La collectivité territoriale de Corse, dirigée pendant vingt-six années par la droite, est passée à gauche lors des dernières élections régionales.

Le scrutin du 21 mars n'a cependant pas donné de majorité absolue à la liste conduite par le PS : avec 36,62% des voix, la liste PRG-Front de gauche-PS a devancé dimanche au deuxième tour la liste de l'UMP (27,65%) et les deux listes nationalistes (25,89% et 9,85%). D'où l'incertitude qui persistait quant à la désignation du président de l'Assemblée.

L'élection s'est jouée au troisième tour de scrutin par 24 voix pour Dominique Bucchini, contre 12 pour le président sortant Camille de Rocca Serra (UMP) et 15 pour le candidat nationaliste modéré Gilles Simeoni.

La dernière candidate, représentant la mouvance dure des nationalistes, Josepha Giacometti, s'est retirée au troisième tour de scrutin après avoir participé aux deux premiers tours.

La liste d'union de la gauche (PRG, PS, Corse social-démocrate, PCF) a obtenu dimanche soir une majorité relative au sein de l'Assemblée de Corse, en battant la droite qui était aux commandes de la région depuis 26 ans.

Les 51 élus de l'Assemblée de Corse doivent également désigner leurs vice-présidents puis le président du conseil exécutif de la Collectivité territoriale de Corse. Le PRG Paul Giaccobbi, qui conduisait la liste de gauche victorieuse dimanche dernier, a annoncé qu'il serait candidat à cette fonction.

"La Corse a besoin de démocratie et de transparence", a déclaré Dominique Bucchini dans une allocution suivant son élection. "Nous allons nous mettre au travail tous ensemble et chacun avec ses options propres pour engager la Corse sur la voie d'une démocratie moderne et apaisée". le président élu a proposé d'engager "sans tarder une large concertation dans tous les domaines où une modernisation et une ouverture s'imposent," de "développer une action dynamique de coopération interrégionale", d'"affirmer notre implication dans les affaires européennes". "Il nous appartient de travailler même si nous n'avons pas tous la même idée de la Nation, à construire collectivement quelque chose de neuf qui sera la contribution originale de la Corse à un ensemble national et européen plus démocratique, plus prospère, plus solidaire", a-t-il plaidé.

Une figure du communisme corse

Le nouveau président de l'assemblée de Corse, courtois et charmeur, devenant parfois emporté et cinglant avec ses adversaires politiques, est une figure emblématique du parti communiste local. Adhérent aux Jeunesses communistes en 1958 puis au PCF en 1972, Dominique Bucchini, secrétaire de section à Montreuil-sous-Bois en Seine-Saint-Denis jusqu'en 1976, avait rejoint le courant rénovateur du PCF dans les années 1980. C'est aussi le plus ancien élu de l'assemblée territoriale où il siège depuis maintenant 28 ans. Né le 24 janvier 1943 à Sartène, il a été maire de cette commune de Corse-du-Sud pendant près d'un quart de siècle, de 1977 à 2001. Il siège également au conseil général depuis 1988 et a également été député européen entre 1981 et 1985. Tête de la liste Front de gauche aux élections territoriales 2010, cet élégant tribun avait pourfendu en 1997 le clanisme, le clientélisme et certaines dérives de type mafieux dans un livre intitulé "De la Corse en général et de certaines vérités". Très attaché à la culture insulaire, C'est un partisan de la co-officialité de la langue corse.

Déclaration de Marie George Buffet, Secrétaire Nationale du PCF

La secrétaire nationale du PCF, Marie-George Buffet, s'est félicitée aujourd'hui de l'élection du communiste Dominique Bucchini, "un homme intègre et courageux", à la présidence de l'Assemblée de Corse.

"Le PCF se félicite que Dominique Bucchini, tête de liste Front de gauche en Corse et artisan de l'union de la gauche au second tour" des élections régionales, "soit aujourd'hui président de l'Assemblée territoriale de Corse", déclare la numéro un communiste, dans un communiqué.

"C'est un homme intègre et courageux". "Je suis certaine, connaissant son humanisme et les valeurs de gauche qui le définissent, qu'il placera toute son intelligence au service de la Corse et de ses habitants", ajoute-t-elle.