L'Université d'Angers se retrouve dans une situation financière catastrophique. Après avoir clôturé son budget en déséquilibre durant deux années consécutives, elle s'est vu être mise sous tutelle financière du rectorat -sans que les usagers en soit informés- en janvier 2012. C'est ainsi que le Président de l'Université, alors nouvellement élu, a appliqué un plan d'austérité en 2012, fusionnant des filières, supprimant des parcours, et congédiant 25 contractuels. Sans aucune surprise, ces mesures ont été prises en vain. En effet, c'est en accusant un déficit de 4,5 millions d'euros et un manque de 310 postes (selon les normes SYMPA) que l'Université d'Angers a accueilli ses 25 000 étudiants en septembre dernier.

Si les chiffres parlent peu, les faits sont beaucoup plus démonstratifs. Locaux vétustes, électricité coupée pour risque d'électrocution, amphithéâtre fermé, cours à 50 en TD pour 35 places assises, cours dits « en autonomie » - cours sans profs- , sélection à l'entrée de l'université masquée sous le terme de « gestion des flux », suppression de filières, suppression de masters, etc.

Face à cette situation alarmante, les étudiants communistes n'ont pas attendu l'automne pour faire passer l'information. Si bien que le 03 octobre se tenait leur première journée de grève avec manifestation : plus de cent étudiants dans la rue pour réclamer des moyens pour étudier pour obtenir des diplômes de qualité. L'information de ce mouvement étudiant, survenant à peine les vacances terminées, a vite été relayé au ministère, qui a accepté d'ouvrir des négociations avec le Président de l'Université.

« L'Université d'Angers aura une dotation supplémentaire de 2,45% de son budget global, ainsi qu'un plan de recrutement ouvrant 35 postes ».
C'est avec la promesse d'une dotation supplémentaire que la ministre a cru pouvoir endormir les étudiants de l'Université d'Angers. C'était bien évidemment sans compter sur la méfiance des militants communistes. En effet, après inspection des chiffres lors du CA budgétaire exceptionnel du 18 décembre -où le recteur d'académie était présent-, l'Université se rend compte de la supercherie. Par une manipulation de chiffres habile, il faut le reconnaître, le ministère a fait passer un retrait de dotation pour un complément de dotation. Comment ? Très simplement. En comptant les 35 postes dans cette « dotation », et en oubliant de compter l'inflation, et le GVT. C'est ainsi qu'une dotation dite de 2,45% se retrouve être en réalité un retrait de dotation de 0,45%, soit de 600 000 euros. Brillant, n'est-ce pas ?

L'intersyndicale et le Président de l'Université appuient la mobilisation lancée par les militants communistes
Le 8 janvier, le Président de l'Université organise une réunion publique d'information, où se rendent 500 profs, BIATOS et étudiants. Le message est clair : la situation est grave. Le lendemain, l'intersyndicale décide d'une journée de mobilisation avec manifestation pour le mardi 15 janvier, jour où le Président de l'Université sera reçu par le ministère de l'ESR. Toute l'université est mobilisée : la majorité des cours sont suspendus durant la manifestation, les examens reportés, et les BIATOSS payés. La manifestation a réuni 1500 personnes, dont 1000 étudiants en période de partiels !

La ministre reste sur ses positions...
… Et pire encore ! En effet, non contente de refuser d'allouer un budget supplémentaire à l'Université d'Angers pour combler son déficit de 4 millions d'euros, elle lui demande de faire des économies supplémentaires... d'un million d'euros.

La révolte gronde...
Face à l'annonce du ministère, la réaction ne s'est pas fait attendre. La semaine prochaine, trois assemblées générales se tiendront à l'Université d'Angers. Une des personnels enseignants, une des BIATOSS, et une des étudiants. Elles décideront de la suite de la mobilisation. Les militants communistes, qui étaient à l'initiative de ce mouvement, porteront encore une fois haut et fort leur détermination dans ce combat.
Des moyens pour étudier ! Des diplômes de qualité !

Ce qui nous pend au nez...
La LRU, dite la loi des autonomies des universités, et le passage aux RCE, ont grandement impacté le paysage universitaire. En forçant les universités à trouver leurs fonds propres, le précédent gouvernement amorçait déjà la privatisation de l'enseignement supérieur et de la recherche et le retour à une université de classe. S'il garde le statut de service public, il n'en reste pas moins soumis aux lois du marchés. C'est ainsi que certains campus -à l'instar de Paris Dauphine- obtiennent le statut de grand établissement, et peuvent pratiquer des frais d'inscription exorbitants, sélectionnant ainsi les étudiants selon leur rang social. La menace de l'augmentation des frais d'inscription se fait de plus en plus sentir. Aussi, Madame Fioraso disait cet été dans une interview de Médiapart que Bercy poussait pour qu'elle augmente les frais d'inscriptions, mais que ce n'était pas à l'ordre du jour cette année. Si les étudiants ont échappé au coup d'arrêt à la démocratisation de l'enseignement supérieur et de la recherche cette année, rien n'est moins sur pour les années à venir. En effet, Angers n'est pas la seule université dans le rouge. Face à cette situation, combien de temps avons-nous avant que la « solution miracle » de l'augmentation des frais d'inscription nous soit imposée ?