Seule initiative totalement nouvelle, innovante, unitaire, elle est au service de chacune et de chacun pour faire sauter les verrous de l'impuissance ou ceux des ultralibéraux ou des sociaux-libéraux européens qui aujourd'hui méprisent et étouffent la voix des peuples.
L'utilisation du vote Front de gauche est d'autant plus utile, efficace, impérieuse même, quand on sait qu'il se prépare, pour les lendemains du 7 juin, sur injonction des autorités européennes, des décisions extrêmement négatives, accentuant encore le cours régressif, antisocial, antidémocratique des politiques actuelles.
Ces projets sont cachés au peuple. C'est ce qui explique d'ailleurs le refus d'organiser de vrais débats contradictoires dans les radios et les télévisions. C'est ce qui explique le black-out envers les têtes de liste du Front de gauche. Prenons quelques exemples inquiétants.
La Commission européenne, elle-même, prévoit 9 millions de salariés supplémentaires au chômage dans l'Union européenne, dans les mois à venir. C'est dire si elle croit beaucoup à cette Europe prétendument protectrice !
Pour combler les déficits creusés par les cadeaux fiscaux aux plus riches et les milliards d'euros déversés sans contrôle dans le système bancaire, il se discute, en ce moment même, dans des conseils interministériels à l'Élysée, l'idée d'imposer une nouvelle vignette automobile et des augmentations de TVA pour se mettre en conformité avec une recommandation du Conseil européen au gouvernement français daté du 28 avril dernier dans laquelle on peut lire : « Des efforts supplémentaires sont nécessaires pour améliorer l'assainissement budgétaire. » Ce document, que le pouvoir et sa presse gardent bien secret, demande aussi de respecter scrupuleusement « l'objectif d'encadrement des coûts, annoncé par le gouvernement, à savoir une croissance zéro en volume des dépenses publiques ».
C'est au nom de cela que sera accélérée encore la diminution du nombre de salariés à l'hôpital, à l'école et à l'université, dans les transports publics et dans tous les secteurs publics. C'est en quelque sorte la RGPP au carré.
Au nom de cette orientation, il est envisagé de diminuer la retraite des mères de famille, de réduire encore les moyens pour la recherche, d'opérer de nouvelles hausses de tarifs publics, d'étrangler encore plus les collectivités locales et de procéder à de nouvelles privatisations, dont celle de La Poste, vraisemblablement à l'automne prochain.
Sans retenir aucune leçon des drames provoqués par la libéralisation du transport au Royaume-Uni, et l'accident de train entre Paris et Bordeaux qui aurait pu être dramatique, la semaine dernière, où un train privé a touché deux trains de la SNCF, ce document européen appelle instamment à « renforcer la concurrence dans l'énergie, dans le fret ferroviaire ainsi que dans les professions réglementées ».
La recommandation bruxelloise appelle à faire exploser totalement le Code du travail, à supprimer le contrat de travail à durée indéterminée. Elle enjoint, en effet, de créer « le cadre d'une stratégie intégrée en matière de flexicurité, pour adapter (l'emploi...) aux besoins du marché du travail ». Une première traduction législative est en cours avec la loi en discussion sur la création de sociétés de prêts de main-d'oeuvre comme au plus beau temps de l'esclavage. La diversité culturelle et l'exception culturelle sont plus menacées que jamais avec l'intégration de la création culturelle dans les accords commerciaux de l'Organisation mondiale du commerce, à l'opposé de la convention de l'UNESCO sur la diversité culturelle.
Et les agriculteurs risquent demain de subir les effets désastreux du démantèlement total de la politique agricole commune. La crise du lait n'en est qu'un prémisse. Elle est le résultat de la libéralisation totale des quotas laitiers et l'alignement des prix sur les cours mondiaux, décidés sous la présidence française Sarkozy-Barnier de l'Union européenne.
Voilà ce qui est caché à nos concitoyens et aux peuples européens.
Il faut donc, dans les prochains jours, démasquer tous ceux qui font profession d'expliquer que l'Europe ultralibérale serait éloignée des citoyens. Elle est si proche, si dure et si violente qu'elle aggravera encore la vie de chacune et de chacun, attaquera plus nos services publics,
détruira de plus en plus le travail,
réduira les moyens pour le développement des capacités humaines comme pour l'éducation, la santé la culture, la recherche ou les moyens dont disposent les communes.
Ajoutons que ceux qui crient si fort sur les estrades et les plateaux de télévision, sans contradicteur véritable, « Europe, Europe, Europe », cachent qu'ils tentent en fait de construire non pas une Europe des peuples européens, mais une Europe américaine avec le vote qui s'est tenu au Parlement européen, le 26 mars dernier, tous groupes confondus à la seule exception de la Gauche unitaire européenne, présidée par Francis Wurtz. Ce vote portait sur la création d'un projet baptisé « Marché transatlantique intégré » qui prévoit une harmonisation progressive des réglementations et la reconnaissance mutuelle des règles en vigueur des deux côtés de l'Atlantique. Autrement dit, le traité de Lisbonne est le faux nez pour faire appliquer le droit américain à tous les citoyens européens.
Il y a donc danger pour l'après-7 juin. Ne laissons pas faire ! Au-delà de leurs opinions, de leurs votes antérieurs, de leurs réflexions pour d'autres élections à venir, tous les progressistes ont intérêt à s'unir par-delà leurs différences, avec le Front unitaire de la gauche. Ce sera le seul moyen efficace, utile pour empêcher ces mauvais coups en préparation, puisque nombre de ces projets ont été approuvés par l'ensemble des forces politiques dans l'enceinte du Parlement européen, du Conseil européen ou de la Commission européenne elle-même.
L'utilisation du vote pour le Front unitaire de la gauche permettra de construire un nouveau rapport de forces avec des élus qui disent ce qu'ils font et font ce qu'ils disent. Mieux, ils se placeront sous le contrôle permanent des salariés, des jeunes et de tous les citoyens.
Dimanche prochain, c'est donc l'occasion de refuser sans ambiguïté les coups qui se préparent contre nos vies. C'est aussi le moyen de donner à l'Europe un sens nouveau, afin de porter au fronton de l'Europe des peuples un nouveau contrat social, solidaire, écologique et de paix.