La seule liste indépendante
Réunis à Paris ce 18 mai, plusieurs des candidats de l’Alliance des Outre-mer, menée par Elie Hoarau, secrétaire général du PCR, ont exposé, au cours d’une conférence de presse, les grandes lignes de leur programme pour les élections européennes du 7 juin 2009. Cette liste assure la continuité de l’œuvre de l’Alliance emmenée par Paul Vergès en 2004, présent lui aussi à la conférence de presse.
Le mode de scrutin en vigueur divise la circonscription outre-mer en trois sections : Océan Atlantique, Océan Pacifique, Océan Indien.
Dans l’Océan Atlantique, la liste de l’Alliance est emmenée par Madeleine de Grandmaison, aujourd’hui députée au Parlement européen.
Dans l’Océan Pacifique, la tête de liste est le Polynésien Hirohiti Tefaarere. Dans la section Océan indien, Elie Hoarau dirige la liste de l’Alliance, composée en outre de Maya Césari et de Younous Omarjee.
Le propre de cette liste est d’être indépendante des formations dirigées en France ; elle n’est pas issue d’accords et de tractations parisiennes, mais procède de la libre association de forces progressistes issues des différentes terres qui composent l’Outre-mer. Les hommes et les femmes qui la composent sont tous porteurs d’expériences et de reconnaissances acquises dans leur pays, dans les institutions comme sur le terrain des luttes, aptes à rassembler le plus grand nombre et à exercer les responsabilités dans le cadre européen.
Un avenir incertain dans une Europe en mutation
A l’instar du reste de l’Outre-mer, La Réunion est frappée durement par la crise économique.
52% de la population réunionnaise vit avec moins de 790 euros par mois ; notre pays détient les tristes records de la République en terme de chômage et d’illettrisme.
Notre économie est en crise ; celle-ci s’accélère, les dépôts de bilan des PME ayant augmenté de 56%.
L’évolution de l’Europe fait peser des dangers supplémentaires sur la société réunionnaise :
- l’intégration de La Réunion au sein des RUP (régions ultrapériphérique de l’Union européenne) en fait l’une des destination privilégiée des fonds structurels européens ; la somme allouée à notre île est ainsi d’1 milliard 700 millions pour la période allant de 2007 à 2013.L’élargissement de l’Europe fait peser un risque sur la pérennité de ces transferts, qui pourraient être redéployés pour permettre aux pays de l’Est de rattraper leur retard structurel.
- une hypothèque frappe aussi l’avenir des aides communautaires, en particulier dans la filière canne : alors que le prix du sucre est aujourd’hui subventionné presque pour moitié, la transposition au sein de l’espace économique européen, des mécanismes de libre concurrence par l’OMC fait apparaître un alignement sur les prix du marché mondial à l’horizon 2014.
L’octroi de mer est lui aussi menacé ; le régime en sera rediscuté lui aussi en 2013.
- enfin, les Accords de partenariat économique (APE) vont permettre au pays ACP d’accéder aux marchés européens sans acquitter de taxes, entrant ainsi directement en concurrence avec les productions locales, posant ainsi le défi du co-développement avec les pays environnant les entités d’Outre-mer.
Les atouts de l’Outre-mer.
Lors de son intervention, Paul Vergès a restitué, par-delà les problèmes immédiats, les transformations profondes que connait le monde contemporain, telles que transition démographique, et les transformations du climat, encore mal connues des opinions publiques d’Europe.
Ces bouleversements font de l’invention d’une nouvelle politique ultramarine une nécessité vitale : la sortie du modèle contemporain, dont les grands mouvements sociaux font apparaître le complet épuisement, est, à La Réunion comme dans le reste de l’Outre-mer, la seule manière d’affronter l’avenir.
L’Outre-mer dispose, pour faire face à ces défis, de richesses immenses. Celles-ci doivent être autant mises en valeur que protégées, et profiter avant tout aux populations intéressées.
Comme l’a rappelé Paul Vergès, l’histoire, la géopolitique, l’évolution de l’environnement, ont fait de chacun des pays d’Outremer un laboratoire des problèmes du monde.
De cette position, nos terres peuvent faire un atout décisif dans la construction de leur destin, grâce au partenariat avec l’Europe, conçue non point comme un guichet, mais comme un lieu d’échange réciproques.
Ainsi, doté d’immenses étendues marines, l’Outre-mer fournit à l’Europe un atout sans précédent ; de même, la possibilité de bases de lancement équatoriales fournit-elle à l’Europe un avantage décisif dans la course à l’espace.
Encore faut-il que ces ressources profitent d’abord aux populations ultramarines elle-même, pour que s’établisse entre l’Outre-mer et l’Europe un échange débarrassé enfin des reliquat du colbertisme, du pillage et de l’exclusif colonial.
A cet impératif, qui pose la question de l’intégration des terres d’Outremer dans leur environnement géographique respectif, ne peut répondre qu’une liste composée d’hommes et de femmes conscients de leur identité et du caractère spécifique de la situation de leur pays.
Seule une liste basée sur le commun accord des formations locales, et non configurée en fonction des luttes internes aux partis politiques dont la politique n’a pas l’espace ultramarin pour intérêt principal.