Vie du PCF et du MJCF
Mardi 29 Novembre 2016
Les propositions débattues ce week-end lors de la Conférence Nationale de l'UEC
Depuis 2012, la vie de la majorité des étudiant.e.s s’est dégradée : le coût de la vie étudiante a augmenté d'environ 10 % ; près de 70 % d’entre nous n'ont pas accès aux bourses, et pour les bénéficiaires elles sont d'un montant largement insuffisant. Ce manque de ressources nous pousse au salariat étudiant, et donc au risque d’échouer nos examens. Dans la même période, le milieu étudiant s'est considérablement développé puisque ce sont près de 180 000 jeunes supplémentaires qui ont rejoint l’enseignement supérieur depuis 2012, parachevant son rôle majeur dans le développement de la production. Face à ces transformations nous avons développé nos analyses et orientations au plus près des réalités matérielles et aspirations du monde étudiant. Cette exigence d'efficacité dans la bataille politique et idéologique nous a conduit à élaborer une proposition : le salaire étudiant.
Nous avons montré une capacité à innover dans le mouvement étudiant et à l'irriguer d’une proposition révolutionnaire. Sortant des logiques caritatives, nous avons affirmé notre volonté de voir la question sociale résolue par la reconnaissance des études. La bataille du salaire étudiant nous permet de politiser la question de la précarité en la mettant en lien avec notre rôle dans les rapports de production. Si les étudiant.e.s méritent un salaire, c'est bien parce que leur formation renforce leur capacité à travailler : leur « force de travail ». En nous qualifiant, nous augmentons notre productivité future et nous développons les potentialités de toute la société. Avec le salaire étudiant, nous voulons arracher aux capitalistes la réponse aux besoins sociaux des travailleur.se.s en formation, en récupérant sur les richesses créées par le travail vingt milliards d’euros de cotisations – somme aujourd’hui captée par les profits – et en les plaçant dans une caisse de sécurité sociale contrôlée par les travailleur.se.s. Nous inscrivons notre visée révolutionnaire dans la lignée du CNR, dont la volonté était d’opérer une socialisation des richesses produites au travers de la Sécurité Sociale. Nous voulons un salaire étudiant ouvert à tou.te.s, (y compris étudiant.e.s étranger.e.s et travailleurs.ses en reprise d'études) : mêmes études, mêmes droits ! Pour réaliser notre projet, nous ne pouvons nous abstenir d'une stratégie de conquête à court et moyen terme. Nous pouvons envisager deux voies pour parvenir au salaire étudiant : la généralisation des bourses existantes, avec versement à date fixe ; ou bien la généralisation des systèmes de présalaire existant dans certaines filières. Mais dans ces deux cas notre objectif intermédiaire serait loin d’être atteint, c’est pourquoi toutes les batailles consistant à rattacher les étudiant.e.s à une sécurité sociale renouvelée et démocratisée – et donc à sortir la gestion de leur revenu du giron de l’État – sont également essentielles. Cela concerne par exemple la revendication de prise en compte des années d’études dans le calcul des retraites, mais aussi celle du rattachement des étudiant.e.s au droit commun en matière de santé (avec remboursement des soins à 100% par le régime général de la Sécurité sociale, en tiers-payant). Le salaire étudiant ouvrirait des droits aux prestations des branches Maladie et Vieillesse, avec exonération du paiement des cotisations pendant la période de formation. Il serait fixé en tenant compte du niveau de diplôme (licence, master, doctorat) et du coût de la vie étudiante locale. Nous réaffirmons aussi la place de cette revendication dans la lutte plus large pour un statut social de jeune travailleur.se en formation. Le salaire étudiant peut constituer une voie essentielle vers la conquête d'un statut social garanti aux jeunes en formation. Cette bataille n’est donc pas corporatiste mais vise à faire basculer le rapport de forces pour l’ensemble de la jeunesse. Concernant les périodes de formation dans le monde du travail (stages, alternance, apprentissage), il faut les rémunérer et les encadrer pédagogiquement ; pour les entreprises, il s’agirait de fixer un taux minimum et maximum de stagiaires. Le salaire étudiant ne s’interrompant pas pendant le stage, l’étudiant.e serait en sécurité financière. En revanche, puisqu’un travail est fourni dans l’entreprise, il est normal que cette dernière le paie. Dans ce sens, la revendication d’une rémunération du stagiaire égale aux qualifications est aujourd’hui une bataille essentielle. Enfin la reconnaissance de nos études appelle à une réflexion renouvelée autour des services publics de la vie étudiante. Dans les domaines du logement, de la restauration ou encore de la culture, le CROUS ne répond pas suffisamment aux besoins des étudiant.e.s, et se tourne même vers des logiques privées. Ce service public de la vie étudiante doit donc être démocratisé (en gestion par les étudiant.e.s et personnels), afin de garantir les meilleures conditions possibles de formation pour les futur.e.s travailleur.se.s. Nos revendications de nationalisation des logements lucratifs privés, de construction de nouvelles résidences et de rénovation des existantes restent pleinement à l'ordre du jour. Elles appellent d’ailleurs à être enrichies : proposons le cadrage national des loyers en cité U et l’égal accès des étudiant.e.s étranger.e.s aux logements ! La revendication de plafonnement des loyers du secteur privé peut aussi constituer une bataille intermédiaire, notamment au niveau local. Pour que les cités-U ne soient plus de simples dortoirs, exigeons de réels pouvoirs d'intervention des résident.e.s dans la prise de décision sur leurs lieux de vie, mais aussi l'embauche de personnels pour garantir une présence humaine indispensable. Cette démocratisation du CROUS devra modifier son fonctionnement et sa nature-même, pour que nos besoins ne soient plus sous la coupe de bureaucraties, même publiques. Enfin le libre accès le plus large aux transports peut constituer une bataille locale essentielle pour nous assurer un droit réel à la mobilité.
Le nombre d’étudiant.e.s ne cesse de croître en France, à tel point que ces dernières années l’équivalent de plusieurs universités nouvelles auraient dû voir le jour pour absorber l’augmentation. L’enseignement supérieur tend à former l’immense majorité des travailleur.se.s qualifié.e.s : nous sommes donc convaincu.e.s qu’il pourrait jouer un rôle de premier plan dans la nécessaire révolution productive et démocratique à impulser dans le pays. Pourtant, ce n’est pas le progrès social mais l’arithmétique budgétaire qui sert de boussole aux politiques publiques en la matière. Depuis des années, derrière le vocable d’« autonomie » ce sont des restrictions budgétaires que l’État impose aux universités. Dans des centaines d’établissements, l’austérité se manifeste par la réduction des places en licence et master, la fermeture de filières considérées comme non-rentables par le patronat et les amphithéâtres surchargés.
Il s’agit en fait de pousser les universités à trouver de nouvelles sources de financement en imposant une collaboration avec les entreprises, répondant aux exigences immédiates de ces dernières. Depuis la loi d'autonomie des universités et la mise en place des Communautés d’Universités et d’Établissements (COMUE), les entreprises du bassin d’emploi prennent en importance dans le financement de l’enseignement supérieur. Les établissements refusant d’entrer dans cette logique perdent d’énormes possibilités de financement réservées aux « bons élèves » libéraux, comme les IDEX (Initiatives d’Excellence) par exemple. Nos établissements voient donc la fermeture de nombreuses filières, jugées inutiles du point de vue financier, et la mise en avant d'autres formations souvent plus élitistes. Ces choix libéraux sont néfastes pour les étudiant.e.s mais aussi pour toute la société : comment une politique de formation dictée par les profits à court terme pourrait-elle répondre aux enjeux éducatifs, économiques et sociaux des trente prochaines années ? C’est plutôt d’un projet émancipateur et égalitaire dont l’enseignement supérieur a besoin. Un réinvestissement public massif est tout d’abord indispensable, avec pour règle le cadrage national budgétaire : les financements doivent être répartis proportionnellement aux besoins réels (matériel, personnel…) et au nombre d’inscrit.e.s dans les filières et établissements. Ce réinvestissement budgétaire, couplé à des services d'orientation dès la L1 et à un suivi personnalisé tout au long du cursus, doit permettre la réussite du plus grand nombre. Des financements nouveaux doivent également garantir un véritable maillage territorial pour assurer des formations accessibles partout en France. Au-delà du cadrage budgétaire, nous voulons un cadrage pédagogique et scientifique des diplômes, avec une trame de programmes nationaux en licence dans toutes les filières et pour l'ensemble des établissements, privés comme publics. A terme les grandes écoles doivent être fondues dans les universités, en nivelant par le haut les moyens financiers et donc la qualité des formations : l’excellence réservée à une poignée doit se généraliser à tou.te.s les étudiant.e.s ! Cette égalité des formations est une solide garantie pour l’égalité des diplômes et donc de l’insertion professionnelle. L’urgence est à une réelle reconnaissance des études dans le monde du travail, afin de garantir le salaire et les droits à la hauteur de notre travail et de nos qualifications. Pour cela nous voulons un cadrage national de l’insertion professionnelle, avec inscription de tous les diplômes dans une grande convention collective nationale interprofessionnelle. Cette mesure permettrait de porter un coup au monopole patronal sur la fixation du salaire. L’enseignement supérieur doit aussi être ouvert sur le monde, afin de former dans le même mouvement les futur.e.s citoyen.ne.s et travailleur.se.s. Nous voulons remplacer les liens actuels de collaboration entre patronat et université par des liens solides de coopération entre travailleur.se.s et étudiant.e.s. Le grand patronat n'a rien de bon à nous apporter ; c’est aux salarié.e.s et à leurs syndicats de venir représenter le monde du travail dans les conseils d’administration et d’intervenir dans des contenus de cours réellement professionnalisants. Nous voulons une université démocratique, qui appartienne à ceux et celles qui y vivent et travaillent. Nous voulons aussi de meilleures périodes de formation en entreprise, collectivité ou dans l'économie sociale et solidaire, utiles pédagogiquement et protégées par un droit du travail effectif. Au-delà du lien avec le monde du travail, l’enseignement supérieur a vocation à participer à sa transformation. Le communisme, c’est la fin de la division sociale et genrée du travail : nous voulons en poser les bases dans nos formations, en brisant l’apprentissage des hiérarchies et des distinctions. Nous voulons pour toutes les filières « une formation polytechnique, qui transmet tous les principes généraux de tous les processus de production et qui dans le même temps introduit à l’usage pratique des instruments élémentaires de toutes les branches productives » comme l’envisageait Marx. Alors que le capitalisme contemporain promeut la polyvalence extrême du travail (serveur le jour, chauffeur Uber la nuit…), nous voulons au contraire donner aux futur.e.s travailleur.se.s la maîtrise pleine et entière d’un métier. Les formations polytechniques que nous proposons distingueraient l’apprentissage très large de connaissances et de domaines professionnels en licence, et la spécialisation relative dans un corps de métier en master. Enfin nos formations ont besoin d’une pédagogie renouvelée, au service de la réussite de tou.te.s les étudiant.e.s. Concrètement le cadrage pédagogique fixerait nationalement les contenus, objectifs, modes d’évaluation (y compris pour les examens et pratiques de notation) des établissements d’enseignement supérieur. Nous voulons aussi une refonte du système de cours adaptée à la réalité de chaque filière, avec un meilleur lien entre cours magistraux en amphi (CM) pour l’acquisition des connaissances et travaux dirigés (TD) en effectifs réellement réduits permettant la mise en pratique. Qui plus est, l'instauration de projets étudiants participatifs doit être promue. La mise en ligne des cours sur des plateformes numériques et gratuites doit se généraliser pour permettre aux étudiant.e.s de compléter leurs cours. Utilisées aujourd’hui comme palliatif à l’austérité, ces plateformes conjuguées aux cours en présentiel permettraient de toucher plus d'étudiant.e.s.
Le patriarcat, au service du capitalisme, crée une société inégalitaire dans les rapports entre femmes et hommes. Le système patriarcal définit les rôles genrés, conduisant chacun.e à adopter des conduites socialement construites, tournées vers une certaine conception de la virilité pour les hommes, et une autre de la féminité pour les femmes. La question du genre est donc au cœur des questions féministes. Les institutions, fruit de cette structure économique et sociale, objectivent les rapports de domination genrée dont découlent les inégalités, ce dès l’enfance : au sortir de la socialisation familiale, déjà différenciée, l’école n’aura d’autre effet que d’entériner cette orientation de genre. Après 15 ans au cœur du système scolaire, à l’arrivée en études supérieures nous avons donc profondément incorporé cette différenciation, tant dans nos choix d’orientation que dans la place que nous occupons dans la vie universitaire. Par conséquent l’on observe des filières majoritairement masculines (sciences et techniques) dans lesquelles les femmes auront davantage de difficultés à se projeter, et des filières à dominante féminine (lettres, soin à la personne…). Ces dernières sont considérées comme moins prestigieuses, et leurs métiers sont moins rémunérés, entretenant l’inégalité salariale entre femmes et hommes. Les métiers auxquels elles préparent étant dévalorisés, elles sont de fait les premières touchées par les coupes budgétaires et la dégradation des formations. C’est pour cela que nous voulons l’inscription des diplômes dans les conventions collectives : pour briser l’inégalité genrée dans l’insertion professionnelle.
De plus, les femmes sont globalement invisibilisées au sein de la communauté scientifique : leur rôle dans l’Histoire et les découvertes scientifiques est minimisé au profit de leurs collègues masculins. C’est pour cela qu’une véritable « bataille culturelle » est nécessaire, pour redonner toute leur place aux femmes (renommer les amphis au profit de figures féministes, changer les contenus de cours, faire intervenir des femmes en conférence etc…). De même, les étudiantes, quelle que soit leur filière, ont tendance à moins intervenir que leurs voisins de TD, ce qui conduit par effet d’engrenage à l’invisibilisation de leur parole, et à terme à leur effacement en tant qu’actrices de leur formation. Cet effacement peut également être alimenté par la peur d’attirer des remarques sexistes de la part de leurs professeurs, comme en témoignent nombre d’étudiantes. L’université étant bien souvent un lieu de promotion de l’idéologie dominante, nous devons y agir pour briser l’orientation genrée et l’entre-soi de certaines filières à dominante masculine comme les écoles d’ingénieur.e.s. Se pose ensuite le problème de la prise en considération des femmes enceintes. Ne répondant pas aux critères d’optimisation, d’efficacité voire d’assiduité, elles rencontrent des difficultés à mener leur formation à bien. Elles rencontreront d’ailleurs les mêmes obstacles dans leur vie active, lorsque l’on pourra leur reprocher de « causer du tort » à l’entreprise du fait de leur maternité. Les femmes sont également les premières victimes de la triple journée de travail (études, emploi et tâches ménagères), un phénomène dû à la répartition genrée des rôles au sein du foyer, qui nuit à la poursuite des études des femmes, et augmente donc leur précarité. Le salaire étudiant permettrait de s’attaquer à cette précarité, qui pousse parfois des étudiant.e.s à la prostitution. Par-là, nous devons lutter pour son abolition, en y ajoutant des sanctions envers ceux qui profitent de ce système d’exploitation. Les inégalités de genre ne s’arrêtent pas là : en effet, les étudiantes sont exposées à diverses problématiques dans leur vie extra-universitaire. De même qu’appartient à chaque femme le choix d’avoir ou non un enfant, une étudiante doit pouvoir bénéficier d’un cadre propice à sa poursuite d’études qu’elle soit enceinte ou jeune mère, par la création de crèches et de pôles publics de santé avec accès gratuit aux soins : contraception, IVG, gynécologie, psychologie... Cela doit leur permettre de poursuivre leurs études jusqu’au plus haut niveau. De plus, dans le monde étudiant comme dans le reste de la société, leurs comportements et modes vestimentaires sont normalisés selon un genre idéalisé. Si elles ne collent pas à cet idéal, elles se heurtent à la pression sociale, qu’elles sont nombreuses à éviter en se conformant aux comportements socialement acceptés. Les standards jouent également leur rôle dans la socialisation étudiante : cela passe par l’humour sexiste, les gestes déplacés et la communication qui réifient les femmes pour les événements étudiants organisés par certaines associations, dont il est de bon ton de rire, même si cela choque, sous peine d’être déconsidérée par ses camarades de promo. C’est pourquoi nous proposons l’adoption de chartes féministes par les associations et les universités, garantissant le respect des droits des étudiantes. En cas de non-respect les universités pourraient retirer locaux et subventions aux organisateurs. Nous voulons également la mise en place de cellules d’écoute sur les campus et dans les cités-U, auprès desquelles les femmes pourraient libérer leur parole et témoigner des violences subies. Ces cellules doivent avoir un véritable rôle de prévention, d’alerte et d’accompagnement des victimes de pratiques sexistes. Cela passe par l’application de sanctions effectives envers les étudiants ou professeurs coupables de chantage à la note, de harcèlement, de viol… Les pratiques sexistes ne doivent pas être étouffées par peur de ternir le prestige d’une université, la carrière d’un enseignant ou le parcours d’un étudiant. La Semaine du Féminisme et les soirées féministes sont également de très bons moyens pour dégager sur nos campus des espaces libérés du patriarcat.
Depuis plusieurs années, l’enseignement supérieur et la recherche est confronté aux contradictions inhérentes à sa réorganisation libérale. Alors que le capitalisme requiert l’emploi d’une main d’œuvre de plus en plus qualifiée la politique d’austérité ne permet pas d’accompagner ce besoin. En effet, les inégalités de dotations accentuent la reproduction sociale : aux élites l’accès garanti à de grandes écoles bien financées, aux étudiant.e.s de plus en plus nombreux à l’université, le manque de moyens permanent. Le Crédit Impôt Recherche (CIR) est symptomatique de l’inefficacité de cette politique : plutôt que de financer la recherche publique, l’on a accordé des exonérations aux entreprises, sans résultats concrets. De même les financements sur projet sont des freins au progrès des connaissances, puisqu’ils obligent les chercheur.se.s à prospecter en permanence pour leurs subventions. Les priorités de recherche doivent être définies non par des organismes bureaucratiques, mais en lien avec les besoins sociaux et productifs. Afin de garantir l’excellence scientifique à la recherche de notre pays, il est important de défendre le nécessaire équilibre entre recherche fondamentale et recherche appliquée, menacé toujours plus par le capitalisme de la connaissance.
La recherche est aussi bloquée par la précarité, que les doctorant.e.s subissent de plein fouet à cause du nombre trop faible d’allocations de recherche et de leur durée trop limitée (dans certaines filières il est quasiment impossible de finir sa thèse en trois ans). Nous proposons donc qu’au même titre que les étudiant.e.s de licence et de master, les doctorant.e.s aient accès au salaire étudiant. Il serait par ailleurs nécessaire que la communauté scientifique définisse un nombre d’années adaptées par filière pour lequel les doctorant.e.s bénéficieraient de ce salaire. L’accès au doctorat rémunéré serait toujours soumis à l’approbation du projet de recherche par une commission scientifique. Les contours de cet accès devraient permettre une plus grande liberté d’accès au doctorat financé, tout en étant défini en relation avec les besoins du pays en termes de recherche. Enfin, pour en finir avec le système opaque de recrutement des enseignant.e.s-chercheur.se.s, nous devons revendiquer des règles nationales pour leur recrutement. Au-delà il paraît nécessaire de renforcer le lien des étudiant.e.s au monde de la recherche, notamment en favorisant les stages en laboratoire scientifiques et en étudiant dès la licence les techniques méthodologiques (recherche, rédaction…) nécessaires à la production d’un mémoire. Encourager la recherche est vain si l’on ne permet pas sa diffusion la plus large possible. C’est pour cela qu’il faut mettre fin à la privatisation des travaux scientifiques par un petit nombre de revues qui rendent ces travaux inaccessibles tout en se faisant de l’argent sur le dos des scientifiques. A l’ère du numérique, nous proposons que progressivement, une plateforme en ligne donne un accès libre et gratuit aux articles scientifiques et travaux de recherche (mémoires, thèses, soutenances) réalisés par les étudiant.e.s. Il faut abolir les droits de publication sur les articles scientifiques pour qu’ils puissent être consultés par tou.te.s : étudiant.e.s, chercheur.se.s, citoyen.ne.s… D’autre part, les productions et les travaux des étudiant.e.s doivent être reconnus par un droit d’auteur sur licence libre, notamment afin d’empêcher leur captation et appropriation indue. Plus globalement, ce sont toutes les formes de privatisation des connaissances, notamment par les brevets, qui sont appelées à être dépassées par la révolution informationnelle. Par ailleurs sous couvert de neutralité, les enseignements dispensés sont souvent fondés sur les dogmes néo-libéraux et ne laissent donc que peu de place aux visions alternatives. Si ce ne peut être une solution de long terme, nous soutenons par exemple la proposition de l’Association Française d’Economie Politique visant à permettre un autre type d’enseignement de l’économie, tourné vers les sciences sociales. Si nous aspirons au pluralisme dans les contenus de nos cours, nous souhaitons aussi son application dans la recherche. Pour cela, il apparaît indispensable de garantir des comités scientifiques pluralistes. En lien avec notre bataille pour l’édification d’un enseignement supérieur polytechnique, nous devons également revendiquer l’ouverture de nouvelles filières, en phase avec les transformations sociales et productives auxquelles nous aspirons et pour lesquelles nous luttons. La promotion du pluralisme intellectuel va dans le sens du progrès social. Dans ce cadre, l’UEC a donc toute sa place dans les batailles idéologiques et culturelles, avec la Semaine de la Pensée Marxiste et autres événements organisés dans ce sens. Organisée par et pour des étudiant.e.s, ces rendez-vous ont vocation à être de véritables compléments de cours et instants de réflexions collectives.
Comme par le passé, notre objectif est de construire la solidarité internationale avec les étudiant.e.s et peuples du monde en lutte. Depuis la fin de la Guerre Froide, en plus de la multiplication des guerres et du durcissement de l’emprise des puissances impérialistes, le capitalisme a fait des ravages dans l’enseignement supérieur : les politiques néolibérales l’ont soumis aux logiques de marché. Les universités doivent désormais être compétitives à l’échelle planétaire et agir les unes contre les autres.
Ainsi pour les pays impérialistes l’accaparement des savoirs est un enjeu central. Cela s’illustre notamment par le phénomène de « pillage des cerveaux » des pays dits en développement vers les pays dits développés. Les politiques impérialistes mettant à mal l’enseignement dans les zones touchées par les guerres et les crises, et la mondialisation pousse à la concentration des étudiant.e.s dans les universités des pays riches. Dans le même temps ces derniers sélectionnent les étudiant.e.s étranger.e.s à admettre sur leur territoire. Ainsi si la France accueille plus de 220.000 étudiant.e.s étranger.e.s, des barrières à l'accès et la réussite sont encore en place, du fait de mesures d'exception explicitement discriminantes. Le système Campus France, en plus d’exercer une sélection sociale supplémentaire, opère une véritable sélection politique en accord avec les états d’origine. De plus, nombre d'étudiant.e.s étranger.e.s connaissent régulièrement des problèmes de retard dans le versement des bourses de leur pays d'origine, ce qui les plonge dans une précarité encore plus grande. Nous luttons avec les étudiant.e.s étranger.e.s et leurs associations pour améliorer leurs conditions de vie et d’étude, et obtenir une égalité des droits réelle. Dans ce combat nous travaillons avec respect pour nos partenaires, sans les invisibiliser ni parler à leur place. Pour en finir avec l’arbitraire préfectoral quant au non-renouvellement des visas, nous exigeons que la carte d'étudiant.e équivale automatiquement à une carte de séjour pluriannuelle. Nous exigeons l’abolition du Décret du 6 septembre 2011, la révision du système Campus France, l’égalité des droits au redoublement et à la réorientation, et l’extension des aides sociales aux étranger.e.s. En fait, nous luttons pour que tou.te.s ceux et celles qui le souhaitent puissent étudier là où ils/elles le veulent, sans avoir à justifier d’un engagement politique « conforme » ni d’un capital économique minimum. Le salaire étudiant, puisqu’il reconnaît les études effectuées sera naturellement octroyé aux étudiant.e.s étranger.e.s. Pour faciliter leur intégration et leur réussite, la mise en place de classes d’accueil et de services d’interprètes est nécessaire. L’impérialisme français a aussi une responsabilité majeure dans les crises au Moyen Orient et en Afrique de l’Ouest, conflits qui poussent des millions de personnes à émigrer. Parmi eux, nombreux.se.s sont ceux et celles qui souhaitent continuer ou reprendre des formations en France. Nos universités connaissent ainsi de plus en plus le phénomène des étudiant.e.s refugié.e.s. La reconnaissance de leurs droits, leur accueil inconditionnel en France et dans le système universitaire est un combat essentiel à mener, à coupler avec des actions de solidarité concrète telles les collectes et les dons. En Europe, 17 ans de processus de Bologne ont amené les universités au bord de la faillite, les étudiant.e.s à l’échec scolaire et les enseignant.e.s à la précarité. Les politiques européennes sont un vecteur puissant de cette évolution, qui conduit inévitablement à la hausse des frais d’inscription, à l’intervention du secteur privé et à une violente concurrence généralisée. Certaines politiques volontaristes ont multiplié les échanges universitaires en Europe et dans le monde. Coûteux, ils ne doivent pas être réservés à une minorité aisée. Dans la logique du salaire étudiant, nous exigeons une augmentation des aides à la mobilité internationale, adaptées au niveau de vie du pays d’accueil et effectives avant le départ à l’étranger. Lors des périodes de mobilité internationale, chaque étudiant.e doit continuer à bénéficier d’une couverture à 100% par la sécurité sociale. Par la même occasion dans nos relations avec nos organisations partenaires, nous devons développer un réseau international permettant l’accueil de leurs adhérent.e.s à l’UEC et inversement. A travers la CENA-FMJD, nous avons l’ambition de coordonner les forces progressistes en Europe afin de mener de concert notre combat pour de meilleures conditions d’études. Quant aux partenariats internationaux entre universités, nous portons une vision de coopération solidaire, mutuellement avantageuse et dans l’intérêt du progrès social plutôt que dans celui du capital. Nous œuvrons aussi pour que nos établissements établissent des jumelages et partenariats avec les universités des pays progressistes, ainsi que ceux dont l’ESR est mis à mal par la déstabilisation impérialiste comme la Palestine. Dans la même logique, nous soutenons partout dans le monde les luttes étudiantes pour le droit à un enseignement supérieur public et de qualité, débarrassé des logiques de sélection et de profit. Nous soutenons les étudiant.e.s opprimé.e.s pour leurs opinions politiques ou religieuses, pour leur genre ou orientation sexuelle... Par ailleurs nous sommes solidaires des luttes étudiantes ultra-marines, dans le respect de leurs organisations locales. Au-delà des luttes étudiantes, avec le MJCF et dans le cadre de la FMJD, nous sommes solidaires des peuples en lutte contre le colonialisme : en Palestine comme au Kurdistan, les étudiant.e.s participent aux combats pour l’autodétermination et subissent au quotidien la répression d’une occupation militaire. Nous soutenons aussi les peuples en lutte contre les déstabilisations impérialistes : au Brésil, où après son coup d’Etat le gouvernement usurpateur remet en cause 12 ans de progrès social ; au Venezuela, où les Etats-Unis alimentent les tentatives de renversement pour en finir avec 18 ans de souveraineté populaire ; à Cuba, où le blocus continue malgré l’apaisement récent avec les USA. Enfin, nous continuons de lutter contre l’impérialisme français en Afrique : en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso ou au Sénégal les mouvements sociaux remettent en cause l’emprise des anciens colonisateurs qui demeure. Notre soutien passe par la communication, mais aussi par l’événementiel, la solidarité concrète (collectes de fonds, voyages, information et boycott – notamment la campagne BDS sur la base de l’appel international). Enfin, dans nos cours, nous controns l’idéologie impérialiste par l’analyse marxiste des relations internationales et de la société, portant ainsi une vision décoloniale.
Alors que leur nombre grandit, les étudiant.e.s sont toujours plus nombreux à se soulever contre les réformes libérales et la casse de l’enseignement supérieur. De plus en plus, avec l’ensemble des travailleur.se.s, les futur.e.s travailleur.s.e.s qualifié.e.s du pays peuvent se tourner vers le communisme et apporter une contribution décisive au renversement de la société de classes. Mais leurs luttes sont aujourd’hui partielles, contradictoires et désorganisées ; elles trouvent devant elles résignation et découragement. Pour les organiser, leur donner conscience de la place qu’ils/elles occupent dans la lutte des classes et leur offrir une perspective politique, le travail des communistes au sein du milieu étudiant est essentiel. Pour ces raisons, le développement de l’Union des Étudiants Communistes doit être une priorité de l’action révolutionnaire.
Pour mener notre activité politique, nous nous adressons aux étudiant.e.s de notre entourage : nos camarades de promo, nos voisin.e.s de palier, nos ami.e.s… Avec le développement de cercles de proximité, nous nous adressons aux étudiant.e.s là où ils/elles se trouvent : dans les filières et UFR, dans les cités U, devant les restos U et bibliothèques… ou encore sur les réseaux sociaux. Afin de répondre à la professionnalisation croissante des études et aux nouveaux développements de la révolution numérique, un travail sans précédent est encore à entreprendre pour permettre l’arrivée à l’UEC des étudiant.e.s en filières scientifiques, en instituts professionnels (IUT, IRTS, IFSI, BTS), ou encore pour l’implantation dans les résidences étudiantes, vecteurs pour toucher l’ensemble des filières. Notre structuration dans les filières les plus exposées à l’austérité et à la précarité est essentielle. Ces filières sont majoritairement féminines : l’adhésion massive à l’UEC d’étudiantes, premières exploitées et premières dans la lutte, est donc un autre objectif prioritaire, au service duquel tout notre fonctionnement doit être repensé. En rayonnant davantage au cœur du milieu étudiant et dans ses espaces qui recèlent le plus de forces révolutionnaires, nous développerons du même coup l’analyse de notre milieu et la pertinence de nos propositions. Militant.e.s communistes, nous ne nous considérons pas comme des étudiant.e.s à part : chacun d’entre nous doit pouvoir trouver l’équilibre entre activité politique et réussite des études, notamment grâce à la solidarité collective et à l’entraide. Nous devons développer des gestes de masse (soirées, initiatives culturelles…) permettant au communisme de rayonner dans chaque aspect de nos vies d’étudiant.e.s. En revanche, chaque étudiant.e communiste est aussi un.e militant.e de tous les instants. Dans les luttes auxquelles nous participons, dans nos engagements divers, dans notre vie quotidienne, nous faisons rayonner l’UEC. Nous voulons rassembler les forces de progrès social sur nos campus, leur offrir les victoires dont elles ont tant besoin, face aux régressions gouvernementales et aux attaques du patronat. De fait, nous sommes aussi les adversaires les plus déterminé.e.s des réactionnaires et fascistes de tous bords. En tant qu’organisation communiste, notre rôle est de tirer vers le haut tout le mouvement étudiant (syndicats, associations, étudiant.e.s mobilisé.e.s…) en lui offrant des perspectives politiques. A travers un dialogue respectueux entretenu avec nos partenaires, nous voulons réaliser l’unité de notre milieu, sur des bases progressistes. Pour cela nous portons notre projet politique à travers des propositions d’avant-garde, inscrites dans le long terme, qui donnent à l’UEC son caractère révolutionnaire. Dans notre militantisme quotidien, nous voulons refléter le projet politique que nous portons : pour les marxistes que nous sommes théorie et pratique s’entremêlent. Être étudiant.e communiste, c’est vouloir dépasser, par la camaraderie et la discipline collective, toutes les formes d’oppression (dans les temps militants comme informels) ; c’est permettre à chacun.e de s’impliquer et de s’émanciper à l’UEC. C’est pourquoi tous les moyens disponibles doivent être mis en œuvre pour que les femmes n’aient pas à subir les actes et pratiques sexistes. Nos formations comme notre politique de cadres doivent être au service de notre projet : la construction d’une organisation en phase avec son milieu. De fait, l’intégration des camarades femmes, y compris à tous niveaux de responsabilité, est essentielle si nous voulons tendre à organiser les étudiants les plus exposés aux contradictions du capitalisme contemporain : les étudiantes. Cette politique féministe dans l’UEC ne peut se développer qu’en formant des hommes féministes, alliés dans la lutte d’émancipation de leurs camarades femmes et conscients qu’ils doivent abandonner leurs intérêts patriarcaux immédiats. Enfin dans nos luttes nous ne sommes pas seul.e.s : branche étudiante du MJCF, l’UEC fait converger ses combats avec ceux des lycéen.ne.s, des jeunes travailleur.se.s ; les étudiant.e.s d’aujourd’hui étant d’ailleurs les jeunes diplômé.e.s de demain. Plus largement, conscient.e.s que la prise de pouvoir populaire que nous appelons de nos vœux ne sera pas principalement l’œuvre des étudiant.e.s, nous nourrissons un travail commun avec le Parti Communiste Français. |
Perspective COMMUNISTE
Perspective communiste
[Fr] Perspective communiste, blog francophone ayant pour vocation le partage d’informations nationales et internationales. De proposer des analyses marxistes de l’actualité et du débat d’idée. Ainsi que de parler de l’actualité du Parti Communiste Français et du Mouvement des Jeunes Communistes de France.
[Cat] Perspectiva comunista, bloc francòfon dedicat a compartir informació nacional i internacional. Oferir anàlisis marxistes d’actualitat i debat d’idees. A més de parlar de les notícies del Partit Comunista Francès i del Moviment de Joves Comunistes de França. [Esp] Perspectiva comunista, blog francófono dedicado a compartir información nacional e internacional. Ofrecer análisis marxistas de los asuntos actuales y el debate de ideas. Además de hablar sobre las noticias del Partido Comunista Francés y el Movimiento de Jóvenes Comunistas de Francia. [Eng] Communist perspective, French-speaking blog dedicated to sharing national and international informations. To offer Marxist analyzes of current affairs and the debate of ideas. As well as talking about the news of the French Communist Party and the Movement of Young Communists of France. [All] Kommunistische Perspektive, französischsprachiger Blog zum Austausch nationaler und internationaler Informationen. Marxistische Analysen der aktuellen Angelegenheiten und der Debatte über Ideen anbieten. Sowie über die Nachrichten der Kommunistischen Partei Frankreichs und die Bewegung der jungen Kommunisten Frankreichs. [RUS] Коммунистическая перспектива, франкоязычный блог, посвященный обмену национальной и международной информацией. Предложить марксистские анализы текущих дел и дебаты идей. А также говорить о новостях французской коммунистической партии и движения молодых коммунистов Франции.
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Perspective communiste, blog ayant pour vocation le partage d’informations nationales et internationales. De proposer des analyses marxistes de l’actualité et du débat d’idée.
Ainsi que des fils d’actualité en on, comme en off, du PCF et du MJCF |