À l’issue du dernier congrès du Parti de la Gauche Européenne (PGE), le Parti de Gauche (PG) avait annoncé qu’il suspendait sa participation. Par ce geste il exprimait son désaccord avec la réélection de Pierre Laurent à la présidence du PGE. Mis en minorité, le PG se mettait en retrait.

Toutefois quelques heures plutôt, il était parvenu, par surprise et au prix d’une modification des règles de vote quant à la prise en compte des abstentions, à faire voter (48 contre 43) une motion faisant de l’écosocialisme l’objectif du PGE. Le PCF et d’autres ont voté contre. Il s’agissait d’une manœuvre classique, bien connue des habitués des congrès : le but est de mettre en minorité le président sortant, pour tenter d’éviter sa réélection.

Accessoirement cette motion mise au vote à permis de créer un clivage entre les “nouveaux partis” du PGE n’ayant aucun lien avec les partis communistes d’avant 1991 et ces partis communistes ou ceux qui en sont les héritiers. Pour faire simple, le sens de la motion c’est “les cocos dehors !”.

L’objectif final de la manipulation n’a pas été atteint, puisque Pierre Laurent a été réélu, mais voici le PGE affublé d’une doctrine écosocialiste, véritable gloubi-boulga de voeux pieux sur l’environnement, la citoyenneté, et l’intérêt général. Du Rocard-Voynet un tout petit peu pimenté d’envolées gauchistes sans conséquences. Sauf pour ce qui concerne l’énergie nucléaire, purement et simplement vouée aux gémonies, sans débat avec les citoyens, les usagers ni les salariés. Tant pis pour les agents EDF, par ailleurs dans le collimateur du gouvernement et du patronat et pour les usagers à qui on n’a pas parlé des conséquences sur les factures d’un abandon du nucléaire.

En France, le Front de Gauche (FdG) est composé de neuf organisations ou partis politiques. Ces neuf partenaires viennent à l’unanimité, comme c’est la règle au FdG, de conclure un accord sur les têtes de liste pour les élections européennes.

Pour la région grand-Est, la tête de liste est Gabriel Amard (PG). Ce n’est pas n’importe quel militant PG. C’est lui qui a déposé, en son nom propre, et à l’insu des autres organisations, le logo du Front de Gauche à l’institut National de la Propriété Industrielle (INPI) peu après la création du FdG. Bref, c’est l’homme de confiance du grand-chef du PG.

Dans la roue de son beau-père, Jean-Luc Mélenchon, sénateur PS de l’Essonne pendant presque 20 ans, Il a été maire de Viry-Chatillon puis président de la Communauté de Communes des Lacs de l’Essonne (1).

Le 14 avril, Amard inaugure la campagne des européennes pour le Grand-Est à Besançon. Voici un compte-rendu :

Pour Gabriel Amard, l’enjeu du 25 mai est de mettre “à disposition du peuple” une opposition de gauche : “Le Front de Gauche n’est pas l’aiguillon du PS. Nous avons vocation à le remplacer avec notre projet écosocialiste. Notre objectif pour cette élection est d’être en tête de la gauche à l’issue des élections européennes ” explique-t-il.
Lire l’article en entier ici : http://www.macommune.info/article/gabriel-amard-candidat-du-front-de-gauche-pour-les-elections-europeennes-100253

Le projet écosocialiste serait devenu le projet du Front de Gauche, à suivre Monsieur Amard. Pourtant les communistes y sont opposés. Pourtant les décisions au Front de Gauche se prennent à l’unanimité des organisations qui le composent.

Le but de ce coup de force est clairement d’exclure les communistes de la campagne, dans un premier temps. De les exclure du Front de Gauche dans un second temps. C’est une étape supplémentaire après un an d’invectives, d’insultes, d’attaques tordues (y compris contre les parlementaires PCF-FdG juste avant le débat sur la réforme des retraites).


Monsieur Amard, les communistes ne quitteront pas le Front de Gauche. Si vous voulez nous exclure dites-le ouvertement. Le Front de Gauche sans le PCF ce n’est pas le Front de Gauche. Que vous soyez légalement le propriétaire du logo Front de Gauche, ne vous donne pas le droit de décider à vous tout seul de l’orientation ni de la composition du Front de Gauche.

Vos petites combines d’appareil, héritées du PS et de ses courants, sont très loin d’être à la hauteur des souffrances et de l’espoir des travailleurs européens qui comptent sur nous pour rendre la parole aux peuples et desserrer le carcan de l’austérité.

20 avril 2014 (1) ces deux collectivités viennent de repasser à droite suite aux dernières élections municipales