21.027.120 vénézuéliens étaient appelés aux urnes ce dimanche lors d'un référendum consultatif portant sur la question de l'Essequibo.

Le territoire d'Essequibo, où Guayana Esequiba, est une zone de conflit international entre la République Bolivarienne du Venezuela et la République Coopérative du Guyana. Région riche en pétrole et en minerais, elle est devenue une zone de tensions diplomatiques depuis que des compagnies pétrolières étasuniennes ont été autorisées à forer.

Pour Nicolás Maduro et son gouvernement, il s'agit de mettre un terme à un vieux conflit colonial hérité des Empires coloniaux britanniques et espagnoles.

10.554.320 électeurs se sont rendus aux urnes (50,19% de participation) pour répondre à cinq questions :

1- Acceptez-vous de rejeter par tous les moyens, conformément à la loi, la ligne frauduleusement imposée par la sentence arbitrale de Paris de 1899, qui cherche à nous priver de notre Guayana Esequiba ? Oui 97,83% / Non : 2,17%

2- Soutenez-vous l'Accord de Genève de 1966 comme le seul instrument juridique valable pour parvenir à une solution pratique et satisfaisante pour le Venezuela et la Guyane concernant la controverse sur le territoire de Guayana Esequiba ? Oui : 98,11% / Non : 1,8%

3- Êtes-vous d'accord avec la position historique du Venezuela de ne pas reconnaître la compétence de la Cour internationale de Justice pour résoudre la controverse territoriale sur Guayana Esequiba ? Oui : 95,4% / Non : 4,1%

4- Acceptez-vous de vous opposer, par tous les moyens conformes au droit, à la prétention de la Guyane de disposer unilatéralement d'une zone maritime encore en arbitrage, illégalement et en violation du droit international ? Oui : 95,94% / Non : 4,06%

5- Êtes-vous d'accord avec la création de l'État Guayana Esequiba et le développement d'un plan accéléré de prise en charge globale de la population actuelle et future de ce territoire qui comprend, entre autres, l'octroi de la citoyenneté et d'une carte d'identité vénézuélienne, en conformément à l'Accord de Genève et au droit international, incorporant ainsi ledit État sur la carte du territoire vénézuélien ? Oui : 95,93% / Non : 4,07%

Des résultats salués par le gouvernement chaviste

Les résultats salués par le président de la République bolivarienne du Venezuela, Nicolas Maduro.

#EnVideo📹| "Tenemos un pueblo de alto nivel, de preparación y conciencia patriótica", resaltó el Presidente de la República Bolivariana de Venezuela, @NicolasMaduro.#VenezuelaDiceSí pic.twitter.com/QmZvpjQ9Dz

— VTV CANAL 8 (@VTVcanal8) December 4, 2023

Le peuple "a parlé haut et fort", "cette victoire appartient à tout le peuple vénézuélien, sans discrimination ni partisanerie [politique] pour réaliser l'unité nationale nécessaire à beaucoup de choses", a déclaré le chef de l'État. Le gouvernement du Venezuela condamne la présence d'ExxonMobil sur le territoire d'Essequibo.

La République Coopérative du Guyana appelle le Venezuela à la maturité pour résoudre le conflit territorial

Le président de la République Coopérative du Guyana, Mohamed Irfaan Ali, a reconnu dimanche que de nombreux Guyanais considèrent le référendum avec méfiance et, dans un message à la nation, il a tenté de les calmer. "Il n'y a rien à craindre dans les heures, les jours et les mois à venir", le Guyana utilisera la diplomatie comme "première ligne de défense" pour que ses "frontières restent intactes".

"Je ne vais pas aborder la politique intérieure du Venezuela, mais je tiens à avertir le Venezuela que c'est une opportunité pour lui de faire preuve de maturité, une opportunité pour lui de faire preuve de responsabilité, et nous les appelons une fois de plus de nous rejoindre pour permettre à l'État de droit de fonctionner et de mettre un terme à cette controverse" déclare Ali.

Le Parti Communiste du Venezuela dénonce une dérive ultra-patriotique du gouvernement

Le Parti Communiste du Venezuela, qui considère que le territoire de l'Essequibo est un territoire vénézuélien, alerte sur les dangers réels de conflits qui peuvent éclater et sur le choix du gouvernement vénézuélien de détourner l'attention des problèmes intérieurs vers cette région.

"Le chauvinisme est à l’ordre du jour. La plupart des factions de droite et des forces réactionnaires qui contestent le contrôle de l'État au gouvernement du PSUV se sont jointes à l'appel à défendre le territoire... Mais qu’est-ce que ce prétendu patriotisme de la bourgeoisie ? Pourquoi des ennemis apparents se serrent-ils la main et crient-ils en chœur « l’Essequibo est à nous » ?"

Le PCV explique que "quelques jours avant la consultation sur le territoire d'Essequibo, le président Nicolás Maduro a rencontré le Conseil national de l'économie productive "dans l'unité nationale", pour annoncer que l'État de Nueva Esparta [île du nord-est du Venezuela] deviendra une zone économique spéciale. Le parti de centre droit Accion Democratica a sursauté de joie à cette nouvelle. Le député Luis Eduardo Martínez a admis que son parti avait fait pression pour que ce décret ne soit pas retardé plus longtemps, ce qui ouvrirait la voie à un « régime fiscal, tarifaire et de travail » qui offrirait des « facilités » aux investissements privés étrangers. Bravo, Super Moustache !"

Le PCV ajoute que "le Venezuela est également en croissance. Le pays terminera novembre 2023 avec neuf trimestres de croissance « harmonieuse ». Ce chiffre contraste avec les six trimestres consécutifs pendant lesquels la classe ouvrière vénézuélienne n’a pas reçu d’augmentation de salaire et les chefs d'entreprise sourient et se frottent les mains".

"Cependant, les capitalistes en veulent plus et vite. Le président du Conseil national du commerce et des services (Consecomercio), Gustavo Valecillos, a présenté un plan en sept points qui vise à restaurer une économie de marché et à adapter le droit du travail à cette dernière".

Le PCV explique que "ces coïncidences n’ont rien de nouveau. Depuis longtemps, le gouvernement et les chefs d'entreprise dansent sur le même rythme tandis que [comme le dit le slogan du référendum] le soleil vénézuélien se lève dans l'Essequibo". Les communistes expliquent que "le gouvernement veut sauver territoire d'Essequibo des griffes des sociétés transnationales qui ont découvert de riches gisements de pétrole et de gaz. Ce qui est curieux dans cet affrontement, c'est que, de ce côté-ci du fleuve, il existe également des entreprises comme Chevron qui opèrent avec des garanties similaires à celles offertes à l'époque de la dictature de Juan Vicente Gómez".