Lucien SAMPAIX né à Sedan en 1899, luttant toujours pour le bien être des ouvriers sedannais. Si la viande est rare aux repas chez les SAMPAIX et les vêtements rapiécés, l'HUMANITE de Jaurès entre tous les jours dans la maison. A douze ans, Lucien prend le chemin de l'usine, comme apprenti mécanicien - ajusteur. En 1921 il trouve du travail comme mécanicien ajusteur dans une usine de métiers à tisser. Membre du syndicat unitaire des métaux il milite avec énergie pour organiser les syndicats dans la région sedannaise. Il est élu secrétaire du syndicat des métaux en 1923.
Infatigable Lucien se dépense : contre la vie chère, pour l'augmentation des Salaires et les droits ouvriers, la défense des chômeurs. Délégations, pétitions, manifestations, grèves. Organiser, éduquer. Renforcer les syndicats. Recruter pour le Parti, augmenter son rayonnement. Lucien est de tous les combats : contre l'occupation de la Ruhr en 1923, contre la guerre du Maroc en 1925. Et tous les jours pour les revendications des ouvriers contre l'exploitation patronale. Il participe activement à la direction de nombreux mouvements de grève dans la métallurgie, le textile et le bâtiment.
Lucien Sampaix, militant de trente ans, formé ainsi dans huit années de combat quotidien dans les Ardennes, devient en 1929 secrétaire de la Région du Nord-Est du Parti. Il est maintenant " permanent ". Dès l'aube et jusqu'à la nuit avancée, il peut mettre au service de son idéal ses expériences d'organisateur, d'orateur, sa connaissance du mouvement ouvrier.
Le patronat de combat de la région, les autorités à ses ordres cherchent à briser cet ouvrier indomptable, qui, avec méthode et ardeur, dirige les luttes des travailleurs et fait grandir l'influence et l'organisation du Parti communiste. Il est arrêté le 3 novembre 1931 à Charleville et transféré à la prison de Reims. Lucien Sampaix condamné à trois ans de prison, sera transféré de Reims à la Santé, puis à Clairvaux. Après neuf mois de détention, il est libéré par l'amnistie présidentielle. Nous sommes en 1932, Le Parti appelle Lucien Sampaix à Paris, où il entre à la rédaction de l'Humanité.
Il est très préoccupé du danger fasciste. Il savait bien ce qu'était le fascisme, il avait entendu dans les Ardennes les récits des réfugiés antifascistes italiens. Il avait participé avec passion à la campagne menée en France pour dénoncer la monstrueuse provocation anticommuniste que fut l'incendie du Reichstag par les nazis, campagne qui a contribué à l'acquittement de Dimitrov.
L'ardeur au travail, l'intelligence, le sérieux, la probité de Lucien Sampaix le font désigner en juillet 1936 comme secrétaire général de L'Humanité. Il "monte" au troisième étage et est responsable, sous la direction de Marcel Cachin et de Vaillant, du travail de l'ensemble de la rédaction, de la préparation de chaque numéro, de la mise en page à l'imprimerie et de la "tombée" à la minute précise.
En plus de son travail au journal, il arrive à trouver le temps de militer activement dans le Xème arrondissement de Paris, Journaliste de grand talent, il est aussi un excellent orateur. Plusieurs fois candidat dans le Xème, il fait acclamer par des milliers de travailleurs enthousiastes la politique du Parti et est artisan de la défaite du colonel Fabry, député réactionnaire de cette circonscription. En 1939, il appelle à l'union contre la peste fasciste.
Inlassablement, jusqu'à l'été de 1939, Lucien Sampaix poursuit la campagne contre la cinquième colonne. Il prouve l'étendue du complot des cagoulards et la liaison étroite des fascistes " français " avec la Gestapo, les complicités qu'ils trouvent dans la presse des trusts, chez certains officiers supérieurs, dans la haute administration et jusque dans les cabinets ministériels. Il montre les relations directes des traîtres Doriot et Barbé avec le général hitlérien Stuelpnagel et les dirigeants de la Gestapo.
Le 26 août 1939, l'Humanité est saisie et interdite. Le 26 septembre, le gouvernement décide par décret la dissolution du Parti communiste. Il s'attache a faire renaitre l'Huma clandestine, seize numéros de l'Humanité clandestine paraissent déjà avant la fin de l'année 1939, passent de main en main, et montrent comment le gouvernement des trusts mène la guerre non pas contre l'Allemagne hitlérienne, mais contre les communistes et le peuple français.
Le 19 décembre, Lucien Sampaix est pris dans la rafle qui réunit au stade Roland Garros des centaines de militants. C'est du camp d'Oraison que Lucien Sampaix s'évade. De retour à Paris au début de janvier 1941, Lucien reprend aussitôt le travail clandestin pour le Parti, pour l'Humanité. Le 27 mars, le camarade qui l'héberge dans le XIIIe arrondissement, ne sait refuser, malgré les recommandations de cesser toute activité, un transport de tracts sur une voiture à bras. C'est la fouille, la découverte du matériel clandestin, la visite au domicile : les policiers trouvent Lucien. Il est incarcéré à la Santé.
L'ouvrier des Ardennes luttera jusqu'à sa dernière heure pour la dignité. Le 15 décembre 1941, à 6 heures du matin, il est prévenu ainsi que onze autres patriotes qu'ils seront fusillés dans la matinée. Les douze camarades sont transférés à la caserne Claude de Caen, de l'autre côté de la ville. Ils chantent à pleins poumons la Marseillaise et l'internationale, jusqu'à 10 heures, heure de leur exécution.
Lucien Sampaix tombe, la tête haute, à la même heure où son ami Gabriel Péri est fusillé au Mont Valérien.