Dans le conflit opposant Antoine Zacharias à Xavier Huillard, à la tête du groupe Vinci, le premier voulant une rallonge de 8 millions d’euros refusée par le second, c’est donc le numéro 1 qui a échoué à se débarrasser du numéro 2. La belle affaire.
Moralité? Tout va bien dans le meilleur des mondes! D’ailleurs, même Laurence Parisot hurle sa joie: “ Formidable! dit-elle. Le système de gouvernance tel que le MEDEF l’avait préconisé a pleinement fonctionné ”. On croit rêver. Pour un peu, la boss des boss nous annoncerait la bonne nouvelle, autrement dit la moralisation des propriétaires du CAC40 qui, par le miracle d’une humanité retrouvée, parviendrait à tenir en respect les deux valeurs fondamentales des actionnaires, l’argent et le pouvoir...

Seulement, voilà, la réalité – bien plus cruelle – s’acharne à démentir Madame Parisot. Car l’affaire Vinci offre aux regards de tous l’image d’une France des privilèges, mais des VRAIS privilèges, ceux-là! On nous dit: Zacharias a payé la note, bravo! Traduction: l’homme était un peu gourmand, ça commençait à se voir… Il faut bien avouer que l’homme, ces dernières années, s’était abondamment “ servi ”. outre son salaire, 7,5 millions d’euros pour l’année 2005, et son package de départ de 50 millions d’euros, il aurait additionné quelque 173 millions d’euros de stock-options? Vous avez bien lu. L’équivalent de 11 000 années de SMIC. Ces chiffres ne donnent plus le vertige, mais le haut-le-coeur.
Car le bougre n’est pas seul. Pendant que des millions de nos concitoyens tentent de préserver leurs allocations – n’en déplaise à Royal – pour vivre, les bénéficiaires du “ financiarisme débridé ” passent à la caisse. Et quelle caisse! Les rémunérations des patrons du CAC40, hors stock-options bien sûr, atteignent la moyenne annuelle astronomique de 3,5 millions d’euros. La publication de leurs salaires devait leur donner mauvaise conscience? Manqué. Toujours plus à la hausse. Alors que le revenu de la moitié des Français est inférieur à 14 000 euros pas an, les PDG continuent d’engranger des sommes stratosphériques!

Au royaume du monarque élu où l’amnistie des copains est montrée en exemple et où les coquins dépourvus d’éthique règnent impunément, le train de vie fou de ces gens-là est une insulte aux violences souterraines du peuple de France acculé au sous-emploi. Ces violences-là se résument en deux mots et rien d’autre: injustices sociales. Beaucoup feraient bien de ne pas l’oublier avant 2007.