Les 5.000 adhérents et militants, réunis à la conférence extraordinaire du PCR, ce samedi 24 janvier 2009, à Saint-Pierre, dans le cadre des manifestations du 50ème anniversaire de la création du Parti Communiste Réunionnais, considèrent qu’en 50 ans la situation à La Réunion a fondamentalement changé.

En effet, après l’ère de la liberté en 1848, celle de l’égalité en 1946, l’ère de la responsabilité a enfin sonné. Elle passe par l’affirmation renforcée de l’Unité Réunionnaise dans son intra-culturalité et l’élaboration d’un projet de développement durable, pour maintenant et les années à venir.

En effet, le sort réservé aux :
- 52% de notre population vivant en dessous du seuil de pauvreté,
- 30.000 demandeurs de logement,
- 120.000 illettrés,
- 30% de chômeurs,
- milliers de jeunes diplômés qui désespèrent de trouver un emploi est inacceptable et va s’empirer, si rien n’est fait !

D’autant plus que des menaces se profilent à brève échéance sur :
- les planteurs de cannes avec la fin de l’actuel accord sucrier européen en 2013,
- l’octroi de mer
- le maintien ou pas de La Réunion en objectif 1 des fonds structurels de l’UE.
- les Accords de Partenariats Economiques, entre l’Europe et nos pays voisins.

Il convient donc, de sortir des politiques inadaptées à la situation nouvelle, et de proposer des solutions innovantes.

Celles-ci doivent tenir compte du contexte mondial marqué, d’une part, par une grave crise financière et économique et, d’autre part, par les grands défis tels que les changements climatiques, la raréfaction des énergies fossiles, la progression démographique, l’évolution rapide des technologies et la globalisation des échanges commerciaux.

Afin d’appréhender cette situation mondiale nouvelle et d’élaborer les meilleures propositions possibles pour épargner La Réunion d’une catastrophe économique et sociale, la Conférence Extraordinaire du PCR décide de convoquer le 6ème Congrès du Parti les 9 et 10 mai prochain.

Une meilleure connaissance de l’histoire du Parti, des luttes menées par les anciens, à travers le bilan qui sera fait au Congrès de ses 50 ans d’expérience, aidera les plus jeunes générations à assumer les responsabilités que le congrès leur confiera.

Le Congrès permettra au Parti d’analyser la situation actuelle, dans le monde et à La Réunion, et de formuler pour notre Pays des solutions concrètes à la lumière de ses 50 ans d’expérience.

Les participants à la Conférence Extraordinaire du PCR du 24 janvier s’engagent à faire du 6ème Congrès du Parti Communiste Réunionnais un grand succès, conscients que leurs actions d’aujourd’hui pèseront sur l’avenir du Pays.

En avant, pour le 6e Congrès du Parti Communiste Réunionnais !

Élie Hoarau, secrétaire général du PCR

5.000 participants : le succès de la conférence extraordinaire a dépassé les prévisions. Pour Élie Hoarau, secrétaire général du PCR, cela signifie que « l’attente de nos camarades, l’attente de la population » ne doivent pas être sous-estimées. Pour répondre à ces attentes, le PCR propose des mesures urgentes, et d’autres à plus long terme afin de sortir le pays du sous-développement : création de deux grands services publics et mobilisation des gisements d’emplois. Il a également indiqué quel cadre social et organisationnel peuvent favoriser ces propositions. Élie Hoarau a décrit ces différents points dans son intervention conclue sur la proposition de la tenue d’un congrès les 9 et 10 mai prochains.

Élie Hoarau a tout d’abord rappelé le contexte dans lequel se tient cette conférence extraordinaire : l’inquiétude avec la crise qui s’aggrave.
« Nous devons agir, c’est notre devoir d’apporter des solutions, c’est notre devoir pour rester fidèle à l’héritage de nos prédécesseurs, qui ont su trouvé une solution particulière à un problème spécifique : l’abolition du statut colonial le 19 mars 1946 ».
Des solutions qui devront être trouvées dans un contexte compliqué par les changements climatiques, la fin des énergies fossiles et la globalisation.
« La réalisation de l’égalité sociale a changé la donne », poursuit le secrétaire général du PCR. Mais elle n’a pas permis de résoudre plusieurs problèmes structurels : 52% de la population sous le seuil de pauvreté, 120.000 illettrés, 30% de chômage. Pour cette raison, toutes les propositions doivent d’abord penser aux plus démunis.

Ces propositions seront mises en débat, et enrichies auprès des sections, ajoute Élie Hoarau. Elles se déclinent en trois volets : les mesures sociales immédiates, les projets d’avenir, le co-développement.

1. Les mesures sociales et immédiates

Le Parti communiste réunionnais appelle à « sortir de ces emplois aidés qui mettent les travailleurs à la recherche d’un travail sous la pression et qui sont une source d’humiliation pour notre peuple ». Et de rappeler qu’au sujet de ces emplois-aidés, ils ont été qualifiés par le préfet de « contrats magouille ».
Le PCR propose pour les remplacer la création de deux grands services publics : l’aide à la personne et à l’environnement.
Le secrétaire général du PCR constate un foisonnement de propositions relatives aux nouveaux métiers qui pourront exister dans ces secteurs.« Entre 30.000 et 40.000 emplois peuvent être créés dans les services à la personne », annonce Elie Hoarau, et autant dans l’environnement. Car dans ce dernier secteur, beaucoup reste à faire dans le tri sélectif, la protection de la biodiversité. Le Parc national couvre 42% du territoire, il est un atout.
De plus, ces nouveaux emplois nécessitent des besoins en formation. Ce sont donc au moins 60.000 emplois pérennes qui peuvent être créés rapidement. Et le financement ?
« Le RSA, c’est 8 milliards plus un financement complémentaire de 1,5 milliard », rappelle Élie Hoarau. C’est dans la part qui reviendra à La Réunion qu’il sera « possible de trouver les crédits nécessaires pour faire fonctionner les deux grands services publics ». Les deux services publics seront gérés par une instance paritaire, où seront représentées les collectivités, les syndicats et les chômeurs.
Une autre urgence est de faire face à la crise du logement. Le PCR plaide pour un reparamétrage de la LBU, une programmation pluriannuelle de cette ligne de crédit. Car si en France le gouvernement fait un effort particulier pour le logement social, « nous aussi nous devons y avoir droit ». Et il est urgent d’agir, car « avec la modification de la défiscalisation, le logement intermédiaire est menacé. Nous devons aller rapidement vers une autre politique pour le logement », ajoute Élie Hoarau.

2. Les projets d’avenir : répondre aux exigences du développement durable

Le PCR est solidaire des objectifs de la Région exprimés en 1999 : l’autonomie énergétique en 2025. Et « tant mieux si l’État et La Réunion économique ont emboîté le pas à la Région » avec leurs différents projets.
Les exigences du développement durable sont une perspective d’emploi pour notre jeunesse. Élie Hoarau rappelle les propos d’un solariste qui avait annoncé la création possible de 15.000 emplois rien que dans le solaire.
« Se tourner vers l’avenir, ce sont des milliers d’emplois pour la jeunesse de notre pays », poursuit le secrétaire général du PCR, et d’énumérer l’antenne satellitaire et la création du CHU. « Le haut niveau, voilà les perspectives que nous offrons à la jeunesse réunionnaise. Et nous ne devons avoir aucun complexe quand nous défendons la priorité de l’emploi pour la jeunesse dans l’administration », ajoute le secrétaire général du PCR.
Les projets d’avenir, ce sont aussi les infrastructures de La Réunion du millions d’habitants : nouvelle route du littoral, tram-train. Ce sont des chantiers créateurs d’emplois.

3. Le co-développement

« La crise du pétrole a rappelé que l’essentiel de ce que nous consommons est importé de plus de 10.000 kilomètres », rappelle Élie Hoarau. Cela entraîne un renchérissement du coût du transport.
Il est donc primordial de développer nos relations avec les pays de la région, il faut « finir avec ce que le colonialisme nous a imposé : les échanges Nord-Sud ».
Cela passe par une intensification des échanges avec l’Inde, la Chine, l’Afrique du Sud et les îles de l’océan Indien.
L’intensification des relations avec nos voisins, c’est aussi contribuer à l’autonomie alimentaire des pays du Sud-Ouest de l’océan Indien. C’est également développer des gisements d’emplois comme la pêche qui peut en créer 5.000 rien qu’à La Réunion.

4. La cohésion sociale

« Le meilleur programme ne tiendra jamais la route sans la cohésion de la société », souligne le secrétaire général du PCR, « nous avons réussi à surmonter les divisions du passé. Notre union est fragile, nous devons la renforcer et être solidaire envers les Réunionnais au bord du chemin parce que leur ancêtre est né aux Comores, en Afrique ou à Madagascar.
La Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise renforcera cette solidarité ».

5. Cohésion institutionnelle

« Un tel projet global suppose la meilleure gouvernance possible ». Le secrétaire général du PCR revient sur la proposition d’assemblée unique en 1981. Aujourd’hui, c’est le gouvernement lui-même qui pose cette question. Et de rappeler qu’à Mayotte, Yves Jégo a parlé de l’assemblée unique, et que le gouvernement pourrait l’étendre aux DOM.
« Les conditions sont réunies pour que s’instaure entre Réunionnais un débat franc sur cette question. Nous sommes persuadés que le bon sens triomphera ». Quant au mode de scrutin, il sera l’occasion « d’atteindre l’objectif d’une personne, un mandat ».

6. Vers le 6ème congrès

Face à la complexité de tous ces problèmes, le secrétaire général du PCR invite tous les Réunionnais à réfléchir. Pour sa part, le PCR va entamer une phase d’intense et profonde de réflexions, et le secrétaire général propose à la conférence extraordinaire de convoquer les 9 et 10 mai prochains, le 6ème congrès du PCR.
Ce sera l’occasion également de faire le bilan de ces 50 dernières années, de réfléchir sur le rôle que le PCR doit jouer sur la scène internationale, et de « remettre au centre de notre parti des valeurs qui se sont émoussées au fil du temps ».
L’objectif est de « proposer aux Réunionnais une perspective. Il faut que nous soyons unis, rassemblés. Notre congrès va mieux nous armer pour atteindre cet objectif ».

Pour le rassemblement des Réunionnais dans la continuité des luttes
PAUL VERGÈS, PRÉSIDENT DE LA RÉGION, UN DES FONDATEURS DU PCR

Le président de la Région a prononcé un discours appelant au rassemblement le plus large des Réunionnais afin de gagner la bataille de la responsabilité, en excluant tout sectarisme, dans la continuité de la lutte menée par les anciens.

« La rencontre d’aujourd’hui est un grand acte politique », souligne le président de la Région, « des milliers de femmes et d’hommes prennent rendez-vous pour l’avenir que nous allons bâtir pour La Réunion ». « La présence des invités, avec leurs différences, montre qu’il est possible de se rassembler ».
Cette volonté de rassembler allait être le fil conducteur du discours de Paul Vergès, un des fondateurs du Parti communiste réunionnais. Une intervention au cours de laquelle le président de la Région a dressé un premier bilan d’un demi-siècle de luttes du Parti communiste réunionnais.
Il rappelle que le congrès de 1959 n’aurait pas été possible sans les luttes d’avant. Des luttes qui avaient débouché sur la concrétisation d’une initiative venue notamment de La Réunion : l’abolition du statut colonial et la transformation de La Réunion en département le 19 mars 1946. Ce 19 mars est « une date historique aussi importante que le 20 décembre », car elle marque une rupture avec le régime colonial.
« Il faut se rappeler la misère d’avant 1946, il y avait très peu de médecins, La Réunion sortait de la guerre où le nombre des décès était supérieur à celui des naissances », ajoute Paul Vergès.

« Ce que nous avons aujourd’hui, nous l’avons arraché »

Les militants qui ont mené ce combat se sont heurtés à ceux qui bénéficiaient du régime colonial. La loi du 19 mars 1946 « a donné les conditions de la lutte qui a abouti à l’égalité sociale en 1996 : une bataille de tous les instants, sur tous les plans ». Car l’abolition du statut colonial ne s’est pas traduit par l’application de l’égalité dès le 1er janvier 1947 comme le prévoyait la loi.
Le président de la Région rappelle que 1959, c’était la période où « la violence institutionnelle » avait fait chuter toutes les positions de pouvoir détenues par les progressistes. En créant le PCR, les militants devaient eux-mêmes définir leur programme. Cette transformation de fédération en parti s’est réalisée dans la continuité de la lutte : « Si nous n’avions pas eu le soutien des militants qui ont lutté pour l’abolition du statut colonial, il n’y aurait pas eu de congrès ». Et c’est un groupe de jeunes appuyé par des anciens de la bataille de 46 qui a créé le PCR.
Le PCR a lutté pour que les droits du 19 mars soient reconnus aux Réunionnais : les allocations familiales, le SMIC, les allocations pour les chômeurs... « ce que nous avons aujourd’hui, nous l’avons arraché. Ce sont 50 ans de luttes pour la dignité réunionnaise, l’égalité réunionnaise. Nou lé pa plis, nou lé pas moin, respèkt anou ».
« Nous avons imposé le respect du droit de vote des citoyens », rappelle Paul Vergès, « tout élu qui est élu aujourd’hui par le résultat et le sacrifice de 50 ans de luttes ». Le président de la Région revient également sur toutes les luttes qui ont été nécessaires pour le respect de l’identité réunionnaise : pour la reconnaissance du peuple réunionnais, issu de trois continents, et dont « l’identité est faite de tous ces apports inséparables » ; pour le respect du créole ; pour le maloya.

« L’heure de la responsabilité a sonné »

La génération précédente des fondateurs du PCR avait gagné le 19 mars, « nous devons être fiers de cet héritage, prêts à affronter l’avenir avec aujourd’hui une situation nouvelle », dit en substance Paul Vergès.
Cette situation nouvelle, c’est une île de 800.000 habitants aujourd’hui, la mondialisation, le changement climatique, le défi technologique et cette question : comment traverser la crise ?
La génération qui prendra la responsabilité au prochain congrès sera responsable des cinquante prochaines années, ajoute en substance le président de la Région. Cette période sera marquée par la conquête de l’autonomie énergétique : « nous avons 15 ans pour aller vers le développement durable, c’est chez nous que se trouvent les solutions ».
« L’heure de la responsabilité a sonné, vous avez devant vous une tâche », et Paul Vergès souhaite à ces futurs responsables « le succès que nous avons eu pendant 50 ans ». Et de préciser qu’il faut « voir comment au prochain congrès nous aurons la fusion des générations ».
Paul Vergès conclut en réaffirmant l’orientation idéologique : « Nous sommes pour l’union de tous dans le respect des différences. Un communiste sectaire est un anti-communiste »

5.000 Réunionnais prennent rendez-vous avec l’avenir
LES PARTICIPANTS À LA CONFÉRENCE EXTRAORDINAIRE

Samedi matin, 5.000 Réunionnais sont venus de toute l’île pour participer à la conférence extraordinaire du Parti communiste réunionnais. La Réunion a connu samedi un premier temps fort du cinquantenaire du Parti communiste réunionnais : la conférence extraordinaire. Cette rencontre a débouché sur la décision de tenir le 6ème congrès du PCR, les 9 et 10 mai prochains.

Samedi, la conférence extraordinaire a commencé par une action s’inscrivant en plein dans le développement durable : 50 arbres ont été plantés par des congressistes au bord de la route des Tamarins.
Le rassemblement avait lieu au domaine des pierres, à Pierrefonds. Le succès était tel qu’il a fallu mobiliser un écran géant pour que toutes les personnes qui n’ont pas pu entrer dans la salle puissent participer aux débats.
Fabrice Hoarau rappelle les enjeux de la conférence, et le contexte historique dans lequel elle se situe : après l’ère de la liberté, et celle de l’égalité, voici l’ère de la responsabilité. Une ère qui commence avec des défis énormes à résoudre, dans de nombreux domaines. Des défis qui exigent le rassemblement le plus large.
Fabrice Hoarau salue la présence des invités de la conférence extraordinaire : Roland Ramakistin, maire et conseiller général de Trois-Bassins, Michel Dennemont, maire et conseiller général des Avirons, plusieurs membres de la majorité régionale de l’Alliance, du Conseil général, tous sont ovationnés. Les six maires PCR du Port, de La Possession, de Saint-André, de Saint-Louis, de Saint-Paul et de Sainte-Suzanne sont également salués par des applaudissements. Au nom du PCR, Fabrice Hoarau fait part de toute la solidarité du parti envers Huguette Bello, Claude Hoarau et Maurice Gironcel, cibles de recours ou de procédures judiciaires qui visent à attenter au respect du choix de la population.
Deux motions étaient à l’ordre du jour. La première concernait la solidarité avec la Palestine, et la seconde le prix des carburants.
Après un hommage aux anciens, les discours d’Élie Hoarau, secrétaire général du PCR, et de Paul Vergès, président de la Région et membre fondateur du PCR, ont débouché sur l’adoption à l’unanimité d’une résolution qui appelle à la tenue d’un nouveau congrès, les 9 et 10 mai prochains.
Lorsque dans le futur, les historiens se pencheront sur l’année des 50 ans du PCR, ils ne manqueront pas de constater qu’invités à prendre leurs responsabilités, 5.000 Réunionnais ont pris rendez-vous avec l’avenir, dans la continuité des luttes de leurs aînés.