Il aura fallu cinq longs mois de négociations, mais Kiev est finalement parvenu, mercredi, à un accord avec ses créanciers sur une vitale restructuration de sa dette. Il permet à l’Ukraine, ravagée par une grave crise économique et par un conflit armé meurtrier avec les rebelles prorusses, d’éviter le défaut de paiement et de respecter les conditions posées par le FMI pour la poursuite du déblocage d’une aide internationale qui atteint au total 40 milliards de dollars. Une nécessité absolue pour tenter de remettre à niveau une économie dont le PIB s’est effondré de 14,7 % en rythme annuel au 2ème trimestre, et dont la monnaie a perdu 70 % de sa valeur en un an. Lundi, Kiev avait ainsi remboursé 60 millions de dollars d’intérêts sur des euroobligations afin de ne pas provoquer un défaut technique.

Allongement de la période de remboursement

Très attendu, l’accord passé avec le comité des créanciers conduit par le fonds américain Franklin Templeton Investments prévoit l’effacement de 20 % de 19 milliards de dollars de la dette ukrainienne, soit environ 3,6 milliards de dollars, assorti d’une légère hausse du taux d’intérêt (7,75%, contre une moyenne de 7,2% actuellement), et d’un allongement de quatre ans de la période de remboursement. C’est moins bien que les 40 % de réduction réclamés par Kiev, mais beaucoup mieux que les 5 à 10 % initialement proposés par ses créanciers. Kiev pourra par ailleurs suspendre le paiement de ses intérêts au cas où sa croissance économique est inférieure à 3 %, mais devra en contrepartie l’augmenter en cas d’expansion de son économie.

Au total, l’accord permettra au total à Kiev d’économiser 11,1 milliards de dollars sur quatre ans

Le Premier ministre Arseni Iatseniouk a souligné que les conditions d’effacement obtenues par l’Ukraine étaient sans précédent. « Aucun pays qui ne s’est pas déclaré en défaut de paiement n’a obtenu de telles conditions », a-t-il dit, en précisant que le niveau moyen d’effacement pour ces pays était de « 10% ».

Moscou, qui attend le remboursement de 3 milliards de dollars le 20 décembre, a d’ores et déjà annoncé qu’il ne participerait pas à cette restructuration, qui doit encore être avalisée par 75 % des créanciers.

http://www.lesechos.fr/monde/europe/021284736700-kiev-et-ses-creanciers-trouvent-un-accord-sur-la-restructuration-de-la-dette-ukrainienne-1148225.php#