aujourd’hui, après s’être fais volé presque 7 ans de sa vie par une armée coloniale.
Faut-il rappeler que Salah Hamouri fut arrêté illégalement à un des quelques 220 checkpoints en 2005 qui cisaillent la Cisjordanie ?
Faut il rappeler qu’il fut jugé par un tribunal militaire d’occupation en 2008, illégal au regard de l’ONU, pour un « délit d’intention », sans preuves, ni témoins ?
Faut-il rappeler, qu’il a purgé l’intégralité de sa peine dans un silence médiatique assourdissant et gouvernementale assez flagrant ? Faut-il rappeler, qu’il a même effectué près de 21 jours de plus de prison ; et que durant cette période, ses conditions de détentions ne respectaient pas les droits humains les plus fondamentaux comme certains le rappellent aujourd’hui...
Alors nous pensons que Salah Hamouri a traversé assez d’épreuves comme cela, pour qu’aujourd’hui on le laisse se reconstruire sereinement et profiter des retrouvailles avec sa famille.
Ne reculons pas alors que le chemin vers la paix est tracé !
Puisque vous semblez sensible à la culture allemande, je me permets de citer Johann Friedrich von Schiller, célèbre dramaturge et poète allemand du 18ème siècle qui disait : « La paix est rarement refusé aux pacifiques ». Salah Hamouri est un de ceux-là, comme des milliers de Palestiniens et d’israéliens qui militent pour une paix juste et durable dans le Proche et Moyen-Orient.
Alors ne lui refusons pas la paix ! Ni à lui, ni à tous ceux qui là-bas et partout dans le monde se mobilisent pour que le droit, la justice et la dignité humaine soient respectés et appliqués.
Loin d’être un conflit communautaire et religieux (comme certains veulent nous le faire croire ou penser), ce conflit, et surtout les moyens de le résoudre, sont seulement d’ordre politique.
La solution est aujourd’hui connue. Cela passe par un vote positif au conseil de sécurité et à l’assemblée générale de l’ONU dans la prochaine période pour accepter la Palestine comme 194ème État membre de cette institution. Même si ensuite, le chemin restera long concernant la question du mur, des colonies, du retour des réfugiés, de l’accès à l’eau, des prisonniers politiques...
Alors, Monsieur le Président de la République, nous nous joignons au comité national de soutien à Salah Hamouri, coordonné par Monsieur Lefort, pour vous demander de prendre les mesures nécessaires pour garantir la sécurité de Salah Hamouri et des proches, à Jérusalem, mais aussi lors de ses prochaines venues en France, quand il souhaitera venir pour remercier tous ses soutiens.
Nous vous prions également de demander à monsieur Prasquier des excuses publiques pour rectifier ses propos, dont l’ambigüité nous laisse croire que Salah Hamouri pourrait être en danger à l’occasion d’une visite en France.
Et nous vous demandons d’avoir la même position à l’ONU, que lors du vote positif à l’UNESCO, pour avancer vers le chemin de la paix, comme des millions de Français l’encouragent en ce moment.
Enfin, plutôt que de tout mettre en œuvre pour casser un droit institutionnel comme le droit de grève à propos des agents de sécurité des aéroports, il me semble qu’il serait plus digne et plus conforme à votre fonction présidentielle d’exiger le respect du droit international.
Comment les autorités françaises, européennes et l’ONU ont elle pu accepter un condamnation prononcée par un tribunal militaire d’une armée d’occupation ? Cela est illégal au regard du droit international. Quel texte de droit international permet de condamner au nom du « délit d’intention » ?
Le gouvernement français se grandirait également à demander réparation du terrible préjudice qu’ont subi Salah Hamouri et sa famille.
Recevez Monsieur le Président, mes sincères salutations républicaines.