Le Parti Populaire a terminé en tête du scrutin avec 33,04% des voix et 136 sièges (+47). La droite conservatrice bénéficie de la disparition de Ciudadanos pour reconquérir un espace politique suffisant pour tenter de constituer une majorité politique au Parlement.
Le Parti Populaire a réussi à faire oublier ses affaires de corruption, de faire oublier ses déboires politiques, économiques.
Malgré cela, le PP échoue.
L'impossible constitution d'une majorité
Le Parti Socialiste Ouvrier d'Espagne du Premier ministre sortant, Pedro Sánchez, réussi à faire mentir les sondages et remporte la seconde place avec 31,7% des voix et 122 sièges (+2). Le pari du Premier ministre de dissoudre le Parlement semble avoir porté ses fruits.
Le PSOE remporte sa plus grande victoire en Catalogne, où il parvient à devancer les indépendantistes, et il s'impose dans les quatre provinces. Le PSOE est en tête en Navarre, en Estremendur et dans plusieurs provinces d'Andalousie et du Pays Basque. Finalement, les marges de l'Espagne ont apporté au PSOE un appui politique décisif.
Cependant, Pedro Sánchez devra, lui aussi, rechercher d'une majorité au Parlement.
Vox, le parti d'extrême droite néo-franciste, rencontre son premier échec avec 12,39% des voix et 33 sièges (-19). Malheureusement, le parti réactionnaire pourra servir de point d'appui au PP pour constituer une majorité de droite en Espagne. PP et Vox disposent de 169 sièges sur les 176 nécessaires pour former une majorité. En ajoutant le siège gagné par le CCa et celui de UPN, la droite et l'extrême droite ne disposeront pas de suffisamment de sièges pour former une majorité.
31 sièges pour Sumar dont 7 pour Izquierda Unida
Du côté de Sumar, les résultats ne sont pas au rendez-vous. La coalition de gauche, conduite par la ministre du Travail Yolanda Díaz, parvient à limiter les pertes avec 12,31% des voix (-0,5) et 31 sièges (-4). Sumar remporte des sièges dans les circonscriptions de Barcelone (5 sièges), Girona (1 siège), Tarragona (1), Zaragoza (1), Valencia (3), Alacant (1), Murcia (1), Granada (1), Malaga (1), Cadiz (1), Seville (2), Cordoba (1), Madrid (6), La Corogne (1), Pontevedra (1), Astuirias (1), Aux Baléars (1) et enfin à Las Palmas (1).
Yolanda Díaz, avec 31 sièges, est en mesure de renouveler la coalition avec le PSOE. Et cela malgré les pertes en sièges par rapport à 2019. Malgré le vote utile, la crise de la gauche non sociale-démocrate, la quasi-disparition de Podemos et la division des communistes, Sumar a rassemblé plus de 3,012 millions de voix. En Catalogne, à la surprise générale, Sumar parvient à prendre la seconde place avec 14,03% des voix et a ainsi devancer les indépendantistes et ERC.
Dans la coalition, Izquierda Unida remporte sept sièges. Les élus d'IU représenteront les provinces d'Andalousie (3), des Pays Catalans (2), les Canaries (1) et la Galice (1).
Le Secrétaire général du PCE, Enrique Santiago, est réélu dans la circonscription de Cordoue. Le coordinateur général d'IU en Andalousie, Toni Valero, est, lui aussi, élu dans la circonscription de Malaga. Engracia Rivera est élue dans la circonscription de Séville. IU remporte aussi des sièges dans les provinces de Las Palmas, dans les Asturies, à Valence et à Tarragone avec Fèlix Alonso Cantorné (app-communiste/IU), Maire d'Altafulla et député sortant.
Maintenant, il faudra bien analyser l'impact de ces élections sur le Parti Communiste d'Espagne. Est-ce que cela valait une crise interne (un parti divisé en deux blocs quasi opposés), la perte de la Jeunesse communiste (exclusion de la direction de l'UJCE) et la participation à une coalition dont le programme est très sociale-démocrate ? L'avenir le dira.
La coalition sortante, PSOE-Sumar, dispose de 153 sièges. Il faudra donc compter sur les soutiens des partis indépendantistes et régionalistes pour espérer disposer d'une majorité.
Les indépendantistes et régionalistes faiseurs de majorité
La Gauche Républicaine de Catalogne (ERC) avec sept sièges (-6) ne parvient à contrebalancer les mauvais résultats des élections municipales. Pire, ERC termine à la troisième place avec 13,16% des voix. ERC ne fera pas obstacle à la constitution d'une coalition gouvernementale dirigée par Pedro Sánchez.
Junts per Catalunya, dirigée par Carles Puigdemont, remporte sept sièges (-1) et 11,16% des voix. Puigdemont a annoncé qu'il ne soutiendrait aucun gouvernement.
La gauche indépendantiste basque, EH Bildu, continue de progresser avec 6 sièges gagnés (+1) et s'impose comme la première force basque devant la droite régionaliste basque, EAJ-PNB qui remporte cinq sièges (-1) et le PSOE (6 sièges).
Le Bloc Nationaliste Galicien (BNG) conserve son siège. Le Secrétaire général de l'Unión do Povo Galego, Nestor Rego Candamil, est réélu dans la circonscription de la Coruña. L'Union du peuple galicien est une formation communiste et indépendantiste (proche de la Réunion internationale des Partis communistes et ouvriers) fondée en 1964.
Carles Puigdemont en faiseur de Roi
À cette heure, le bloc de droite/extrême droite dispose de 171 sièges : 136 PP, 33 Vox, 1 CCa et 1 UPN. Même avec le soutien des nationalistes basques du PNV-EAJ (5 sièges), il n'y a pas de majorité.
La coalition sortante dispose de 153 sièges : 122 PSOE, 31 Sumar et peut disposer du soutien de l'ERC 7 sièges, d'EH Bildu 6 sièges et du siège du BNG. Pour renouveler son mandat, elle aura besoin du soutien des nationalistes basques du PNV-EAJ (5 sièges) et, ironie du sort, du parti de Puigdemont.
Carles Puigdemont se retrouve en faiseur de Roi. Les sept sièges des indépendantistes catalans de Junts Per Catalunya seront décisifs à moins qu'une nouvelle élection ne soit convoquée à l'automne.