Jacques Duclos est né le 2 octobre 1896 à Louey (Hautes-Pyrénées) et est décédé le 25 avril 1975 à Montreuil. En 1915, il se trouve plongé dans l'enfer de Verdun où l'on dit "qu'il se battit bravement". Blessé, vite soigné, redirigé vers le Chemin des Dames où il est fait prisonnier.
Jacques Duclos adhère au parti communiste dès sa fondation en 1920. Un an plus tard, il devient le secrétaire de la section du 10e arrondissement de Paris tout en prenant des responsabilités à l'Association républicaine des anciens combattants (ARAC). Il exerce son métier de chef-pâtissier jusqu'en 1924 où il suit la première école des cadres du Parti, à Bobigny. Il est élu membre du comité central en 1926. C'est cette année également qu'il fait son entrée au Parlement en battant Paul Reynaud à l'élection partielle du 28 mars. Aux élections de 1928, vainqueur de Léon Blum dans le 20e arrondissement de Paris, il fait partie des 14 rescapés sur 28 députés communistes sortants.
En fait, Jacques Duclos ne siège pas au Parlement ; à l'avant-garde de la lutte antimilitariste, il n'arrête pas d'être condamné pour divers délits liés à son action. En 1928, le total de toutes les condamnations qui l'ont frappé se montent à quarante sept ans d'emprisonnement. Il vit donc dans la clandestinité. En 1932, le radical Édouard Herriot étant Président du Conseil, Duclos bénéficie d'un non-lieu et peut reprendre des responsabilités officielles dans le Parti. Il en devient le numéro deux, aux côté de Maurice Thorez, Eugen Fried et Benoit Frachon.
En 1936, il devient officiellement responsable de la propagande du Parti. Elu député de Montreuil-sous-Bois (Seine-et-Oise) en mai 1936, il devient secrétaire général du groupe communiste à l'assemblée et vice-président de l'assemblée nationale. Pendant l'été 1936, il participe, avec Maurice Thorez, à des rencontres en tête-à-tête avec Léon Blum. Dès que la rébellion franquiste éclata en Espagne, il est chargé de superviser l'action du PC espagnol. Il conseilla au PCE de participer au gouvernement. Le 13 janvier 1938, il est réélu vice-président de la Chambre. Il se rend encore souvent en Espagne pour rencontrer les dirigeants du PCE.
Lorsqu'après le pacte germano-soviétique et la déclaration de guerre, le Parti est dissous par Édouard Daladier le 26 septembre 1939, Jacques Duclos qui n'est pas mobilisé en raison de son âge, quitte la France, et fait partie du groupe de l'équipe dirigeante qui se rassemble à Bruxelles autour d'Eugen Fried, le délégué de l'IC. Duclos était nommé responsable du PCF clandestin. Il assumera ce rôle jusqu'au retour de Maurice Thorez en novembre 1944, toujours en contact étroit avec Benoît Frachon, remonté sur Paris en août 1940. Il fut le principal rédacteur de la presse communsite clandestine ("l'Appel du 10 Juillet 1940").
Grâce à un système d'agents de liaison circulant à vélo ou à pied, Jacques Duclos put maintenir des contacts réguliers aussi bien avec l'URSS, grâce à un réseau de radios installées en région parisienne, qu'avec tous les responsables de régions ou avec les multiples organisations qui gravitaient dans l'orbite du PCF, comme le Front national, mouvement de résistance ouvert aux différentes catégories socio-professionnelles, dont la responsabilité avait été confiée à Pierre Villon, les Francs-tireurs et partisans (FTP) mouvement de résistance armée dont le responsable était Charles Tillon. Il était également en contact avec tous les communistes présents à divers titres dans les organes de la Résistance que Jean Moulin avait commencé à mettre en place à partir de 1943 : CNR (Conseil National de la Résistance), CFLN (Gouvernement provisoire d'Alger), COMAC (Comité Militaire). Le 25 août 1944, Jacques Duclos fait son entrée dans Paris avec Benoît Frachon. Il réintégre le siège du Comité central et négocie avec Charles de Gaulle dès le début du mois de septembre la participation de ministres communistes au gouvernement français.
De 1945 à 1947, Jacques Duclos joua un rôle politique et parlementaire de première importance. Il proposa à l'assemblée la nationalisation d'une grande partie de l'économie française: banques, assurances, électricité, sidérurgie, chimie et de la marine marchande (19 juin 1945). Le 8 novembre 1945, il est élu vice-président de l'Assemblée constituante. Jacques Duclos conserve également à cette époque d'importantes fonctions dans le mouvement communiste international, car malgré la dissolution officielle de l'IC en 1943, les partis communistes du monde entier sont toujours regroupés sous la tutelle des soviétiques. Jacques Duclos représente souvent le Parti Français dans les diverses rencontres.
Jacques Duclos reste parlementaire presque sans interruption jusqu'à sa mort en 1975 : député de 1946 à 1958, sénateur et président du groupe communiste de 1959 à 1975. Mais c'est surtout à l'intérieur du PCF que son rôle demeure primordial. Le 10 octobre 1950, Maurice Thorez fut victime d'une hémiplégie et jusqu'à sa mort en 1964, il effectua de fréquents séjours en URSS pour y être soigné. Jacques Duclos fait alors fonction de secrétaire général par intérim. C'est également sous son autorité et avec l'appui de l'Union soviétique, que furent lancés des appels contre la guerre d'Indochine menée par son pays, pour la fraternisation avec le Viet-Minh qui luttait avec certains succès contre l'armée française, et contre ce qu'il appelait déjà l'impérialisme américain. Il s'illustre dans l'organisation d'une manifestation interdite contre la venue à Paris du général américain Ridgway accusé de procéder à une guerre bactériologique en Corée ("Ridgway la peste"). À cette occasion, il est à nouveau incarcéré quelques jours à la prison de La santé.
Il fut choisi en 1969 comme candidat du parti communiste français à l'élection présidentielle au cours de laquelle il recueille 4 808 285 voix (21,5%). Beaucoup de Français qui ne l'avaient pas connu auparavant se souviennent du jugement qu'il avait prononcé à propos des deux candidats (Georges Pompidou et Alain Poher) restés en lice au deuxième tour : c'est « Blanc bonnet » ou « Bonnet blanc », évitant ainsi que des voix communistes ne se reportent sur Alain Poher. Après une hospitalisation en janvier 1975, au mois d'avril 75 Jacques Duclos se rend à Louey où la télévision doit commencer le tournage d'un film sur sa vie. Mais se sentant mal, il est hospitalisé à nouveau à Paris pour une congestion pulmonaire et décède à son domicile le 25 avril 1975. Ses obsèques, suivies par près de deux cent mille personnes sont l'occasion d'un dernier hommage de la vieille garde du mouvement communiste international.