Je ne licencie pas notre chauffeur, j’ai encore besoin de lui, il nous conduit jusque à la station de métro La Courneuve. D’un air moqueur il nous dit que si cette fois nous nous perdons, il me fiche sa démission.
7h 48 - C’est le grand saut dans l’inconnu. Dans le RER nous imitons les gens en lisant le programme de la fête. Ils sont tassés et l’air heureux. Pauvres gens. J’aurai dû me procurer un badge PCF ou un tee shirt avec cet horrible marteau et faucille.
Marie Véro dit a un jeune "il est vachement beau ton tee shirt Ché GUEVARA". Je donne du coude à cette gourde, mais le jeune prolétaire tend son tee shirt à Marie Véro en disant "cadeau camarade". 2ème grande victoire, nous obtenons gratuitement un trophée.
Pas étonnant que les cocos soient en faillite.
Nous suivons une foule dense qui se dirige vers l’entrée. Marie Véro à un moment d’angoisse. Pas question de renoncer, c’est une question d’honneur.
Une ouvrière, déchire ma vignette avec un « bonne fête camarade ».
Quelle horreur ! Se faire traiter 2 fois de « camarade » ! Elle me gâche la journée.
Nous sommes agressé par les sonorisations, les slogans ridicules ( changer le monde, créer une nouvelle espérance..faire payer les riches etc … ). Pauvres gens. Marie Véro me dit que je suis pâle, je me tapotte les joues pour les rougir. Ca fait plus prolo aviné. Nous marchons derrière un groupe en costume de bonne coupe. Serait-ce une délégation UMP ? Nous les suivons rassurés. Ils nous conduisent à un ensemble « Espace Collectivité ».
Nous voulons entrer. Une armoire à glace africaine me barre le passage. « Votre badge, monsieur ? – quel badge ? ». Soudain « eh Charles Edouard !! » malheur nous sommes repérés. C’est un maire socialiste que j’ai rencontré lors d’un cocktail. « Venez je vous fais passer » il négocie avec un blanc et costumé, qui fait oui de la tête. Je n’imaginais pas que les cocos sachent s’adresser aux hommes d’affaires. Avec plaisir nous voyons des gens habillés avec classe, de jolies femmes décolletées et élégantes. Hôtesses, serveuses, moquette, fauteuils relaxants, odeurs des meilleurs cigares, champagne ou wiski a volonté. Marie Véro sourit niaisement. Nous nous sentons proche de notre milieu, bien que des gens nous regardent. Ma casquette Ricard, et le survêtement de Marie Véronique semblent les étonner.
Dehors la tête me tourne, Marie Véro pouffe de rire. C’est le champagne. Ragaillardis nous retournons dans ce monde inconnu.
Nous ne savons plus ou donner de la tête entre les groupes de musiciens, les spectacles, les produits, les expos, les stands. Nous nous arrêtons au GERS. Le soleil chauffe. Le pousse rapière aussi. Marie Véro sympathise et rit avec un jeune prolétaire communiste. Il nous propose de déjeuner ici. J’ai peur. Marie Véro sympathise vraiment avec ce jeune communiste. D’autant que son survêtement est ouvert sur ses nichons généreux. Nous mangeons. Je suis gai. J’ai envie de vomir, c’est sans doute le mélange Ricard pousse rapière. J’ai failli perdre connaissance quand mon regard se pose sur un passant. HORREUR ! …GREMETZ ! Ma femme s’amuse comme une folle et se danse avec le jeune coco qui la pelotte outrageusement. Je ne dis rien. Il est bâti comme 2eme ligne.
16 h – Nous repartons , je perds Marie Véro dans la foule. Tant pis, il faut avoir le sens du sacrifice. Je m’arrête au pays du Sancerre. Un lieu de perdition. Je m’infiltre dans un groupe ennemi qui prône la tendance radicale. La plus dangereuse. Un moment d’angoisse s’empare de moi , ma main se crispe sur mon portable mais je me ravise, mes amis sont trop lâches pour venir à mon secours. Je décide de feindre la sympathie. Je sors un billet de 100 euros et je paye à boire. Je les vaincrais par leur vice. Le Sancerre coule à flot comme l’argent dit un grand bien mis a coté de moi. Le député du coin ( oh combien il dit vrai ).
16 H 30 - Je suis bloqué au bar et je ne puis plus aller au cœur du défi : assister à la grande messe du meeting. Tant pis je mystifierais mes amis en lisant un Humanité le lendemain. Une jeune femme qui sent l’ouvrière m’entraine pour danser la java bleue. Si je n’avais crainte que Marie Véro ne débarque je la culbuterai bien entre 2 stands. Je me fais plein d’amis qui me tutoient. Autour de moi résonne sans arrêt un nom : « Aurélien ! Y a plus de PQ…Aurélien ! Y a plus de merguez !...Aurélien ! faut d’la monnaie ! » Cet Aurélien est surement un chef organisateur communiste. Un type dangereux.
17 H - la sono éclate : « le camarade Charles Edouard DURAND de la PLEINE FOUILLE est attendu à l’antenne médicale pour retrouver Marie Véronique. Je répète….. ». Mais elle va pas se taire….connaaasse !!!!). Un subversif me donne une grande claque dans le dos « éh ! Charlot ! c’est pas ta bourgeoise ? Si sasse trouve elle fait un coma éthylique. » dit il avec un rire gras. J’ai cru mes derniers instants arrivés. Insouciant et n’ayant peur de rien , je néglige Marie Véronique et continue à faire boire les cocos.
18 h – Ma vessie est pleine. Je négocie avec un type derrière pour aller pisser. Sur son badge est écrit « fédération du CHER – Doudou » . Ce con me fait la morale. Lui est un vrai rouge dangereux. Il me laisse aller dans ce qu’ils appellent « toilette ». Horreur ! Simultanément, je pisse sur mon pantalon et je vomis sur mon tee shirt.
20 h - je suis bourré. Marie Véro déboule alors que je mesure le bonnet du soutien gorge d’une dangereuse communiste. Marie Véro est échevelée et hilare. Elle n’a plus de soutien gorge. Elle commande du Sancerre en disant fort « à la santé du vigoureux camarade du GERS ». Salope.
20h 30 – Le long du bar, une épave me vomit sur les pieds. Je vomis aussi. Encore. Je suis très contrarié, il faut que je me défoule. Je téléphone à notre chauffeur pour lui faire croire que nous sommes perdus. Il me doit donc sa démission.
21 h – Deux agitateurs communistes se plaignent de ne pas être assez pour démonter. Cette idiote de Marie Véro me propose pour donner un coup de main. Je lui rétorque « C’est cela, et je vais adhérer au PCF aussi ? » Aussitôt un militant m’entreprend. J’adhère au PCF pour avoir la paix. C’est Marie Véronique qui rempli le papier Je dois attendre une convoc de la cellule. Cause toujours.
22 h – Merde ! J’ai oublié que j’avais une fausse carte du PC. Marie Véronique me rassure, elle a bien rempli le bulletin. Quelle conne ! Elle a mis mes authentiques coordonnées.
00h – 15 septembre. DUGNY - Benoit ne peut venir nous chercher je l’ai foutu dehors.
03 h - Nous arrivons à Auteuil. Nous croisons une bande de jeunes bruyants. C’est Jean SARKOZY et ses copains. Ils ont plus bourrés que nous.
Bilan : j’ai claqué 4 000 euros au profit des communistes, Marie Véronique s’est fait culbuter par un coco, on a vomi sur mes baskets neuves, j’ai vomie mon foie de canard haricot, j’ai faim, nous sommes à la porte et j’ai adhéré au PC.