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Vie du PCF et du MJCF

Vendredi 31 Mars 2006

Rapport Brigitte Dionnet
Conseil National du 31 mars 2006


Nous avons fini notre congrès sur le rythme du tous ensemble, mais surtout dans le bonheur d’être ensemble et d’avoir construit, ensemble, quelque chose de fort et de grand.
Et ce quelque chose, ce n’est pas rien : c’est une politique pour redonner un espoir à notre peuple, pour lui donner confiance en lui, confiance en sa capacité à faire bouger les choses.
Parce que notre congrès c’est d’abord cette ambition. Pour notre parti et pour notre pays. L’ambition enfin retrouvée de voir grand, de voir beau, d’avoir le droit à l’audace.
Celle de penser le vrai changement possible. Celle de se sentir acteur déterminant pour y parvenir. Celle d’écrire une page d’histoire décisive pour l’émancipation humaine.
Oui, au lendemain de ce congrès, nous nous sentons capables de soulever des montagnes.
Et nous avons envie de croire à ce que nous disons, à ce que nous voulons.
Nous sortons, les communistes sortent fiers de ce congrès.
Fiers de ce qu’ils et elles ont été capables de construire ensemble, et confiant-e-s en leur parti, en leurs idées.

Je ne vous propose donc pas ici de refaire le débat mené à des milliers de voix depuis octobre mais de commencer à réfléchir à la mise en œuvre des décisions qu’il a produites.
Pour l’action et la résistance à la droite, la construction de l’alternative politique avec les dispositions à prendre pour mettre en mouvement notre parti dans cet objectif.

Le libéralisme est contesté majoritairement par notre peuple.

Nous avons ouvert notre congrès en participant à une manifestation pour le retrait du CPE, nous ouvrons aujourd’hui notre CN par la nécessité de poursuivre et d’amplifier l’action jusqu’au retrait.
Le gouvernement a le pays à dos mais il s’acharne à vouloir imposer ce CPE que seul le MEDEF réclame. A l’exigence démocratique du peuple et de la jeunesse, il répond par la répression !
C’est inadmissible, et nous ne l’admettons pas.
Nous allons poursuivre l’action aux côtés des jeunes, des salariés, et nous allons continuer aussi à prendre des initiatives pour aider au développement de l’action sous diverses formes.
Par exemple, dans le Nord, le Conseil départemental a décidé que les élus et militants organiseraient une protection citoyenne tous les jours, dans tous les lycées pour protéger les lycéens des violences policières. Ce qui a débuté dès hier matin avec le soutien d’un tract.
Ou encore, en Seine Saint Denis, les communistes du département ont décidé de participer à l’initiative de débats prise par le collectif 93 tous les matins sur l’esplanade de la Préfecture.
Ce matin, à l’Assemblée nationale, Marie George participe à la conférence de presse des premiers responsables des 11 partis de gauche membres du collectif « Riposte » mis en place à la rencontre du 8 février.
Bref, il s’agit de multiplier initiatives et propositions, pour apporter une pierre décisive à l’amplification de la mobilisation, avec l’objectif de la faire gagner.

Cette lutte est significative à plusieurs égards.
Par les exigences exprimées par ses actrices et ses acteurs.
Les jeunes sont déterminés. Ils sont mobilisés massivement, pointent les responsables. J’ai été frappée par les propos de cette étudiante de Toulouse au journal télévisé affirmant, après la manifestation de mardi dernier : « Villepin ne veut toujours pas nous écouter ? Pourtant à chaque manif nous sommes toujours plus nombreux ! A trois millions il dit toujours NON, eh bien nous irons aux 10 millions et plus s’il faut pour qu’il cède ! ».
Le rassemblement s’opère contre la précarité symbole d’une gestion libérale de l’emploi.
Le retour à la politique s’opère sur ce qu’elle devrait être tout le temps : le débat sur les grands choix à faire pour la société.
N’est-ce pas à rapprocher du sondage paru dans le journal le Monde (27/3) où 69 % des sondés déclarent que les hommes politiques ne « se préoccupent pas de gens comme eux » et où 53 % pensent que la démocratie ne fonctionne « pas très bien » ou « pas bien du tout ».

Cette lutte est aussi signification de la dimension durable de la contestation du libéralisme qu’elle porte. De nombreux observateurs de la vie politique l’ont repérée.
Par exemple, Le Figaro déplorait le 25/3, à partir de l’étude de l’Université du Maryland, que « seulement un tiers de nos concitoyens considère l’économie de marché comme le meilleur moyen d’assurer la prospérité » !
Et Le Monde notait que 63 % des sondés désapprouvaient la décision de Villepin de maintenir le CPE alors qu’ils n’étaient que 53 % en 95 contre le plan Juppé.

Ainsi, nous vérifions que le 29 mai n’était ni un accident de l’histoire ni non plus un magma politique informe au contenu non identifié : ce qui se passe autour du CPE montre que le Non majoritaire au référendum s’est inscrit dans un mouvement de fond du mouvement populaire depuis 1995 : celui de la contestation durable des choix libéraux. Celui d’un peuple qui reprend confiance en lui et qui ose espérer un autre avenir que celui inscrit dans les clous de la logique libérale du capitalisme.
La possibilité d’un rassemblement majoritaire sur un projet au contenu antilibéral n’est donc pas seulement souhaitable, elle est aujourd’hui possible, inscrite dans cette réalité.


Notre Conseil national a un mandat précis : mettre en œuvre les décisions du congrès, celles que les communistes ont choisies.
Le congrès, ce ne sont pas seulement les 4 jours du Bourget. C’est tout le processus d’échanges, de débats, de confrontations entre communistes, et entre eux et la société.
Ce sont les réunions, le vote pour choisir une base commune, les contributions individuelles et collectives.
C’est leur ancrage dans la vie, le rapport à leur activité militante avec l’apport, pour leur réflexion, de celles et ceux qu’ils ont rencontrés.
Le congrès, c’est un choix clair et une feuille de route pour la direction que nous sommes.
La clarté de ce choix était un besoin pour les communistes et pour le peuple, pour savoir où les communistes voulaient aller et comment.
Sa cohérence s’est construite grâce à la diversité des opinions exprimées. Nous avons pu constater, non seulement que cette diversité n’était pas un handicap pour nos débats, mais qu’elle les enrichissait et surtout qu’elle nous aidait à les approfondir par la confrontation des points de vue lorsqu’ils se sont exprimés. Il va sans dire que cela n’a rien à voir avec la gesticulation, les propos ou actes violents et le recours aux tribunaux de certains. Au contraire, nous avons expérimenté ensemble le pluralisme de droit dans notre parti et nous nous en portons plutôt bien, je crois.
Nous avons désormais une visée et une stratégie en osmose : nous sommes de nouveau sur nos pieds en réfléchissant l’actualité, les échéances électorales, les alliances à opérer à l’aune de notre ambition communiste, de notre choix commun de nous inscrire dans une vision révolutionnaire du changement de la société. Et ce, en fonction d’une prise de parti décisive : celle du peuple contre les tenants du capitalisme.
Notre programme – dont le contenu a pour le moins passionné les communistes, et pas seulement au Bourget - nous permet de verser des propositions au débat populaire pour qu’il soit à la hauteur des exigences et des solutions à apporter. Propositions à faire vivre dans des luttes comme autant de pistes pour changer la vie.
Enfin, nous savons pourquoi et comment nous voulons nous organiser dans notre parti, à quoi nous voulons servir pour et dans la société.
Maintenant, il nous faut investir, sans délai d’état de grâce, les jours, semaines et mois qui viennent pour se donner les moyens de réussir.

Urgence dans la riposte en premier lieu.
Je ne reviens pas ici sur le CPE, j’en ai parlé.
Je voudrais pointer ici quelques axes de luttes indispensables sans bien sûr qu’ils soient exhaustifs.
Au moment où s’ouvrait notre congrès, le Conseil européen de printemps démarrait lui aussi. Pour fixer les grandes orientations de la politique européenne sur la base de la « stratégie de Lisbonne » mise en route en l’an 2000.
Celle des 68 millions de pauvres !
Celle que le Conseil veut accélérer en répondant aux injonctions de la commission lui demandant de « passer à la vitesse "supérieure" pour « améliorer l’attractivité de l’Europe aux yeux des milieux d’affaires » et « veiller à l’existence d’une véritable concurrence dans les services »….
Autant dire que l’action pour faire respecter le verdict des urnes contre le TCE ou celle contre la directive Bolkestein relookée méritent de ne pas se relâcher pour y faire échec.
Nous avons dénoncé au congrès les plans de licenciements, les 87.500 emplois industriels détruits en 2005, les 20.000 personnes exclues de l’emploi par la réforme du statut des intermittents du spectacle, le nombre de chômeurs exorbitants de 4,5 millions. Il existe désormais un « Réseau d’action pour sécuriser l’emploi » (RAPSE) afin d’aider à organiser l’action sur l’emploi dans les régions et converger vers une mobilisation nationale. Il s’agit maintenant de faire vivre avec son aide une immense chaîne humaine d'élus, de militants politiques, de syndicalistes, de salariés, de citoyennes et de citoyens pour marquer des points tout de suite et faire grandir des propositions alternatives. Pour chaque entreprise où des emplois seraient menacés, et par exemple, pour mener campagne en faveur de Fonds régionaux pour l’emploi et la formation (FREF) et mettre en place des commissions régionales de contrôle des fonds publics versés aux entreprises.
De nombreux élus communistes prennent actuellement des arrêtés anti-expulsions. Partout nous pouvons formuler une telle exigence et la faire se réaliser. De même, continuons à faire grandir celle d’un grand service public national de l’habitat en préparant, après ceux de Bobigny, les troisièmes états généraux sur cette question.
Philippe Merieu, directeur de l’IUFM de Lyon, ne veut pas être reconduit dans ses fonctions car il se sent « trop en désaccord avec les décisions prises dans le secteur éducatif ». Il n’y a pas que lui ! Ce que fait et prévoit le gouvernement sur l’école a de quoi inquiéter nombre de jeunes, de parents, d’enseignants.
Pour faire grandir la riposte à cette politique et construire un vrai projet d’avenir pour l’école, nous tenons une rencontre nationale le 2 mai à Nanterre. Avec la participation des syndicats enseignants, lycéens, de la FCPE, de toutes les forces de gauche à l’exception des Verts, pour construire ensemble la riposte et l’alternative.
Chaque jour, cette semaine dans l’Huma, comme elle l’a fait au congrès, Fouzia ELHAOUARI , notre camarade d’Orange, interpelle le gouvernement sur son droit à être une Française à part entière. Dimanche à Saint Denis, après Stains ou La Courneuve et de nombreuses villes disposant d’un maire communiste, c’est par référendum que la population a demandé le droit pour les résidents étrangers d’être des citoyens à part entière. Et c’est en permanence que nous sommes bien décidés à être à leur côtés dans cet objectif et pour refuser l’immigration triée comme voudrait l’imposer la nouvelle loi.
Enfin, nous avons à organiser, le 3 mai, une grande journée nationale de diffusion de nos propositions aux portes de tous les grands médias pour une appropriation populaire des médias.

Dans le même mouvement, il y a urgence à construire l’union populaire, le rassemblement majoritaire antilibéral pour réussir à gauche et changer la vie.
Nous avons maintenant une stratégie claire, articulée autour d’une ambition non moins claire :
Celle de créer les conditions pour faire gagner durablement la gauche, en nous mettant au service du peuple de gauche, pour qu’il maîtrise de bout en bout le contenu de la politique à mettre en œuvre, les conditions de son exercice et le choix des hommes et des femmes pour porter l’ensemble.
Nous devons maintenant nous atteler à faire réussir cette ambition.
D’ici 2007, nous avons plus de temps que nous n’en avions pour rendre le NON de gauche au TCE majoritaire et le faire gagner. Il nous faut donc occuper ce temps sans attendre pour réussir.
Notre meilleur atout est notre démarche, celle expérimentée pour le référendum. Se fixer un objectif de haut niveau et travailler au rassemblement pour l’atteindre. Ce que nous avons gagné le 29 mai, nous pouvons le gagner pour battre la droite et réussir à gauche en 2007.
Notre offre politique, comme pour le référendum, bouscule les schémas préétablis, vise à faire éclater le bipartisme et l’alternance à l’anglaise que l’on voudrait nous imposer.
Il s’agit maintenant de nous déployer pour la faire connaître et la mettre en débat.

Je la répète :
« que les femmes, les hommes, les forces politiques, sociales, citoyennes qui auront choisi - dans le débat et l’action- de travailler à une union populaire autour d’un projet de profonde transformation sociale, le portent ensemble devant le suffrage universel lors des échéances à venir ».

Nous avons retenu l’idée d’un rendez vous d’étape dans cette construction le 29 mai prochain.
Voilà un rendez-vous qui peut marquer de nouveau un point pour le mouvement populaire. Pour débloquer la situation, il serait souhaitable d’arriver, d’ici là, à permettre que tous ceux et celles qui, à gauche, veulent que la dynamique antilibérale prenne force jusque dans les urnes, tirent ensemble le bilan de leurs rencontres, dessinent un programme antilibéral et regardent comment donner concrètement toutes ses chances à ce programme, pour qu’il ne reste pas lettre morte.
Un rendez-vous où nous livrerions notre proposition politique concernant les candidatures.

Nous avons de nombreux vecteurs pour y arriver, et un atout maître : cette offre politique rappelée par Marie George dans son appel lancé à la fin du congrès.
Que dit-il ?
« La question de 2007, n'est pas de savoir comment se dénoueront les chocs des ego présidentiels, mais plutôt : sera-t-il possible, cette fois-ci, d'élire une politique qui change vraiment la vie (...). Pour réussir, ensemble, nous avons besoin de tous. Je m'adresse à vous, parce que sans vous, cela risquerait fort de ne pas se faire et surtout, cela n'aurait pas de sens. La politique, la gauche, doivent être votre propriété (…). Construisons ensemble un programme à partir des luttes, du bouillonnement de débats qui se fait jour depuis près d'un an. Et construisons ensemble, pour les législatives et la présidentielle, des candidatures capables de porter ce programme, capables d'incarner ce rassemblement dans sa diversité de forces politiques et sociales et de personnalités. Pour la présidentielle, qui empoisonne la vie politique, nous proposons qu'un homme ou une femme issu de notre parti puisse incarner cela, à la façon dont nous l'avons fait lors de la campagne du référendum : en garantissant la place de chacune et chacun, en travaillant à une nouvelle victoire partagée. Il faut en débattre et lever les blocages.»
Cet appel va être édité en tract et sur une affiche.
Il s’agit de le faire vivre, de le faire circuler au plus profond de notre peuple, parmi toutes celles et tous ceux qui ont intérêt à y répondre.
Parmi celles et ceux qui luttent, et je pense bien sûr à cette foule immense mobilisée autour du CPE, à tous ces jeunes mobilisés pour leur présent, leur avenir mais aussi celui de la société.
Dans toutes les actions que nous allons mener et dont j’ai parlé plus haut : l’emploi, le logement, les discriminations. Mais aussi dans les rencontres publiques départementales organisées avec les forces de gauche suite à la rencontre du 8 février.
Faisons-le largement circuler.
Au niveau national, mais surtout dans nos localités, entreprises, départements. En développant, au plus près des hommes et des femmes qui souffrent le plus du libéralisme, les espaces pour qu’ils et elles participent à cette construction. Pour débattre, dans la proximité, avec le plus grand nombre, des options sur les choix à opérer et les personnes qu’ils et elles souhaitent voir les représenter dans les institutions.
Adressons-nous aux hommes et femmes engagés dans des associations, syndicats, forces politiques, citoyens et citoyennes, aux élus, à celles et ceux que nous avons rencontré et avec qui nous continuons de militer dans les collectifs du 29 mai.
Livrons notre proposition partout où nous sommes. Par exemple lorsque nous participons dans de nombreux endroits à l’élaboration de la charte antilibérale qui devra être versée, comme notre programme, au pot commun de l’élaboration politique alternative.
Dans les forums que nous allons organiser.
Prenons les dispositions pour le faire connaître et circuler au plus profond de notre peuple, de celles et ceux qui ont besoin de cette alternative à gauche antilibérale. Nous pourrions décider d’organiser des grandes journées nationales de distribution de cet appel – avec la présence de membres du Conseil national, d’élus marquants de nos villes, départements et régions. En nous fixant l’objectif d’être suffisamment nombreux pour couvrir en une journée toutes les entreprises, gares, marchés et quartiers populaires d’une ville. Et donc en organisant la présence d’un maximum d’adhérentes et d’adhérents dans cet objectif.
En organisant partout des conférences de presse pour faire connaître l’appel et la date de la journée décidée.
ù

Tous les adhérents du fichier Transparence vont recevoir le numéro spécial de « CommunisteS » paru dans l’Huma d’hier.
Un « Transparence » spécial – moins volumineux que les derniers !!! – leur parviendra prochainement avec notre feuille de route.
Cela ne nous dispense pas, au contraire, d’organiser et multiplier les compte rendus de congrès très rapidement. Les communistes ont participé à élaborer les choix de leur congrès, la démocratie exige de leur faire connaître l’aboutissement de ce processus : ce devrait être le premier acte de leurs responsables à tous les niveaux.
Par ailleurs, il nous faudrait tenir dans chaque région les conférences régionales comme le prévoient nos statuts. Cela pourrait se faire de la mi-mai à la mi-juin.
Un dernier mot enfin.
Nos choix de congrès sont attrayants, mobilisateurs pour qui veut changer la vie, changer le monde. Nous avons pu le constater par l’accueil réservé à Marie George par les jeunes dans les manifs. C’est très souvent qu’ils lui demandent de continuer, voire qu’ils lui lancent des merci. N’est-ce pas un formidable appel à engager une grande campagne de renforcement pour faire connaître nos choix, inviter à les mettre en œuvre mais surtout permettre à plus de jeunes, plus de femmes et d’hommes, de donner de la force à leur engagement en s’organisant dans le PCF.

voir la déclaration finale de Marie George Buffet ( cliquez ici)

Nicolas Maury
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