C'est dans sa commune natale d'Els Guiamets, en Catalogne, que Neus Català s'est éteinte ce samedi 13 avril 2019. Depuis, les hommages abondent et de nombreuses voix saluent cette combattante courageuse et infatigable.

Née en 1915, Neus Català s'était engagée très tôt dans les rangs des jeunesses du Parti socialiste unifié de Catalogne (PSUC) et du syndicat UGT. Durant la guerre civile espagnole, c'est depuis Barcelone qu'elle s'était dévouée à la garde d'enfants orphelins, avant de s'exiler en France en 1939 lors de la Retirada, traversant la frontière avec 180 d'entre eux.

En France, elle se marie avec Albert Roger; c'est le début de nouveaux combats. Tous deux soutiennent la Résistance française, en transmettant des messages, des documents des armes, et en hébergeant chez eux des réfugiés politiques. Engagés dans le maquis de Dordogne et de Corrèze, ils sont dénoncés puis capturés par les autorités nazies en 1943. Emprisonnée et torturée à Limoges, elle sera déportée au camp de Ravensbrück.

C'est dans ce camp qu'elle intègre les « Commandos féminins », où elle prend part activement au sabotage d'armes. A la fin de la guerre, Neus Català apprend la mort de son mari, qui avait été déporté au camp de Sachsenhausen. Elle devient professeur à Paris, d'où elle lutte clandestinement contre le franquisme et dirige le journal "Mujeres antisfacistas españolas" (femmes espagnoles antifascistes). Elle se remarie avec un autre exilé, Félix Sancho, et ne regagnera la Catalogne qu'à la mort de ce dernier.

Durant sa vie, elle n'a cessé d'entretenir et de défendre la mémoire des 92 000 femmes tuées à Ravensbrück, un travail récompensé par plusieurs prix et distinctions. Une partie de ses archives sont conservées à la Biblioteca del Pabellón de la República de l'Université de Barcelone.

Militante jusqu'à ses dernières heures, elle était allée voter le 1 octobre 2017 à l'occasion du référendum sur l'indépendance de la Catalogne.

Le président du Parlement de Catalogne, Roger Torrent, a appelé "à ne pas tomber dans l'oubli du sacrifice" de Neus Català et de toute la génération qui a enduré l'horreur nazie. Le président de la Generalitat, Quim Torra, a félicité Català " une femme immense, pleine de vie et de dignité, un exemple de lutte pour les droits de l'homme, une voix claire pour la liberté ".

LAURENT PERPIGNA IBAN / Médiapart

Militante communiste depuis sa jeunesse, elle a maintenu son engagement politique au sein du Parti des Communiste de Catalogne (PCC) et de la Gauche unifiée et alternative (EUiA).

Communiqué des Communistes de Catalogne sur l'annonce de la mort de la camarade Neus Català - traduction Nico Maury

Les communistes de Catalogne expriment leurs tristesses devant le décès de notre camarade Neus Català, militante numéro 1 des communistes de Catalogne et membre d'honneur du comité central du parti. Nous adressons nos sincères condoléances à sa famille et à ses amis en ces temps difficiles.

Neus était avant tout un modèle communiste et son engagement éthique l'a amené à devenir une combattante infatigable contre le fascisme, de sa jeunesse à ses derniers jours. En tant que survivante de l'horreur du nazisme, elle s'est consacrée à la tâche de diffuser la mémoire historique. Dans un pays où la base idéologique du régime politique repose sur l'oubli des crimes fascistes, Neus était un exemple de lutte pour la mémoire de la lutte pour la démocratie et l’émancipation des opprimé.e.s.

Son histoire est indissociable de son militantisme. Elle est née à Guiamets en 1915 et a commencé très jeune son engagement auprès de la Jeunesse socialiste unifiée de Catalogne (PSUC). Avec la défaite à la guerre civile, elle s'exile en France, où elle a continué son combat. Là-bas, impliquée dans la Résistance contre le nazisme, elle fut arrêtée et déportée dans le camp de concentration de Ravensbrück. Après la victoire contre le nazisme, Neus rentre en France, où elle reprend sa lutte contre le régime franquiste. Là, elle a commencé sa lutte pour la récupération de la mémoire des victimes de l'horreur nazie, où elle serait également impliquée dans la lutte féministe. À son retour en Catalogne, à la mort du dictateur Franco, elle participa activement au renforcement du PSUC dans les Guiamets et le Priorat. En 1978 elle s'installe à Rubí, Et dans les années 80, très critique avec la dérive du PSUC, elle participe à la fondation du Partit dels Comunistes de Catalunya. Durant ces années, elle s'implique grandement dans le mouvement pour La Paz et contre l'OTAN, ainsi que dans les mobilisations syndicales contre les politiques antisociales de Felipe González, dans la grève générale du 14D de 1988.

Pour son combat, elle a reçu de nombreuses reconnaissances. En France, elle a reçu la Croix de guerre avec les palmes et la Croix de France libre, des décorations pour héroïsme dans la lutte contre l'occupation nazie. En 2005, elle est distinguée par la Creu de Sant Jordi de la Generalitat et en 2006, elle est proclamée "catalane de l'année". En 2014, elle reçoit la médaille d'or du mérite civique du conseil municipal de Barcelone. En 2015, l'année Neus Català, elle reçoit la médaille d'or de la Generalitat. Lors de la fondation du Parti des communiste de Catalogne, Neus Català reçoit la carte numéro 1 du parti. Depuis le congrès fondateur, elle est membre honoraire du Comité central.

Les Communistes de Catalogne pleurent sa mort et saluent sa mémoire. À la mémoire des femmes et des hommes communistes qui continuent leur combat aujourd'hui et de ceux qui continueront à l'avenir. Jusqu'à toujours.