L'insurrection de Petrograd prend de l'ampleur. Les centaines de milliers de manifestants détruisent le siège de la police secrète du Tsar, l'Okhrana et libèrent les prisonniers politiques. Les forces militaires restées fidèles au Tsar sont écrasées, subissent de lourdes pertes et doivent abandonner le contrôle de la majeur partie de la ville.

La Douma (Parlement russe sans réel pouvoir correspondant à l'Assemblée nationale) a été suspendue par le Tsar le 11 mars (26 février) 1917. Les députés, majoritairement "octobristes" (en référence à la révolution d'octobre 1905 - Libéraux bourgeois), découvrent qu'ils ont été dissout, ils acceptent de ne rien faire, et de fait perdent l’initiative politique au profit du Soviet des ouvriers et des soldats qui vient de se créer à Petrograd.

Le Soviet des députés ouvriers et des délégués des soldats de Petrograd

La réponse politique arrive à l'insurrection commence à se structurer. Un soviet (conseil) est crée, par des militants révolutionnaires, pour fédérer les ouvriers et les soldats. Dans l'après-midi du 12 mars (27 février) 1917, 250 militants politiques issues du POSDR (faction bolchevique, et menchevique avec le géorgien Nicolas Tchkhéidzé), et du Parti socialiste-révolutionnaire (avec Alexandre Kerenski) constituent un Comité exécutif provisoire (Ispolkom).

Réuni au Palais de Tauride (siège de la Douma, ce comité décide de la création d'un journal, les Izvestia (qui existe toujours aujourd'hui - ndlr), et appelle les ouvriers et les soldats de la garnison à élire leurs représentants. C'est l'acte de naissance du Soviet de Petrograd, une assemblée de six cents représentants des ouvriers et des soldats.

Ce premier Soviet sera dirigé par un comité exécutif composé de onze révolutionnaires et présidé par le menchevique Nicolas Tchkhéidzé.

Le 13 mars (28 février) 1917, les usines et certaines unités militaires élisent leurs délégués. Les premiers élus sont plutôt des socialistes modérés, les bolcheviques et les socialistes-révolutionnaires obtiennent moins de 10% des voix. Un certain chaos règne dans ces réunions, mais une envie de politique se développe.

La Révolution d'étend à Moscou

À Moscou, les nouvelles de Petrograd déclenchent une grève générale et provoquent l'élection d'un Comité révolutionnaire provisoire. Moscou, moins marquée par la présence de forces révolutionnaires, connait cependant le 12 mars (27 février) 1917, des grèves dans les usines de la ville, suivies de manifestations.

Les officiers de la garnison de Moscou tentent de mobiliser les soldats pour réprimer le mouvement. Mais, vers deux heures de l'après-midi, de nombreux soldats, appartenant à divers régiments, se présentèrent devant la Douma municipale et rejoignent la révolution. Le lendemain, les grèvistes et les soldats mutinés, conduit par le bolchevique Mouralov de la compagnie automobile, s'emparent de la station TSF (radio) et d'autres postes stratégiques de la ville.

Les prisons s’ouvrent, les prisonniers politiques sont délivrés. Le révolutionnaire bolchevique Felix Dzerjinski (à peine sorti de prison) prend la parole dans l'enceinte de la Douma où le Soviet était déjà en formation.

La Douma, suspendue, forme un Comité provisoire pour « le rétablissement de l'ordre gouvernemental et public »

Parallèlement à la constitution de ce soviet, se met en place un autre organe de pouvoir. Un groupe de députés de la Douma forme, le même jour, un Comité provisoire pour « le rétablissement de l'ordre gouvernemental et public », ce comité est présidé par l'octobriste conservateur, Mikhaïl Rodzianko.

Pour ce comité, la priorité est au retour à l'ordre, le retour des soldats mutinés dans leurs baraquements, et le retour du Tsar avec la constitution d'un gouvernement d'union nationale issue de la Douma.

Un double pouvoir est crée en Russie, d'un côté une assemblée délégitimée, sans pouvoir, majoritairement bourgeoise et libérale, de l'autre un Soviet, ouvrier, militaire, certes encore modéré, mais populaire et cœur politique de la révolution.