Quel bilan dressez-vous du dernier mandat présidentiel d’Hugo Chavez ?

Carolus Wimmer. Les avancées les plus conséquentes ont été les missions sociales dans les domaines de l’éducation, la santé, la culture et désormais le logement. Hier encore, dans ce pays, les besoins basiques n’étaient pas assurés. En treize ans, ce qui est bien peu dans l’histoire, les politiques gouvernementales ont permis d’importantes réalisations. Mais, et c’est important de le relever, elles ont été concrétisées avec la participation de la population. Il ne s’agit pas d’une politique paternaliste d’un État pétrolier mais d’une démocratie participative. Bien sûr, nous sommes loin de la perfection. Mais nous avons gagné le pari des politiques sociales. Les lois organiques, comme celle des travailleurs, nous permettent d’avancer dans notre lutte pour la libération nationale. C’est pourquoi nous défendons ces politiques et l’élection de Chavez. Car l’opposition de droite éliminerait tous les bénéfices sociaux, les droits démocratiques qui ont été acquis par le peuple vénézuélien.

Au plan économique, le Venezuela peine à se dégager du modèle d’État rentier et de la dépendance à l’égard de ces importations. Pourquoi ?

Carolus Wimmer. Nous ne sommes pas dans un processus parfait. Nous évoluons toujours dans le système capitaliste et avec des dépendances mais nous travaillons à construire une nouvelle économie en diversifiant la production des industries de base, et notamment de l’industrie pétrolière. Pour nous, les relations multipolaires sont essentielles. Elles permettent de nous extraire des relations de dépendance. Les contrats et les traités que nous signons désormais ont pour objectif le bénéfice mutuel. L’intégration latino-américaine est un succès. Pour la première fois, l’Amérique latine, à travers l’Union des nations sud-américaines (Unasur) et le Mercosur (marché du cône sud) que le Venezuela vient d’intégrer, coopère sur le champ économique, mais également scientifique, industriel...

Quels sont les principaux axes du programme 2013-2019 d’Hugo Chavez ?

Carolus Wimmer. Les axes fondamentaux restent la lutte pour l’indépendance politique et économique. Nous travaillons également au développement industriel et agricole. Mais avec une vision qui nous est propre : il ne s’agit pas de construire un capitalisme à la vénézuélienne mais que les nouvelles industries gérées par l’État soient placées sous le contrôle des salariés. Nous sommes toujours dans une lutte de classes. Il y a des résistances de la part de l’ordre ancien mais également des couches moyennes et de la bourgeoisie. Le pouvoir populaire doit encore se développer.

Entretien réalisé par 
Cathy Ceïbe
http://www.humanite.fr/monde/carolus-wimmer-au-venezuela-la-lutte-des-classes-continue-505540