Ce n’est plus une douche froide, c’est un déluge glacé : le nombre de demandeurs d’emploi a augmenté en août de +50 200 en catégorie A (sans aucune activité), soit +1,4 %, en France métropolitaine. C’est le troisième plus mauvais résultat sur un mois depuis l’arrivée de François Hollande à l’Élysée, après des pics à plus de 50 000 en janvier et septembre 2013 (ce dernier lié à un « bug » dans le comptage).

Ces « chiffres catastrophiques », pour citer Force ouvrière, surprennent justement par leur ampleur. Et d’abord la ministre du Travail, qui a avancé hier soir deux explications. La première tiendrait aux « difficultés rencontrées dans certains secteurs d’activité particulièrement affectés par les attentats de juillet », à Nice et Saint-Etienne-du-Rouvray.

El Khomri : « atypique »
La seconde est plus technique : le nombre de personnes sorties des listes pour ne pas avoir actualisé leur inscription serait « inhabituellement » bas. Myriam El Khomri pointe donc une « augmentation atypique » du chômage, qui serait « sans rapport avec l’évolution générale de la conjoncture ».

Reste que cette conjoncture n’est pas flamboyante. Le gouvernement table sur une croissance de +1,5 % cette année et l’année prochaine, tout juste suffisante pour absorber l’entrée sur le marché de l’emploi des jeunes, plus nombreux que les retraités qui le quittent.

Mais certains instituts économiques sont moins positifs. COE-Rexecode a par exemple publié hier une évaluation de croissance à +1,3 % cette année, et seulement +1,1 % l’année prochaine. Il en déduit « une baisse temporaire » et limitée du chômage en 2016, et une stabilité l’année prochaine.

Durée moyenne : 571 jours
Pour revenir aux résultats de ce mois, ils concluent un été très négatif : petite hausse en juin (+5 400), baisse en juillet (-19 100), donnant une hausse trimestrielle de +36 500. Elle efface quasiment les meilleurs résultats qui semblaient se multiplier depuis an un an, puisque la baisse n’est que de -10 900 personnes (-0,3 %) sur les douze derniers mois.

Autant dire qu’une inversion durable et convaincante de la courbe du chômage est de moins en moins envisageable – en tout cas vue de Pôle Emploi. Mais le Président-candidat pourrait retenir les chiffres de l’emploi au sens du Bureau international (BIT), qui font apparaître un niveau moins élevé (9,6 %) aujourd’hui qu’à son arrivée à l’Élysée (10,2 %).

5,5 millions toutes catégories
Il n’empêche, si l’on revient au calcul selon Pôle Emploi, la situation est encore pire en ajoutant les demandeurs d’emploi ayant exercé une petite activité (catégories B et C). Sur l’ensemble, le nombre de chômeurs atteint 5 518 200, en progression de +76 100 sur un mois, de +101 700 sur un an.

La dégradation du marché de l’emploi frappe les jeunes (+2,3 % en août) comme les plus de 50 ans (+1,2 %). Le chômage de longue durée, en baisse depuis cinq mois, repart à la hausse, et la durée moyenne d’inscription au chômage augmente en un an de 562 jours à 571.

http://www.bienpublic.com/actualite/2016/09/27/l-ete-catastrophique-du-chomage