Actualités et informations
Mercredi 16 Juillet 2014
La trêve israélienne n’aura duré que quelques heures. Les dirigeants du Hamas n’excluent pas un cessez-le-feu mais veulent des garanties, partagées par la population. Reportage à Beit Lahiya et Beit Hanoun
Ambulancier, Hanni Chaker était en veille dans son véhicule d’intervention, à Beit Lahiya au nord de la bande de Gaza ce mardi matin, quand deux hélicoptères Apache de l’armée israélienne sont apparus à l’horizon, vers 6 h 30. Ils ont survolé la zone et, comme à la manœuvre, ont tiré deux roquettes sur un immeuble, au rond-point Cheikh Zayed. La façade est totalement éventrée. Au sol, des gros blocs de béton, vecteurs des fameux « dommages collatéraux ».
Quelques heures plus tard, une roquette palestinienne déchirait le ciel. Plus au sud, à Khan Younès et à Rafah, les tirs ont tué un vieil homme et une femme. Hanni Chaker a les traits tirés d’un homme qui, depuis plus d’une semaine maintenant, vient au secours des innombrables victimes des frappes israéliennes. Les raids aériens israéliens dans la bande de Gaza ont fait 192 morts – les trois quarts sont des civils selon un haut responsable de l’ONU – et près de 1 300 blessés. Sur sa radio, il entend que les Israéliens ont accepté le cessez-le-feu proposé par l’Égypte. Il a un sourire en coin. « L’expérience m’a appris à ne pas les croire », dit-il simplement. Un peu plus haut dans la rue de cette petite ville durement frappée (les habitants avaient reçu l’injonction de quitter les lieux mais seuls les plus exposés ont obtempéré), Talal Al Masri et Moussa Warchaga devisent à l’abri d’un arbre, plus pour éviter le soleil que les bombes. Autour, une nuée de gosses s’amusent entre des détritus qui s’amoncellent et des gravats. Cessez-le-feu israélien ? Comme Hanni l’ambulancier, Talal et Moussa préfèrent en rire. Leurs moustaches s’agitent. « Bien sûr, on veut qu’il y ait un cessez-le-feu. Mais il faut respecter les conditions du peuple palestinien », disent-ils de concert. « Parce que nous ne voulons pas d’une autre guerre, qu’Israël vienne nous taper dessus tous les deux ans. Un cessez-le-feu ne suffit pas, la première condition est qu’Israël lève le blocus qu’il nous impose depuis sept ans. Ce n’est plus vivable. Vous pensez vraiment que ça ne génère pas la violence chez les jeunes d’être enfermés, de ne pas avoir de travail, de ne pas pouvoir vivre ? » Les deux sexagénaires, qui n’ont rien de « terroristes », mettent en garde : « Si Israël ne répond pas positivement, il y aura encore une guerre, plus intense celle-là. Eux et nous risquons alors de disparaître. » La possibilité d’avoir une vie comme les autres peuples Hanni Al Louh, un habitant du quartier, s’approche, écoute et intervient. « Israël prend la décision unilatérale d’un cessez-le-feu. Il veut faire comme il veut. Ça ne marche pas. Un véritable cessez-le-feu doit amener la sécurité pour les Israéliens comme pour les Palestiniens. Un cessez-le-feu doit être accompagné de conditions. Pour nous, c’est la levée du blocus, la possibilité d’avoir de l’électricité 24 heures/24, d’avoir une vie comme les autres peuples. » Hanni s’emporte. « Israël inverse les choses. Avant même cette guerre déclenchée il y a une semaine, les Israéliens ont effectué des raids sur nos villes. La résistance n’a pas lancé de roquettes avant ces bombardements. D’ailleurs, est-ce que la résistance palestinienne occupe leurs terres ? » Israël a donc cessé ces opérations l’espace de quelques heures, mardi matin. Une bouffée d’oxygène, bien sûr, pour les populations prises au piège de ce déferlement de feu depuis huit jours. À Beit Lahiya, comme à Jabaliya ou Beit Hanoun, où nous nous sommes rendus, quelques commerçants avaient timidement ouvert leurs échoppes. Les gens s’aventuraient au-delà du pas de leur porte pour la première fois depuis des jours. Sauf à Al Atatrah, un bourg en lisière de la frontière avec Israël, vide : c’est le lieu de passage de toutes les incursions israéliennes, lors de chaque guerre. Six heures après la « trêve » annoncée, Israël a repris ses opérations meurtrières, accusant le Hamas de rejeter le cessez-le-feu. Or, la réalité est plus compliquée. Depuis Le Caire, Moussa Abou Marzouk, haut dirigeant du Hamas, a indiqué que le Mouvement de la résistance islamique, qui souhaite un accord qui permette de desserrer l’étau autour de Gaza à la fois de la part d’Israël et de l’Égypte, n’avait pas encore pris de position définitive sur la proposition égyptienne. À Gaza, Mouchir Al Masri a expliqué à l’Humanité : « Le dialogue n’existe pas. Personne n’a contacté le Hamas et la résistance. Il n’y a pas d’efforts de la part de l’Égypte. C’est une bulle vide pour les médias qui aident l’occupant à se sortir de la nasse dans laquelle il se trouve, surpris par la force de la résistance. » Ce porte-parole du Hamas souligne que « pour accepter un cessez-le-feu, il faut des conditions minimales : l’arrêt des attaques, la levée du blocus, l’ouverture du passage de Rafah (avec l’Égypte – NDLR), que l’occupant applique l’accord d’échanges des prisonniers et libère ceux qu’il vient d’incarcérer ». Netanyahou, lui, veut simplement négocier « la démilitarisation de la bande de Gaza » (sic) et ajoute que « si le Hamas n’accepte pas la proposition égyptienne, comme c’est le cas actuellement, Israël aura toute la légitimité internationale pour élargir ses opérations militaires afin de ramener le calme nécessaire ». Le leurre de la « trêve » observée pendant six heures est ainsi avéré : rejeter la responsabilité sur la résistance, composée de toutes les organisations palestiniennes. Il a pour cela le soutien d’une grande partie des pays européens. Le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, qui se trouve au Proche-Orient, participe à la mascarade. Il affirme que « les portes vers un cessez-le-feu sont désormais grandes ouvertes », mais ajoute que Gaza « ne doit pas dans la durée se transformer en entrepôt d’armes pour le Hamas ». En revanche, les livraisons d’armes à Israël peuvent se poursuivre. Les craintes de Talal Al Masri et Moussa Warchaga sont-elles prémonitoires ? Pierre Barbancey Gaza (territoires palestiniens), envoyé spécial http://www.humanite.fr/les-gazaouis-veulent-un-cessez-le-feu-assorti-dune-levee-du-blocus-547504#sthash.KziAcd5b.dpuf |
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