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Nicolas Maury Militant PCF Istres






 



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Hollande/PS-EELV : 5 années de trahisons (2012-2017)

Le président français François Hollande était jeudi à Leipzig pour célébrer les 150 ans du parti social-démocrate allemand. Il y a fait l'éloge des réformes du marché du travail menées par l'ancien chancelier social-démocrate Gerhard Schröder


François Hollande vante les réformes menées par l'ex-chancelier Gerhard Schröder (SPD)
"Des choix courageux pour préserver l'emploi." C’est ainsi que François Hollande, en déplacement à Leipzig jeudi, a qualifié les réformes du marché du travail menées en Allemagne par l'ancien chancelier social-démocrate Gerhard Schröder. "Ces décisions ne sont pas faciles à prendre, elles peuvent faire surgir des controverses, mais rien ne se construit, rien de solide ne se bâtit en ignorant le réel", a-t-il expliqué, lors de la célébration des 150 ans du Parti social-démocrate allemand (SPD), en présence d'Angela Merkel.

Les réformes Schröder qui ont introduit une plus grande flexibilité du marché du travail sont controversées au sein de la gauche européenne, y compris parmi les sociaux-démocrates allemands. Certains y voient la clé de la baisse du chômage enregistrée ces dernières années en Allemagne. Mais d'autres soulignent qu'elles ont encouragé les bas salaires et la précarité.

Mais quels sont ces «choix courageux» dont parle le président français?

Il y a dix ans, le 14 mars 2003, Gerhard Schröder lançait «l'Agenda 2010», une série de réformes radicales.

Les changements ont notamment concerné le monde du travail et l’ex-chancelier y a inséré de nombreux éléments de flexibilité. A commencer par les mini-jobs, ces emplois qui consistent en une rémunération mensuelle de 400 euros maximum pour 15 heures de travail par semaine.

Il a également assoupli la protection contre le licenciement pour les petites PME, libéralisé l'intérim et fusionné l'allocation chômage longue durée avec l'aide sociale. Cette allocation dite «Hartz IV» s’élevait à ce moment-là à 345 euros par mois (aujourd'hui à 374 euros), alors que l’ancienne indemnité représentait 57% du dernier salaire.

Ce pan des réformes avait suscité une vague de manifestations sans précédent dans le pays à l'été 2004, des centaines de milliers de personnes descendant dans les rues, en particulier dans l'ex-RDA touchée de plein fouet par le chômage. L'«Agenda 2010» prévoyait également des sanctions pour les chômeurs qui refuseraient une offre d'emploi.

L’Allemagne compte aujourd’hui 12 millions de pauvres... soit plus que la population grecque !

« La pauvreté en Allemagne, cela ne ressemble bien sûr pas au tiers-monde, explique Anke Assig, porte-parole de l’Association nationale des soupes populaires. C’est une pauvreté cachée, une pauvreté de l’exclusion sociale plutôt que du haillon, une pauvreté que l’on n’ose pas avouer et que l’Etat a encore les moyens d’amortir. Mais il y a aujourd’hui près de 12 millions de personnes qui vivent sousle seuil de pauvreté en Allemagne, c’est-à-dire 940 € par mois pour une personne seule. Sur 82 millions d’habitants, ce n’est pas rien. » Quinze pour cent de la population, quand cette proportion n’atteignait que 13,5 % en France en 2009.

« Des soupes populaires s’installent près des écoles pour les enfants qui n’ont pas les moyens de se payer la cantine. » Anke Assig, militante associative

L’activité de l’équivalent allemand des Restos du coeur, dont le nombre de « clients » est passé de 1,3 à 1,5 million ces deux dernières années, reflète assez fidèlement le bilan dressé par le dernier rapport gouvernemental sur la pauvreté : « En Allemagne, la pauvreté n’est plus marquée par la partition entre l’Est et l’Ouest. La région de la Ruhr et des villes comme Dortmund ou Duisburg ont autant de pauvres que le Land du Mecklembourg » de l’ex-RDA, détaille Anke Assig.

La paupérisation d’une partie importante de la population allemande s’inscrit bien sûr dans le cadre général de la mondialisation et de vastes restructurations industrielles. Mais le phénomène s’est nettement accéléré à partir de 2005. Deux ans auparavant, le chancelier social-démocrate Gerhard Schröder, - qui a été invité par Nicolas Sarkozy le 20 décembre dernier à l’Elysée pour faire part de son expérience - avait lancé l’Agenda 2010, › un train de réformes sans précédent connues sous le nom de « lois Hartz ».

Il s’agissait de flexibiliser le très rigide marché de l’emploi allemand et de rendre « le chômage moins intéressant que le travail ». Lors de la présentation de l’Agenda 2010 à la tribune du Bundestag, il avait expliqué que, pour lui, « ce qui est social, c’est ce qui créé de l’emploi ». On serait tenter d’ajouter aujourd’hui : quel que soit l’emploi... souvent mal payé et à temps partiel. ›

La dernière des lois en question, dite « Hartz IV », a fusionné l’allocation chômage longue durée et l’aide sociale. Une réforme apparemment technique mais qui a accéléré le processus d’appauvrissement d’une partie de la population. Ainsi, depuis 2005, seule l’allocation chômage perçue pendant la première année de chômage reste indexée sur le dernier salaire. Après douze mois, on ne perçoit plus que l’allocation dite « Hartz IV » (850 € pour une personne seule, aide au logement comprise), que l’on soit chômeur de longue durée, travailleur au salaire insuffisant ou inactif et indigent.

La baisse des revenus est d’autant plus brutale que la nouvelle loi a introduit une subtilité de taille : ne peut toucher cette allocation que celui qui dispose de moins de 9 750 € d’économies.

Au-delà de cette somme, il faut vivre sur ses avoirs personnels aussi longtemps que possible. Ces nouvelles règles expliquent ainsi pourquoi 70 % des chômeurs allemands vivent sous le seuil de pauvreté, contre 45 % pour la moyenne des pays de l’Union européenne. Aujourd’hui, les mots « Hartz Vier » (Hartz IV) sont passés dans le langage courant pour désigner les plus pauvres, au même titre que « RMiste » en français. Il y a environ 7 millions de « Hartz Vier » en Allemagne.

La loi dite « Hartz IV » a fusionné l’allocation chômage longue durée et l’aide sociale. Une réforme qui a accéléré la paupérisation d’une partie de la population.

Usine BMW à Berlin. Comme de plus en plus de société allemandes, le constructeur automobile recourt massivement au travail précaire et à l’intérim.Outre l’appauvrissement de millions d’Allemands, l’Agenda 2010 a provoqué une explosion des emplois précaires, du temps partiel et de l’intérim. Il a aussi incité, par une mise en concurrence entre salaires précaires et salaires négociés, la modération salariale, même si les salaires sont, en 2011, repartis à la hausse.

Aujourd’hui, on recense outre-Rhin près de 6,5 millions de « mini-jobers », avec des emplois à 400 € pour 60 heures par mois, dans les secteurs aussi variés que la distribution, le nettoyage industriel, les soins aux personnes âgés, l’artisanat, la coiffure, etc. On compte 1 million d’intérimaires et 2,9 millions de chômeurs :

« Dans certains secteurs économiques, on peut qualifier l’Allemagne de pays à bas salaires », estimait, en 2010, Ingrid Schmidt, la présidente du Tribunal fédéral du travail. Depuis, la situation ne s’est pas améliorée. Et les classes moyennes, qui en supportent largement les conséquences, fondent comme neige au soleil.

A Spandau, Rolf-Bernd Pelikan est précisément l’un des représentants de ces classes moyennes menacées. Avec un BTS de commerce, il a toujours travaillé pour des PME de services industriels, jusqu’en 2009.

« A l’époque, j’étais monté jusqu’à un salaire annuel de 50 000 €, avec un poste de chef d’unité de production dans une entreprise sous-traitante d’Osram. Quand cette filiale de Siemens a décidé de réorganiser ses activités, ma boîte a déposé le bilan et je me suis retrouvé longtemps au chômage, pour la première fois », explique-t-il. Pelikan n’avait jamais rêvé de salaire mirobolant, mais il a été élevé dans le respect et le goût du travail.

« Ne rien faire, c’est impensable pour moi. Quand l’allocation chômage s’est arrêtée, j’étais encore trop “riche”pour toucher “Hartz IV”, puisque ma femme travaille et que je possède mon appartement. J’ai vendu des journaux pendant un mois pour un salaire de 400 €. Puis j’ai trouvé un poste de manutentionnaire dans une usine, pour environ 1 100 € brut par mois », raconte-t-il, les poings serrés. Depuis six mois, il a retrouvé un « vrai » emploi en durée indéterminée chez Tuja, un spécialiste de... l’intérim.

« Mon travail est de trouver des intérimaires pour BMW. Mon salaire annuel est de 25 000 €. C’est moitié moins qu’avant, mais j’ai un vrai travail », souligne-t-il, fataliste. L’usine BMW de Spandau, qui va bientôt sortir un scooter à moteur électrique, n’a plus embauché en CDI depuis 2001. Et 26 % de ses 1 800 salariés sont des intérimaires, bien payés il est vrai, mais sans primes ni sécurité de l’emploi. La situation y est cependant bien meilleure qu’à l’usine BMW de Leipzig.

Là-bas, le personnel maison ne représente que 50 % des effectifs. Le reste est composé d’intérimaires ou de salariés moins bien payés, prêtés par des sous-traitants, une autre manière de baisser les salaires. « Aujourd’hui, la porte gauche de la voiture est installée par un monteur engagé en CDI à 15 € l’heure, pendant que la porte droite est monté par un intérimaire à 8,50 € », constate Bertold Huber, patron du syndicat IG Metall.

Les Allemands sont très riches. Enfin, pas tous... Les statisticiens évaluent leurs avoirs à près de 8 600 milliards d’euros. Mais 25 % de cette somme appartient aux 1 % des Allemands les plus riches. Soit 825 000 personnes qui possèdent chacune 2,6 millions en moyenne. De l’autre côté, 70 % de la population, soit 57,7 millions de personnes, se contente de 9 % du gâteau : 13 414 € par personne. Ces inégalités se renforcent d’autant que la part des salaires dans les revenus des Allemands a fortement diminuée, passant de 72,2 % en 2000 à 66,4 % en 2011. Enfin, la transmission du patrimoine, très faiblement taxée, est de plus en plus inégale. Car, avec le vieillissement démographique, les héritiers sont moins nombreux que leurs parents...

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[Fr] Perspective communiste, blog francophone ayant pour vocation le partage d’informations nationales et internationales. De proposer des analyses marxistes de l’actualité et du débat d’idée. Ainsi que de parler de l’actualité du Parti Communiste Français et du Mouvement des Jeunes Communistes de France.

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