2- L’Europe présentée comme un rempart contre la mondialisation et la crise capitaliste, non seulement n’a pas empêché la crise, mais ses choix néolibéraux en ont été les acteurs clés : austérité salariale, flexibilité du marché du travail, libre-échangisme effréné, délocalisations massives, démolition des services publics, privatisations, politique monétaire rigide de la Banque Centrale Européenne, etc. Cette Europe s’avère incapable de faire face à la crise, vu la faiblesse des plans de relance adoptés et leur orientation libérale. Les mêmes causes produiront, à coup sûr, les mêmes effets.
Nous ne pouvons qu’être solidaires de ceux qui en Europe même et en France, comme le Front de Gauche, luttent pour une “autre Europe”, une Europe réellement sociale. Par contre, l’UMP, le Modem et le Parti socialiste soutiennent le Traité de Lisbonne d’essence néolibérale, malgré la crise du système capitaliste.
Pourquoi le PCM appelle-t-il à participer aux élections européennes?
3- Nous Martiniquais, nous ne sommes pas européens, mais nous sommes concernés par l’Europe puisque sa politique s’applique chez nous intégralement, avec toutes ses contraintes. Les effets négatifs de l’intégration sont amplifiés dans notre pays en raison de la faiblesse et de la fragilité de notre économie.
75 à 80 % des lois votées par le Parlement français - et qui s’appliquent en Martinique - sont des transpositions de lois adoptées par le Parlement européen. Au fil des années et des traités, ce Parlement a acquis de plus en plus de pouvoir : pouvoir de co-législateur à égalité avec le Conseil des Ministres, pouvoir de censure de la Commission, pouvoir budgétaire, pouvoir d’enquête, etc.
Le problème du Parlement européen, ce n’est plus qu’il manque de pouvoir, c’est sa majorité libérale et sociale libérale favorable aux dogmes libéraux et au libre échange généralisé qui ont engendré la crise et accentuent l’exploitation des travailleurs. L’orientation politique de ce Parlement n’est donc pas indifférente pour les intérêts des travailleurs et du pays Martinique. Nos intérêts doivent y être défendus.
4- Notre Statut de Région ultrapériphérique (RUP), de l’Union européenne, après bien des batailles menées en particulier par le communiste Paul Vergès, reconnaît formellement certaines de nos spécificités (éloignement, étroitesse du marché, économie insulaire, vulnérabilité aux intempéries, relief, etc). Il en découle des dérogations ponctuelles et temporaires au libre-échange européen destructeur pour notre économie et l’attribution de certaines aides pour compenser les inconvénients de l’intégration.
Des dérogations provisoires constamment remises en cause (octroi de mer) car elles sont subordonnées au respect de “l’intégrité et à la cohérence de l’ordre juridique” européen (“la concurrence libre et non faussée”). Le bénéfice des Fonds structurels européen est remis en question par l’application rigide des critères d’attribution européens (PIB < 75 % du PIB moyen européen) et par l’élargissement continu de l’Europe aux pays de l’Est. Un processus qui abaisse le PIB moyen européen et accroît le nombre de régions éligibles à des fonds structurels que l’Europe capitaliste refuse d’augmenter.
L’octroi des fonds structurels à la Martinique est subordonné par l’Europe à l’adoption de programmes opérationnels (PO) respectant la stratégie dite de Lisbonne qui impose le principe de
“compétitivité” dans la politique de développement des RUP.
Ce principe vient en contradiction avec le développement de la production et de l’emploi, avec la recherche de l’autosuffisance alimentaire, avec un nouveau type de développement endogène, durable et solidaire. La Martinique a certes reçu de l’Union européenne 703,6 millions d’euros d’aides de 2000 à 2006, soit 100,5 M€ en moyenne par an ; mais l’Europe hors la France a réalisé un bénéfice commercial de 2407 millions d’euros sur la Martinique de 2003 à 2007, soit 481 M€ en moyenne par an. Nous ne sommes donc pas des mendiants. Le chômage évolue vers les 30 % des Martiniquais en âge de travailler et 52 % des jeunes sont sans emplois.
5-Le statut de RUP doit évoluer vers un vrai statut particulier d’Association et de coopération spécifiques accordant un droit à dérogation permanent, le droit à la protection de notre marché et le
droit de choisir librement notre voie de développement. La Martinique doit pouvoir se tourner et échanger avec les peuples et pays voisins de la Caraïbe pour sortir du face à face exclusif avec la
France et l’Europe qui, de fait, la place sous tutelle. De plus, il est possible de faire valoir nos droits par une mobilisation solidaire de celle des autres peuples à l’image du rejet de la Constitution européenne d’essence libérale exprimé par les Français et les Irlandais en 2005 et par les Néerlandais en 2008 ou à l’exemple des avancées sociales arrachées par le mouvement de février-mars 2009.
Pourquoi le PCM appelle à voter pour Madeleine de Grandmaison?
6- Madeleine de Grandmaison a été élue en 2004 sur la liste Alliance menée par Paul Vergès que nous avons soutenue. Elle a siégé au Parlement européen à partir de 2007 quand Paul Vergés s’est retiré. Elle a été inscrite au groupe de la Gauche Unie européenne (GUE) constitué de députés européens communistes de différents pays européens et d’autres députés progressistes et verts.
C’est une candidate d’expérience. Son bilan est positif. Elle a fait preuve de dévouement et de combativité. Aujourd’hui elle figure en 2ème position sur la liste “Alliance des Outre-mers” menée par Elie Hoarau, Secrétaire général du Parti Communiste Réunionnais (PCR). Elle se bat pour un partenariat véritable avec une autre Europe, une Europe vraiment sociale.
7- Nous appelons encore à voter Elie Hoarau - Madeleine de Grandmaison car : - La liste “Alliance pour les Outremers” affirme qu’il faut “inventer un nouveau modèle de développement économique pour les DOM”. Il s’agit pour cette liste d’affronter les rendez- vous prévus dans les années à venir :
- renégociation en 2013 des fonds structurels qui ont déjà baissé de 15% pour les programmes opérationnels 2007-2013 du fait de l’élargissement de l’Union européenne ;
- remise en cause des aides pour l’industrie sucrière (Réunion);
- conséquence de la conclusion des accords de partenariat économiques (APE), défavorables aux RUP, entre l’UE et les pays voisins des DOM qui risquent de venir concurrencer la production
locale, alors que le déséquilibre entre importations et exportations ne cesse de s’approfondir ;
- menace de suppression audelà de 2014 de l’octroi de mer qui protège difficilement le faible tissu productif des DOM et procure des ressources indispensables à leurs collectivités locales ; - Etc ;
Le samedi 6 juin, votez Madeleine de Grandmaison, pour défendre les intérêts martiniquais et pour un nouveau partenariat d’égal à égal avec une Europe respectueuse réellement de nos spécificités et de notre personnalité.
Le Parti Communiste Martiniquais
Fort-de-France, le 3 Juin 2009