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Socialisme et communisme en Amérique Latine

Excellent article de Danielle Bleitrach sur les "dissidents cubains"


Les dissident cubains sont bien décevants
Les 7 premiers ex-prisonniers « Dissidents » qui sont arrivés en Espagne y ont fait les déclarations publiques qui ont laissé les Espagnols, comme on dit, « sur le cul » . Ceux-ci attendaient au moins des mots de reconnaissance au lieu des critiques dont ils ont été l’objet de la part des nouveaux arrivants. Cela devrait un peu nous aider à réfléchir sur ces « campagnes » montées de toutes pièces sous couvert de défense des droits de l’homme, sur leur origine, leur finalité. Réfléchir également sur la manière dont elles imposent à leurs bénéficiaires « une surenchère » permanente pour continuer à demeurer acteurs dans ce que l’on peut appeler l’industrie de la désinformation avec subsides de la CIA , mobilisation du système de propagande et donc un auto-entretien de la dite désinformation. Il s’agit d’ un modèle éprouvé qui semble dirigé en priorité vers la gauche même si les « héros » défendus sont souvent d’extrême-droite…

Résultat autant sont bruyantes, simultanées sur plusieurs fronts à la fois, les campagnes en faveur des « héros du monde libre » autant le silence est fait sur d’autres cas, parmi eux les 5 Cubains ou le Français emprisonné en Israël Salah hammouri. Nous sommes devant de véritables montages, le mensonge érigé comme un des beaux arts autour de cas qui bénéficient de publicité pour être utilisé contre un pays qui a le tort de revendiquer sa souveraineté. Le produit d’ une « industrie » que l’on pourrait qualifier de « culturelle » tant elle semble obéir à des règles de mise en scène, si la culture n’était pas le cadet des soucis de ceux qui sont impliqués dans la réalisation des scénarios.

Une conférence de presse étonnante

Mais revenons aux « dissidents cubains », les 7 premiers du lot sont arrivés à Madrid où ils ont tenu une conférence de presse. D’abord disons et la photo en témoigne , que l’apparence des ces gens n’est pas celle de prisonniers amaigris par des conditions de détention terribles mais qu’ils paraissent au contraire jouir d’une forme qui fait honneur à l’excellence bien connue du système de santé cubain. Notons qu’on retrouve la même santé resplendissante chez d’autres martyres de la liberté cubains que sont les épouses, les dames en blanc, qui en général font plaisir à voir tant elles sont grasouillettes. Les prisonniers libérés sont rondelets à souhait, fringants et en « descangayados »(1) non faméliques comme la presse les décrivait avant qu’ils ne soient mis en liberté .

Malgré ce bon état visible, les « élargis » ont décrit des prisons cubaines à faire frémir : "Nous avons vécu parmi les rats, les blattes, les scorpions et les excréments" , a déclaré Julio Cesar Alvarez, journaliste de radio havanais de 65 ans, qui purgeait, avant sa libération, une peine de 15 ans de prison pour avoir collaboré clandestinement avec des médias américains et avoir diffusé de fausses nouvelles sur l’île soumise à une guerre de fait avec blocus. C’est ce même Julio César Gálvez, qu’ un journaliste a interrogé « Comment vous sentez-vous à Madrid ? » la réponse espérée était sans doute une larme de reconnaissance sur une joue amaigrie et la voix enrouée d’émotion balbutiant quelques phrases de reconnaissance pour ses « libérateurs »d’une telle abomination, mais non cet homme en pleine forme mais mal embouché à rétorqué : "ici en Espagne je ne suis pas un homme libre parce que MON avenir ne dépend pas de moi mais des fonctionnaires qui m’imposent leurs décisions" .

Un titre du journal espagnol El Mundo dit aujourd’hui dans sa une : « Les Dissidents cubains dénoncent le fait qu’en Espagne ils ne sont pas libres« .

Un autre « élargi » Normando Hernández 40 ans a renchérit sur les conditions terribles.Il aurait vu un prisonnier s’immoler par le feu, d’autres se mettre de l’urine dans les yeux, du pétrole sur le corps pour qu’on s’occupe d’eux, qu’on les soigne ou simplement pour qu’on réponde à leurs demandes.Ces conditions, selon lui, entraînent des maladies chroniques chez les détenus, avec des épidémies de tuberculose et de dengue. Cet homme paraissait pourtant dans d’excellentes conditions mais le plus frappant est que dans la foulée de cette horrible description, il a dénoncé l’hospitalité espagnole : « Nous sommes dans un hôtel avec d’autres immigrants. Dans cet hôtel nous n’avons pas de bains privés. Dans ce lieu il n’y a pas d’intimité et ils me disent qu’ils vont nous déplacer vers un village proche de Valence pour vivre dans quelques baraquements où j’aurai à cohabiter avec environ 40 personnes« . Après il a lancé une revendication lourde d’ingrats ressentiments : « Je Crois que le Gouvernement de Zapatero s’est engagé à nous accueillir, il aura aussi nous fournir ce que nous nous méritons comme réfugiés, en ajoutant aussitôt que là où il voulait vivre était Miami.

Omar Saludes, un autre des « libérés » s’en est pris au Ministre des Relations Extérieures de l’Espagne, l’un des maître d’oeuvre de leur délivrance : « Il est inacceptable que le Ministre Moratinos demande que l’Europe lève la » position commune contre Cuba « , a dit Saludes, provocant et malgracieux. Vous noterez que ces gens en général – c’est une constante- libérés après une active propagande et intervention de la gauche n’ont rien de plus pressé que de soutenir la position de l’extrême-droite. Ce sont des gens de droite, des gens proches des idées qui fleurissent à Miami où un terroriste auteur d’assassinats dans toute l’Amérique latine peut être considéré comme un héros national. Qu’espère exactement la gauche en se lançant dans la promotion de tels héros ?

La passion politique se double le plus souvent d’un intérêt personnel manifeste et les deux sont consubstantiels. Ce qu’il faut bien comprendre c’est que ces gens savent tous qu’un avenir confortable pour eux dépend de la manière dont ils vont vendre leur histoire en continuant à nuire à Cuba, ils sont en quelque sorte condamnés à en rajouter même si la manière dont ils ont remercié les Espagnols ont choqué l’opinion publique, il est clair qu’ils vont tout faire pour obtenir des moyens financiers et une situation confortable qui passe par leur capacité à continuer le combat pour la mafia de Miami, elle-même totalement imbriquée dans la CIA. Mais il faut bien mesurer que l’atmosphère, le microclimat qui se développe autour de cette mafia et de ses stipendiés est totalement irréelle, il se créé un phénomène d’auto-conviction autour des rumeurs les plus folles, ainsi selon eux Fidel castro est soit mort depuis longtemps, soit complètement en état d’incapacité mentale et ses réflexions seraient écrites par quelqu’un d’autres. On hurle de joie à l’annonce de sa mort, le paradoxe étant que ceux qui sont en Europe adoptent la même ligne d’irréalisme et de surenchère. Ainsi Zoe valdes disait lors de la chute de Fidel castro qu’il était mort mais que les Cubains le cachaient. Ce fantasme permanent est consubstantiel aux avantages espérés, c’est une sorte de bulle , comme la mappemonde, avec laquelle on joue Chaplin dans le « dictateur ». Avoir droit à rejoindre le paradis, avoir tous les droits fait partie de cette vision. Miami, une belle voiture, une villa paradisiaque, une bimbo comme fiancée est l’ultime paradis des plus innocents et les photos envoyées aux familles restées au pays sont sur ce modèle. Mais quand « l’information » repose sur cette capacité à fantasmer on s’interroge. On peut dire que 80% des nouvelles qui sont publiés dans notre presse proviennent de sources aussi peu fiables.

Les commentaires des Espagnols devant les propos des « dissidents » ne se sont pas fait attendre. L’un d’eux a écrit une Lettre au journal El Mundo de Madrid en expliquant qu’il parlait au nom des Espagnols indignés par la conduite de ceux qui venaient d’arriver : « Je crois que, les renvoyer dans leur pays, est le mieux à faire, là le monsieur avec ses problèmes de bain privé n’aura pas à se plaindre et ils pourront raconter à leur président tous leurs problèmes et dire leurs plaintes ainsi que toutes leurs idées si merveilleuses de la liberté aux dépens des autres« .

Le commentaire fait par le journal en ligne Mompox dont le correspondant a assisté dans la capitale espagnole à la conférence de presse des Dissidents libérés arrivés depuis la havane à Madrid « Si c’est ça l’échantillon, comment sera le paquet ? »

Le mode de fonctionnement des « campagnes » pour la « liberté »

En lisant ces compte-rendus, on ne peut s’empêcher de penser à quelques cas , d’abord à l’éternelle Zoé Valdes qui bien qu’ayant été une enfant chérie du gouvernement de son pays, et étant venu ici en parfait accord avec le gouvernement, ne cesse d’inventer qu’elle a subi une répression, et depuis des années vend aux médias un martyre qu’elle n’a jamais subi. Elle sait sans doute à quel point sa notoriété usurpée sur le plan littéraire et qui relève plus de la littérature de gare que de tout autre chose, a besoin de cette fable de sa dissidence. j’ai déjà noté à quel point elle est dans l’excès, on peut même être assuré que 90% des informations qu’elle donne relèvent de l’affabulation pure et simple, cela ne l’empêche pas d’être invitée sur les plateaux de télévision, d’être considérée comme experte cubanologue, y compris et surtout par la gauche. est-ce que quelqu’un vérifie la crédibilité des sources ?

On peut également penser au cas de Valladeres le pseudo poète paralytique qui n’était ni poète, ni paralytique et qui a peine descendu de l’avion a abandonné la chaise roulante et depuis s’est révélé un agent zélé de la CIA. Si Zoe valdes écrit de la littérature de gare, lui n’a jamais écrit la moindre rime, alors que nous avions eu droit à une campagne extraordinaire sur le poète paralysé, et que Mitterrand lui-même par l’entremise de Regis Debray était intervenu pour le faire libérer. Les Cubains avaient prévenu le président socialiste français "vous avez à faire à un espion de la CIA affabulateur". Ce qu’il faut souligner à travers ce cas, c’est la permanence d’une stratégie, ceux qui sont sollicités en priorité pour prendre la défense de ces pseudos martyrs ce sont des gens de gauche (le maire de Paris est un puits sans fond pour opération de ce type) et si on peut trouver des « repentis » du communisme c’est encore mieux, voir des partis communistes particulièrement décadents comme l’euro-communisme en a produit. Il faut relire ce qu’à l’époque écrivait Yves Montand en se posant comme « conscience de la gauche » : Yves Montand disait, lors d’une interview : « Castro garde son ami intime [valladarès est devenu même intime] Valladarès en prison depuis plus de 20 ans maintenant. On l’a torturé et on lui a brisé les jambes. Valladarès a écrit un livre admirable, tragique, que j’exhorte les jeunes du Québec à lire. Il s’agit de Prisonnier de Castro. Ce livre a été introduit en France grâce à Monsieur Golendorf, un ami du cinéaste Chris Marker et de moi-même. Monsieur Golendorf a été trois ans [18 mois selon d’autres sources] durant dans les prisons castristes. Ce sont des documents authentiques, écrits de la main du prisonnier Valladarès lui-même.Il nous explique comment on torture, et comment on fait de la dissection sur des êtres humains (sic) à Cuba. Il nous dit où cela a lieu précisément. C’est affolant quand même de lire ça. J’ai eu du mal à l’admettre. » dans Interview de Yves Montand (2). Non seulement Valladeres était un policier sous Batista mais il avait en 1960 accompli des attentats meurtriers contre la population cubaine, comment la gauche française s’est-elle trouvée embringuée dans la défense de ce « poète paralytique » qui est devenu à sa sortie un fonctionnaire des Etats-Unis ? Mystère, comme il s’avère mystérieux que les meilleurs propagandistes de ce genre de « causes » soient des journaux dits de gauche comme El païs et le Monde.

Ce qu’il y a de commun entre Valladarés et les nouveaux libérés est le fait que la plupart n’étaient pas journalistes, ils avaient simplement été intronisé par reporters sans frontières ou du moins son porte-voix lui-même financé par la CIA, lié étroitement à la mafia de Miami, Robert Ménard. Et celui d’entre eux qui avait un passé de journaliste et les qualités requises était en fait un agent des renseignements cubains qui a établi sur eux le dossier qui a permis de les juger pour accepter de l’argent en temps de guerre de l’ennemi. Il est clair que les pseudo-journalistes arrivés en Espagne vont devoir gagner leur pitance non par leurs qualités journalistiques mais en pratiquant la surenchère. Ils ont déjà commencé et ont déclaré qu’ils allaient continuer pour empêcher que l’Europe change de « position commune » celle défendue par Aznar.

Le prisonnier glisse au statut d’otage d’une dictature

Le cas Ingrid Betancourt, plus récent avait soulevé les masses. Il ne devrait y avoir rien de commun entre une campagne du type de celle pour la libération d’ingrid bétancourt et celles en faveur des « dissidents cubains », puisque dans ce cas il s’agissait d’une otage et pas d’un prisonnier après jugement en fonction de lois. On ne peut pas confondre ou on ne devrait pas confondre le cas d’otages ou l’arrestation de gens que l’on maintient en prison sans jugement ce qui est le cas des prisonniers nord-américains à Guantanamo et dans d’autres lieux avec celui de gens ayant été jugés en fonction de lois. Le cas des élargis cubains est celui d’espions financés par une puissance ennemie et il faut noter que le fond des campagnes de soutien à des « dissidents cubains » est que l’on va dénier ce jugement, en faire des sortes d’otages d’un gouvernement dictatorial, ce qui est totalement invraisemblable mais est destiné à brosser un portrait de l’Etat cubain délinquant et pas un Etat de droit. Alors que l’Etat de droit cubain est en fait victime des Etats-Unis qui lui imposent blocus et terrorisme en violation de toute légalité internationale. C’est pourquoi on peut noter le parallélisme du traitement des pseudo- dissident cubains et des otages à libérer dans les médias.

Ce qui rapproche le cas Ingrid Betancourt de celui des « prisonniers » est alors la manière dont les médias montent une « héroïne » en grand danger, nous font pleurer sur son sort alors que les mêmes médias peuvent n’avoir pas un mot pour dénoncer le sort fait au cinq cubains. Ce déni peut atteindre des sommets quand lors de la Conférence de presse des septs « dissidents » libérés, Normando Hernández particulièrement prolixe sur l’atrocité des prisons cubaines s’est plaint du fait que les prisonniers étaient enfermés loin de leurs lieux d’origine, ce qui rendait difficile la visite de leurs proches, ceux qui ont rapporté de tels propos n’ont pas eu un mot non seulement pour les prisonniers de Guantanamo, mais même sur les 5 Cubains et aux visas d’entrée sur le territoire nord-américain qui est refusé à leurs familles. Aller de la havane à Santiago même si l’on prend deux points extrêmes de l’île est tout de même moins difficile, mais personne n’a songé à rapprocher les cas. Parce que le fond est que tout repose sur la définition a priori de qui est « démocrate » donc légal et qui ne l’est pas. Les Etats-Unis , la Colombie sont des démocraties, Cuba est délinquant a priori.

Un élément important de la dramatisation des « prisonniers cubains » est que bien que relevant d’un système légal où il n’y pas de torture ni mise en danger de la vie, il faut en faire des otages sur lequel on laisse planer l’inconnu de leur traitement… ce qui n’est jamais dit est que le dit prisonnier est soit un simple droit commun comme dans le cas de Zapata, ou quelqu’un qui a accepté de l’argent de la puissance qui organise blocus et terrorisme contre son pays. Nous avons exécuté Mata Hari pour moins que ça… Donc le flou angoissant qui plane sur le sort de l’individu fait partie du scénario…

La manipulation ne date pas d’aujourd’hui, on l’a vu pour Valladares, mais en ce qui concerne Ingrid Bétancourt, on nous l’annonçait à l’article de la mort, des photos la montrant à l’agonie étaient publiées partout, on avait vu sortir une rondelette personne en pleine forme, et il faut également souligner qu’après une telle publicité, l’intéressée paraît condamnée à en rajouter ne serait-ce que pour bénéficier d’avantages financiers. Ainsi récemment à la stupéfaction de tout le monde elle a exigé des dommages intérêts de l’Etat colombien pour ne pas avoir été protégée alors qu’elle était candidate à la présidence et que pour assurer sa publicité elle s’était rendue dans la zone des FARC, ce qui a été vécu avec quelques indignations quand on se souvient du coût financier et surtout humain de sa libération avec en particulier l’assassinat en territoire équatorien de ceux qui avec le commandant Reyes négociaient sa libération.

parce que le problème est non pas seulement de dénoncer le malheureux sort de l’otage (sic pour les élargis cubains) mais à travers son cas brosser l’image d’un Etat voyou méritant sur le fond les traitements les plus iniques qu’on lui réserve. CQFD les véritables criminels sont blanchis et la véritable injustice est acceptée. Il est vrai qu’il est difficile de faire mieux dans le genre avilissant que ce qu’ont réalisé les marines à Abu Grhaib, où rien ne vaut un bon bain de merde pour se régénérer, par quel miracle ceux qui sont capables de ça, ont-ils un quelconque droit à lancer des campagnes sur les prisons cubaines, pourtant les faits sont là….

Un buen baño de mierda a los prisioneros de Abu Ghraib es lo que utilizan los marines para enseñar democracia en Iraq.

Oui, voilà pourquoi la presse est muette…

Il n’empêche le prisonnier politique héroïque que fabriquent les médias est souvent bien décevant, et les nouveaux « prisonniers dissidents » cubains, héros de nos médias visiblement font partie de cette tradition des enquiquineurs ingrats si on en croit la presse espagnole.

Danielle Bleitrach

(1) je suis incapable de traduire ce terme

(2)http://agora.qc.ca/reftext.nsf/Documents/Montand

Nicolas Maury
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